Homélie
Férie de l’Avent
« Déploie, Seigneur, ta puissance, soutiens-nous de ta force, afin que le salut retardé par nos fautes soit hâté par lindulgence de ta grâce ». Loraison douverture donne le ton à la liturgie de ce jour. Pour Israël, la puissance est symbolisée par une villa imprenable. Derrière ses « remparts et avant-mur », le peuple na rien à craindre : lennemi ne saurait le surprendre. La prophétie dIsaïe ne parle cependant pas dune ville de pierre dans laquelle Israël pourrait trouver abri en temps de guerre. La « ville forte » que « le Seigneur construit solidement » est bien plus que cela : elle est la cité de « la paix », cest-à-dire un espace dans lequel non seulement la vie nest plus menacée, mais où elle peut pleinement sépanouir. Tous nont pas accès à cette cité : ses portes ne souvrent que « pour ceux qui ont confiance » en Dieu et qui lui « restent fidèles » ; ceux qui sappuient pleinement et exclusivement sur « le Seigneur, le Rocher pour toujours ».
Jésus reprend la même image dans son enseignement : « lhomme prévoyant » est celui qui « bâtit la maison de sa vie sur le roc » de la fidélité de son Dieu, celui qui « met pleinement sa confiance dans le Seigneur ». Or ce nest pas la simple écoute de la Parole, ni linvocation du Nom de Dieu qui attestent la confiance, mais lhumble obéissance à ses préceptes, la mise en uvre généreuse de ses conseils. Celui qui « fait ainsi la volonté du Père qui est aux cieux », aura accès au Royaume, nous certifie Jésus.
On entre donc dans le Royaume, comme on entre dans la « ville forte » ou la cité de la paix dont parlait Isaïe : par la porte dune fidélité concrète. Les éléments peuvent se déchaîner, lennemi peut déployer toutes ses stratégies, sa violence sécrase contre le « rempart » de la « fidélité » et « lavant-mur » de la « justice », cest-à-dire de laccomplissement de « la volonté du Père qui est aux cieux ».
Notre monde cherche à établir la paix par la dissuasion des armes nucléaires. Mais par cette voie, nous pourrons tout au plus éviter la guerre par peur du désastre quelle représenterait. La paix de Dieu est infiniment plus que labsence de conflits. Elle est plénitude de vie dans lharmonie de la communion, établie par le Seigneur dans lEsprit. Or cette paix nest pas luvre des hommes : elle vient de Dieu ; elle est même le don messianique par excellence, que Jésus, le véritable Salomon (« prince de la paix ») a instauré par sa Résurrection dans la Jérusalem (« ville de la paix ») céleste où il règne pour toujours. Nous connaissons le chemin qui conduit à cette cité sainte : Notre-Seigneur nous la tracé tout au long de lÉvangile. Cest lhumble chemin de lobéissance à la loi damour quil est venu nous révéler au Nom de Dieu son Père : « Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi jai gardé fidèlement les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour » (Jn 15,10). Et quel est ce commandement quil faut observer pour devenir des « justes » ? : « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12).
Les « citadelles inaccessibles » (1ère lect.) construites par ceux qui ne « comptent que sur les hommes » (Ps 117) seront « jetées à terre, renversées dans la poussière » (1ère lect.). Mais devant ceux qui ont choisi de « sappuyer sur le Seigneur » (Ps 117) pour progresser sur le chemin de la charité, les portes de la maison du Seigneur souvriront, « Dieu demeurera avec eux » (Ap 21,3) et il sera lui-même leur paix et leur joie éternelles.
« Seigneur, puissions-nous entendre ton appel à la conversion et amender vraiment notre vie. Ton apôtre Jacques nous avertit : nous contenter découter ta Parole sans la mettre en pratique serait nous faire illusion. Donne-nous au contraire de nous pencher sur la loi parfaite, celle de la liberté, et de nous y tenir ; de lécouter non pas pour loublier, mais pour lappliquer dans nos actes (cf. Jc 1,25). Nous connaîtrons alors le bonheur que tu réserves à tes élus, et nous pourrons te rendre grâce pour ton amour, qui est de toujours à toujours. »