Homélie
Férie de l’Avent
« Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples
» De telles paroles ne nous laissent pas indifférents. Avouons que lorsque nous entendons parler de prendre sur ses épaules un joug, notre première réaction est plutôt négative. Car comment comprendre cela autrement quen termes de poids et de charge que nous aurions à porter en plus dune vie déjà bien remplie de maux et de peines.
Il est alors bon de revenir au début de la prise de parole du Seigneur dans notre péricope, sur laquelle nous passons peut-être souvent trop rapidement. Nous entendons que Jésus veut au contraire nous soulager du fardeau que nous portons pour venir nous reposer auprès de lui : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ».
Il faudrait savoir
Nous inviter à prendre un joug sur nos épaules nest-il pas en contradiction avec le fait de nous appeler à venir nous reposer près de lui ? Apparemment non, puisque Jésus ajoute lui-même : « car je suis doux et humble de cur et vous trouverez le repos ».
Il sagit en fait de bien comprendre ce que signifie prendre le joug de Jésus. Si lon y regarde de plus près, un joug nest pas un fardeau à proprement parler. En effet, le joug aide les bêtes attelées à tirer plus facilement leur charge. Cest bien là son but. Autrement dit, en nous proposant son joug, Jésus ne fait rien dautre que nous offrir de laide pour porter notre fardeau.
A cela, il faut rajouter que cette assistance ne consiste pas seulement dans le joug mais dans le fait quun joug est toujours prévu pour deux. Et Jésus dit : « mon joug ». Il est donc celui qui y est attelé en premier et qui nous propose la place à son côté. Lorsque deux bêtes reliées par un joug tirent une charge, il y en a toujours une, plus robuste, qui marche légèrement en avant de lautre. Cest précisément ce que fait Jésus avec chacun dentre nous.
Jésus sest lié à nous sous le joug de son humilité qui la conduit à prendre chair de notre chair, à se faire homme, pour nous sauver. Des hauteurs de son sanctuaire, le Seigneur sest penché ; du ciel il a regardé la terre pour entendre la plainte des captifs et il sest abaissé pour libérer ceux qui devaient mourir.
En échange du fardeau de la justification par les uvres pour tenter de nous sauver par nous-mêmes, Jésus nous propose de prendre sur nous le joug de lhumilité, de la confiance en sa miséricorde, de l’abandon de tout notre être entre ses mains pour nous laisser sauver par lui : « Les jeunes gens se fatiguent, se lassent, et les athlètes seffondrent, mais ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils prennent leur essor comme des aigles, ils courent sans se lasser, ils avancent sans se fatiguer » (Cf. 1ère lecture). Cest bien en accueillant au cur de nos vies sa présence que nous trouverons le repos qu’il promet ; et la charge qui jusque là nous écrasait, nous paraîtra légère, car c’est lui qui la portera pour nous.
Mais on pourrait objecter : Pourquoi alors le Seigneur ne tire-t-il pas lui-même la charge à notre place, nous libérant une bonne fois pour toutes de notre fardeau ? Parce quil ne veut pas nous sauver sans nous. Son amour et son respect pour nous vont jusque là.
« Seigneur fais-nous la grâce doser nous présenter devant toi pauvres, misérables, nus, mais riches de notre seule foi et couverts de ta justice, toi en qui nous aurons mis toute notre espérance. »