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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie

L’histoire de ce prince qui va quémander au loin sa couronne nous paraît étrange. Pour comprendre l’allusion, il faut savoir qu’elle s’applique directement à Archélaüs, un des fils d’Hérode, qui devait hériter du territoire de Judée et de la royauté. Ce titre ne pouvait cependant lui être concédé que par l’empereur romain Auguste. Comme Archélaüs était haï par ses concitoyens en raison de sa cruauté, Rome ne lui reconnut que le titre d’ethnarque. S’appuyant sur cet épisode bien connu de ses auditeurs, Jésus veut leur faire comprendre que lui aussi reviendra vers eux, après un mystérieux voyage « dans un pays lointain », au cours duquel il sera intronisé.
Il faudra sans doute attendre la lumière de la Résurrection pour que ses interlocuteurs comprennent qu’il leur parlait de son passage vers le Père à travers l’éloignement momentané de la mort, d’où il reviendra dans la gloire. Investi des pouvoirs royaux, il jugera les vivants et les morts et remettra à chacun ce qui lui est dû en fonction de son comportement durant son absence, comme le suggère la suite de la parabole.
Les deux premiers serviteurs se sont généreusement mis au travail, pour faire fructifier l’argent qui leur avait été confié. Ils présentent fièrement le fruit de leurs efforts, sans toutefois s’en attribuer le mérite : ce sont les « pièces d’or » qui ont fructifié et en ont apporté d’autres. Certes il leur a fallu se mettre généreusement au service des dons de Dieu - pardon du Maître - mais ils sont conscients qu’ils n’auraient rien pu faire sans la confiance de celui qui leur avait distribué ses biens. Il est remarquable qu’ils ne remettent pas le fruit de leur travail : ils se contentent de présenter au « Seigneur » la pièce confiée, enrichie de ce qu’elle a rapporté. Et de fait le Maître non seulement ne la leur réclame pas, mais il leur donne « autorité » sur de bien plus grands biens.
Ces serviteurs ont manifesté leur fidélité en ne changeant rien à leur attitude au moment du départ de leur Maître. Ils lui demeurent étroitement unis par la confiance qu’il leur a faite ; et leur réponse consiste à se montrer digne de cette élection en se mettant généreusement au travail pour faire fructifier le dépôt confié.
Le dernier serviteur par contre se hâte de cacher « dans un linge » cette pièce qui lui brûle les doigts. La peur du Maître le ronge, et dévoile l’ambiguïté de son cœur ; elle trahit probablement son appartenance au groupe des opposants au prétendant à la couronne. Le Roi n’est pas dupe : l’absence du bon sens élémentaire dans la gestion du bien confié n’est pas due à un simple manque de créativité, mais est révélatrice d’une volonté de nuire, de même que la restitution hâtive du bien, signifie un refus de servir. Aussi ce « mauvais serviteur » sera-t-il juger sur ses propres paroles et se verra-t-il retirer la pièce d’or à l’effigie du Roi - entendons l’image de Dieu restaurée en nos cœurs par la grâce - qui va enrichir le plus entreprenant des serviteurs.
L’épilogue de la parabole reprend l’analogie initiale avec l’épisode historique de l’intronisation manquée d’Archelaüs : revenu de Rome, l’ethnarque déçu se vengea cruellement de ceux qui s’étaient plaints de lui auprès des instances impériales. Entre la venue du Verbe dans la chair et le retour en gloire du Christ Roi de l’univers, s’étend le temps de la patience et de la miséricorde de Dieu, offerte à tous sans exception. Mais celui qui aura méprisé le don de Dieu et aura refusé de se mettre au service de son Fils, celui-là se trouvera confronté aux ténèbres de la mort qu’il aura délibérément choisies, en n’entrant pas dans le dynamisme de la charité qui ouvre à la Vie.

« Seigneur je t’en prie : purifie-moi de toutes les fausses images de toi que je véhicule inconsciemment ; toutes ces idoles d’un Dieu exigeant, jaloux du bonheur de l’homme, revendicateur, méchant, dur, cruel, etc. Donne-moi de pouvoir entrer dans la louange des Vivants qui exultent de joie dans la lumière de ton Amour et chantent ta gloire “au son des harpes, du cor et des cymbales triomphantes” (cf. Ps 150). Délivré de mes peurs, je pourrai alors te servir dans la liberté filiale et produire les fruits de charité que tu attends de moi. »


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