Homélie
Férie de l’Avent
« Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole ». Il ne sera pas dit que le temps de lAvent nest pas un temps de conversion ! Dautant que le « cela » est suffisamment large pour contenir toutes les merveilles que Dieu fit pour nous. Après tant dégards pour nous, le Seigneur se plaint donc de nêtre guère obéit ni suivi Pire, la violence de ce rappel à lordre montre que Jésus na pas dautre moyen que la fermeté pour nous secouer, pour nous inviter à nous remettre en question ! Serions-nous un peuple à la nuque raide ?
Il faut dire quil est toujours facile de passer à côté de lessentiel, surtout quil se fait aussi discret quun enfant qui va naître. De même, le germe de vie de la parole de Dieu que nous méditons aujourdhui pourrait rester cacher derrière lévidence de la morale de la parabole : lobéissance en acte vaut mieux que lobéissance en paroles.
Nous nous rallions tous spontanément à cette maxime. Lobéissance, nous tentons de la pratiquer avec plus ou moins de bonheur, mais elle ne nous pose pas question de principe. Elle ne posait pas question non plus au deux fils. Jésus ne les interroge dailleurs pas sur cette notion, mais il met en question leurs actes.
Linterpellation daujourdhui porte donc sur les fondements de nos actes. Il ne suffit pas de dire, ni même dêtre convaincus, que nous conformons notre vie aux préceptes divins. Cela, nous lavons en commun avec les personnes que Jésus interpelle sèchement.
Comment discerner ? Quel exemple prendre pour être assuré de dépasser lillusion ou les stratagèmes de notre volonté propre ? En regardant sur notre frère aîné. Jésus est en effet lexemplaire unique, le modèle de lobéissance filiale, celle qui se dit infailliblement en actes conformes à la volonté du Père. Voilà le repère fiable plus que tous les exercices de casuistique. Suspendre le cours des discernements complexes et intérieurs pour contempler le modèle que le Père nous donne. En gardant les yeux fixés sur le Christ, lobéissance nest plus un difficile exercice de recul par rapport à ses aspirations profondes, elle devient un dynamisme vital et communautaire. Nous ne sommes plus seuls devant un ordre difficile, nous sommes avec lui en route vers le même but : travailler à sa vigne de la façon qui lui plaît, revenir promptement à la maison du Père.
Cest cela en effet qui fait que lacte du fils est bon. Il ne va pas à la vigne par intérêt, il na dautre motivation que respecter de la parole de son père. Ce sont là les premiers mots de lamour filial. Lamour de son père lui a donc fait faire les premiers pas dun chemin de croissance, dune sincère conversion.
Pour nous faciliter ce radical retournement de notre façon de penser et dagir, le Fils se donne à notre contemplation en se faisant enfant. Il attire ainsi plus spontanément le regard. Il montre quil ne vient pas en donneur de leçons mais en mendiant de votre amour, car lobéissance nexiste que dans lamour. IL ny a pas plus de rapport de force dans le Royaume quentre cet enfant et nous. Uniquement la rencontre personnelle et bouleversante, « convertissante », avec celui par qui nous vient la grâce du salut.