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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Sainte Famille

« Beaucoup de personnes se demandent : pourquoi la famille est-elle aussi importante ? Pourquoi l’Église insiste-t-elle tant sur le thème du mariage et de la famille ? La raison est simple, même si tous ne parviennent pas à le comprendre : de la famille dépend le destin de l’homme, son bonheur, la capacité de donner un sens à son existence. Le destin de l’homme dépend de celui de la famille et c’est pour cette raison que je ne me lasse jamais d’affirmer que l’avenir de l’humanité est étroitement lié à celui de la famille » (Jean-Paul II).
Depuis ses origines, l’histoire de l’homme est substantiellement une histoire d’amour ; car « Dieu a créé l’homme à son image » (Gn 1, 27), et malgré les défigurations que le péché lui a fait subir, cette image demeure toujours vivante au fond de chacun de nous. Or la famille est le premier lieu où se vit l’amour, où il manifeste sa mystérieuse fécondité, où il se transmet et s’apprend.
Le Fils de Dieu lui-même a voulu initier sa course au sein d’une famille. La Providence aurait pu choisir d’autres circonstances pour accomplir le mystère de la Rédemption ; mais elle a voulu honorer en tout premier lieu la famille domestique de sa visite, pour signifier à toutes les générations sa suréminente dignité, comme fondement de la « famille de Dieu » (Ep 2,19) et de toute société humaine.
Au cœur des lectures de ce jour où nous fêtons la Sainte Famille, modèle des familles chrétiennes, se situe l’enfant, don de Dieu, signe d’Alliance.
Vu les circonstances extraordinaires de la conception de leur enfant, les prescriptions de la Loi ne concernent pas vraiment Marie et Joseph. S’ils se rendent au Temple pour y accomplir ce que prescrit la Loi, c’est avant tout pour rendre grâce à Dieu de sa confiance et du don qu’il leur a fait. La joie devait illuminer le visage de cette jeune fille et de ce jeune homme venus présenter leur nouveau-né au Seigneur : le don de la vie n’est-il pas le bien le plus précieux ? L’enfant n’est-il pas « le printemps de la famille et de la société », selon l’heureuse expression qui constituait le thème de la rencontre mondiale des Familles, lors du Jubilé de l’An 2000 ?
Le vieillard Siméon exulte de joie en accueillant dans ses bras cet enfant, ce fils d’homme qui porte en lui la semence de Vie divine. Grâce à lui désormais, la mort ne sera plus qu’un passage, une naissance à une autre Vie, définitive cette fois, d’où sera bannie toute souffrance, car « Dieu lui-même essuiera toute larme de nos yeux. La mort ne sera plus. Il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car le monde ancien a disparu » (Ap 21,4).
Chaque enfant reprend le flambeau des générations qui passent et s’éteignent, assurant ainsi la continuité de la vie triomphante. Mais chaque enfant apporte aussi son lot de difficultés, de souffrances, que les parents auront à assumer, en plus du poids - souvent très lourd - des autres fardeaux qu’ils ont à porter. La Sainte Famille n’en fut pas épargnée, loin de là : la fuite en Egypte, l’incompréhension des habitants de Nazareth, l’hostilité croissante des chefs religieux, jusqu’au drame de la Passion, que la Vierge a vécu comme un martyr : « Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée ».
Pourtant, jamais il n’y eut sur les lèvres de Marie ou de Joseph, le moindre murmure : leur foi en la bienveillance de Dieu est demeurée inébranlable, lui qui fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment (cf. Rm 8,28). Cette confiance leur permettait de rendre grâce en toutes circonstances, anticipant le précepte de l’Apôtre : « Priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit » (1 Th 5,17-18).
Certes l’héroïcité des vertus est un don de la grâce, qui ne s’acquiert qu’au terme d’un long et patient cheminement, fait de chutes et de relèvements. Mais Dieu est fidèle, et sa miséricorde demeure toujours disponible ; comme le Bon Berger, il accompagne son troupeau sur le chemin de l’Evangile, ramène les brebis égarée, et prend soin de celles qui sont blessées (Ez 34, 15). N’est-il pas étonnant que la famille, qui toujours et partout a été célébrée comme le sanctuaire de la vie, soit devenue de nos jours un lieu où rôde la mort ? N’est ce pas un signe éloquent de la crise de l’espérance que traverse notre société marquée par la « culture de la mort » ?
La menace qui pèse sur la vie de l’enfant, fruit et incarnation de l’amour, n’est-elle pas la preuve irréfutable que notre société a perdu le sens du mystère de la personne humaine ? Lorsqu’un groupe humain revendique conjointement le « droit » à l’enfant et le « droit » de l’éliminer, il reconnaît ouvertement qu’il ne considère plus cet enfant comme une fin en soi, mais simplement comme un moyen au service de la satisfaction des désirs des parents.
Il est urgent que les hommes et les femmes de notre temps reprennent conscience de la grandeur de la vocation de l’homme et de la femme, appelés à devenir les proches collaborateurs de Dieu dans l’acte de procréation de leurs enfants. Par sa seule présence, l’enfant est signe de la fécondité de l’Alliance ; de l’alliance matrimoniale entre l’homme et la femme, mais aussi de l’Alliance nuptiale entre Dieu et l’humanité : « A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise » (Ep 5,32).
Le mariage est pour les époux chrétiens, leur façon spécifique d’être disciples de Jésus, de contribuer à l’édification du Royaume de Dieu, de marcher vers la sainteté à laquelle tout baptisé est appelé. C’est pourquoi les époux chrétiens ont aujourd’hui une mission spécifique urgente : au cœur du monde, ils ont à être une “bonne nouvelle pour le troisième millénaire” en étant des témoins convaincus et cohérents de la vérité sur la famille » (Jean-Paul II).
Puissent les époux chrétiens découvrir à l’école de Nazareth « ce qu’est la famille, sa communion d’amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable » (Paul VI), et puissent-ils vivre cette vocation et cette mission qui leur est propre, dans la paix, la joie et la fécondité de l’Esprit.


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