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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Férie de l’Avent

L’annonce à Zacharie ouvre le récit « des événements qui se sont accomplis parmi nous » et dont saint Luc présente « un exposé suivi, afin que nous puissions nous rendre compte de la solidité des enseignements que nous avons reçu » (Lc 1,3-4).
L’événement rassemble tout Israël : le prêtre, le peuple, y compris le roi - dont il est fait mention, bien qu’il s’agisse de l’usurpateur Hérode. Tous ces personnages représentatifs de l’histoire du peuple saint sont convoqués au Temple de Dieu, où la parole prophétique qui chemine en Israël, va se manifester à nouveau après des siècles de silence, car « Dieu s’est souvenu » - c’est la signification du nom de Zacharie - de son Alliance, dont il prépare l’accomplissement.
La première alliance était prophétique : elle annonce et attend l’accomplissement de la promesse. Elle n’apporte pas le salut, mais le fait espérer et désirer. Si celui-ci n’advenait pas, elle demeurerait stérile. Mais l’heure est venue où elle doit donner son plus beau fruit : le dernier et le plus grand parmi les prophètes (Mt 11,9-11), celui qui est appelé à désigner « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). Aussi l’annonce de sa venue fait-elle l’objet d’une mise en scène particulièrement solennelle - noblesse de sang des acteurs, sacerdoce, foule en prière, liturgie somptueuse, majesté de l’Ange - qui contraste singulièrement avec la simplicité de l’annonciation qui aura bientôt lieu dans une bourgade insignifiante de Galilée, et dont bénéficiera une jeune fille inconnue, dont le clan ne sera même pas mentionné.
Après avoir rassuré le vieux prêtre, « l’Ange du Seigneur » annonce l’événement et décline l’identité de l’enfant qui va naître : « Yo-hanan » : Dieu fait grâce. C’est donc une « Bonne Nouvelle » qu’apporte le Messager divin, qui invite Zacharie à laisser éclater sa « joie et son allégresse ». Hélas, le vieil homme, sans doute usé par l’attente d’un salut qui tardait à venir, n’ose plus y croire. Certes nos pères nous ont raconté les prodiges que le Seigneur a accomplis pour son peuple le jour où il l’a arraché des mains de pharaon, roi d’Égypte ; mais il y a bien longtemps de tout cela. Et puis : comment le Seigneur pourrait-il accorder la fécondité à un « vieil homme » et à une « femme âgée » ? Les épreuves, la longue attente, la lassitude ont eu raison de l’espérance de Zacharie qui, sans se l’avouer, ne croit plus vraiment en une possible intervention divine libératrice. Il connaît suffisamment les Écritures pour savoir que la venue du Messie devait être annoncée par le ministère d’un prophète sur qui reposerait « l’esprit et la puissance d’Elie, pour convertir les rebelles et préparer au Seigneur un peuple capable de l’accueillir » ; mais comment ce prophète pourrait-il naître d’un couple « avancé en âge et stérile » ? La stérilité n’était-elle pas le signe de la réprobation divine pour quelque faute cachée ? Comment Dieu aurait-il pu choisir pour un ministère si glorieux un vieillard et son épouse qui avaient tous deux déjà un pied dans la tombe ? Bref, Zacharie renvoie poliment le bel Ange à l’incohérence de son discours. La réponse du Messager ne se fait pas attendre : « Puisque ton cœur n’accueille pas dans la foi le message de grâce que je t’apporte de la part de Dieu, tes lèvres se tairont afin de t’éviter de débiter des considérations humaines sur une intervention divine qui sera authentifiée par son fruit. Le jour où se réalisera l’événement que je suis chargé de t’annoncer, ta bouche s’ouvrira pour proclamer les louanges de celui à qui rien n’est impossible » (cf. Lc 1,37).
Zacharie était prêtre du Très-Haut, officiant dans le temple en présence du Seigneur, et pourtant il est pris en défaut au niveau de sa foi en la réalisation de la promesse divine. On peut être un homme irréprochable au niveau religieux, et être pourtant mal-croyant. Cette mise en garde vaut aussi bien sûr pour nous : nous croyons certes que Jésus est ressuscité des morts et qu’il est vivant pour les siècles ; mais lorsqu’il s’agit d’intégrer ce mystère dans nos vies, nous hésitons. Comme Marthe parlant de son frère Lazare, nous disons : « Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour » (Jn 11,24). Nous renvoyons à un lointain avenir l’espérance de notre participation à la résurrection de Notre-Seigneur. Pourtant Jésus répond clairement : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais » (Jn 11,26). C’est au présent que le Seigneur se donne à chacun de nous, c’est ici et maintenant qu’il me donne de vivre de sa vie en me communiquant son Esprit : « Croyons-nous cela ? » (Ibid.). Peut-être répondons-nous comme Zacharie : « “Comment vais-je savoir que cela arrivera ?” “Moi je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère. Et tu voudrais au fond de moi la vérité ? Dans le secret tu m’apprendrais la sagesse ?”(Ps 50, 8) »
Si nous résistons secrètement à l’Esprit, ne nous étonnons pas que notre bouche demeure muette, que nous soyons incapables de proclamer la Bonne Nouvelle et les louanges de Dieu…

« Par le signe merveilleux de la Vierge qui enfante, tu as fait connaître au monde, Seigneur, la splendeur de ta gloire ; aide-nous à célébrer le mystère de l’incarnation avec une foi sans défaut et dans l’obéissance du cœur » (Or. d’ouv.).


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