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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Saint Jean

Simon-Pierre est douloureusement conscient d’avoir trahi son Seigneur. Celui-ci vient pourtant de le confirmer dans sa mission de Pasteur de son Église, démontrant ainsi que « l’appel et les dons de Dieu sont irrévocables » (Rm 11,29). Il lui aura suffi de confesser par trois fois son pauvre amour, pour que soient effacés ses trois reniements (Jn 21,15-18).
Pierre - comme nous tous ! - a cependant du mal à entrer dans cette logique : apercevant le disciple que Jésus aimait - celui qui l’avait fidèlement suivi jusqu’au pied de la croix - il ne peut s’empêcher d’interpeler le Maître : « Seigneur, si tu me confies la charge du troupeau que tu as rassemblé au prix de ton Sang, que reste-t-il pour lui ? Tu dois faire erreur : ce n’est pas sur moi qui t’ai trahi, mais sur lui qui est demeuré fidèle, qu’il te faut fonder ton Église ». Devant le silence de Jésus qui poursuit sa marche sans rien dire, les questions se bousculent dans la tête de Pierre qui ne peut s’empêcher de renchérir : « Mais alors, en vue de quoi le prépares-tu ? Que lui arrivera-t-il ? Quelle est sa mission à lui, et quel sera son sort ? »
La réponse de Jésus demeure voilée dans son mystère. Le « est-ce ton affaire ? » est incontestablement une fin de non recevoir : la curiosité de Pierre est déplacée. Qu’il se contente d’accomplir au mieux sa propre mission avec l’aide de la grâce, en se souvenant qu’il n’est pas le Christ, mais son vicaire. Tout appel est toujours éminemment personnel, car il s’inscrit sur la trame d’une histoire d’amour tissée au fil des rencontres. Certes l’Église discerne les appels, mais ce n’est pas elle qui appelle ; ou quand elle le fait, c’est au nom du Christ, après s’être assurée que telle est bien son intention. L’Église est « dans le Christ, le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu » (Constitution dogmatique sur l’Eglise : Lumen Gentium, I, 1), mais elle ne se substitue pas à son Époux.
Difficile d’interpréter la parole de Jésus concernant le « disciple qu’il aimait ». Nous savons par l’auteur du quatrième évangile qu’une interprétation erronée a eu cours - sans doute dans le contexte de l’attente d’un retour imminent du Seigneur - selon laquelle « ce disciple ne mourrait pas ». L’évangéliste se contente de démentir cette rumeur, sans plus éclairer notre lanterne. Peut-être Notre-Seigneur précise-t-il simplement que ce disciple, à la différence de Pierre et des autres apôtres, n’aura pas à affronter le martyr : n’a-t-il pas déjà donné ce suprême témoignage, lorsqu’il avait suivi son Maître au calvaire, participant étroitement au martyr de compassion de la Vierge Marie ? A présent, il lui suffit de « rester » jusqu’à ce que le Seigneur vienne le chercher pour entrer avec lui dans la gloire, « la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14).

« Seigneur, mes raisons de t’interroger sur mon prochain ne sont pas toujours aussi louables que celles de Pierre. Ce n’est pas l’humilité devant ma fragilité qui me pousse à te demander “et lui Seigneur ?” - suggérant qu’il est plus digne de confiance que moi. C’est plutôt poussé par la curiosité, voire l’envie, la jalousie ou tant d’autres sentiments inavouables, que je te pose cette question - il faudrait dire : que je te lance ce défi ! Qu’il m’est difficile de ne pas me comparer aux autres, mais de me contenter de mettre tout mon effort à gérer au mieux ma propre vie, cherchant à faire fructifier les talents que tu m’as confiés, sans jalouser ceux des autres et sans murmurer contre les difficultés que tu permets pour purifier mes intentions et m’apprendre à m’appuyer davantage sur ta grâce !
- “ ‘Est-ce ton affaire ? Toi suis-moi’ sur le chemin du renoncement à vouloir tout maîtriser - ta vie et celle des autres. Suis-moi sur le chemin de la mort à ta volonté propre. Que ton ‘oui’ soit ‘oui’ sans aucun ‘mais’ qui vienne le conditionner. ‘Oui’ à ce que je te confie et aux circonstances de ta vie ; ‘oui’ à ceux avec qui je t’invite à cheminer vers moi et dont je t’établis non pas le maître, mais le serviteur ”.
- Seigneur donne-moi la force de ce renoncement, de cette mort au vieil homme, afin que ma vie tout entière soit un “me voici pour faire ta volonté” (He 10,9) comme le fut la tienne. Car c’est ainsi seulement que je pourrai accéder à la liberté et à la joie filiales dans lesquelles tu désires m’établir. »


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