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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie de Noël

Jean-Baptiste est arrêté ; prudemment, Jésus quitte la Judée et se retire en Galilée. Le Précurseur disparaît de la scène, Jésus commence son ministère. Son message semble mot pour mot identique à celui du Baptiste : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche ».
Pourtant, à y regarder de plus près, des différences importantes apparaissent. D’abord le ton : Jean-Baptiste « criait », Jésus « proclame » ; la voix de Jean-Baptiste résonnait dans le désert, celle de Jésus rejoint les habitants de Capharnaüm, au bord du lac de Galilée ; les foules venaient à Jean, Jésus parcourt toute la Galilée portant aux hommes la Bonne Nouvelle dans leurs villages, leurs synagogues, leurs maisons ; Jean s’adressait en priorité et quasi exclusivement aux juifs, Jésus choisit de sillonner une région en bordure des terres païennes, accueillant et guérissant des étrangers, les acceptant même parmi ceux qui le suivent ; Jean exhortait à se préparer à la venue d’un autre et à son action, Jésus annonce la proximité du Royaume et révèle par ses œuvres de puissance qu’il est advenu en sa Personne.
Curieusement en effet, Jésus proclame que « le Royaume de Dieu s’est approché » ; c’est donc qu’il n’était pas loin ; certains traducteurs proposent même : « le Royaume de Dieu fait retour », c’est-à-dire qu’il revient d’où il s’était retiré. Allusion à la gloire de Dieu qui, après avoir quitté le Temple de l’humanité suite au péché, redescend sur elle en la Personne du Verbe fait chair ?
Quoi qu’il en soit, le mot d’ordre est celui de la conversion. Mais celle-ci n’est plus précisée en termes de baptême, de confession des péchés et autres activités préparatoires. L’invitation s’adresse à tous les hommes - aux Juifs d’abord, mais aussi aux païens - et consiste essentiellement à se tourner vers celui qui est venu inaugurer les Derniers Temps, comme en témoignent les miracles qu’il accomplit.
Nous pressentons l’aspect déconcertant d’un tel message pour les lecteurs issus du judaïsme auxquels s’adresse le premier Évangile : l’Envoyé, le Messie pourrait-il sillonner une terre impure pour y répandre sa doctrine ? Guérir indifféremment des fils d’Israël et des étrangers ? S’entourer de disciples venant du paganisme ? Conscient de ce bouleversement des attentes traditionnelles, Matthieu s’empresse de citer un passage universaliste du prophète Isaïe : c’est bien sur « le peuple habitant dans les ténèbres, à l’ombre de la mort », que le Seigneur veut faire « apparaître une grande lumière » ; c’est aux habitants de la terre de « Galilée, carrefour des païens, au-delà du Jourdain », c’est-à-dire en-dehors du périmètre sacré de la Terre Sainte, qu’il veut faire lever son jour.
L’énumération de la provenance de la foule qui suit le Seigneur a de quoi surprendre : juifs et païens se pressent sans discrimination autour du Maître, qui réalise déjà par sa simple présence, une anticipation du miracle de la Pentecôte. Par deux fois, saint Matthieu insiste pour dire que Jésus non seulement « enseignait », mais qu’il « guérissait » également « toute maladie et toute infirmité » ; « tous ceux qui souffraient, atteints de tourments de toutes sortes : possédés, épileptiques, paralysés ». Ces miracles apparaissent comme une prédication en acte de la « Bonne Nouvelle du Royaume », où non seulement il n’y aura plus « ni juifs ni grecs » (cf. Ga 3,28), mais où Dieu lui-même essuiera toutes larmes des visages (cf. Ap 21,4).
En Jésus, le Royaume s’est définitivement approché de nous ; il trahit sa présence dans l’œuvre de réconciliation universelle que seul l’Esprit peut accomplir, et par les œuvres de puissance qui témoignent de l’irruption de la création nouvelle. La conversion à laquelle nous sommes invités consiste seulement à sortir « du pays de l’ombre et de la mort », pour entrer par la foi dans « la Cité sainte, la Jérusalem céleste, la demeure de Dieu avec les hommes, où la mort n’existe plus » ( Ap 21,2.4). Elle consiste à renoncer aux ténèbres et à choisir la lumière de la vie véritable, qui est en Jésus Christ Notre-Seigneur. Le premier pas consiste à renoncer aux idoles que nous avons construites à partir des suggestions de « l’esprit de l’erreur » (1ère lect.), pour nous tourner vers celui qui seul peut nous parler en vérité de Dieu et nous y conduire. Le discernement le voici : « Tout inspiré qui proclame que Jésus-Christ est venu parmi nous dans la chair, celui-là appartient à Dieu. Tout inspiré qui refuse de proclamer Jésus, celui-là n’appartient pas à Dieu. C’est ainsi que nous discernons l’Esprit de la vérité et l’esprit de l’erreur » (1ère lect.). Voilà un critère fort simple, mais ô combien utile de nos jours pour faire un tri parmi les multiples propositions « spirituelles » qui nous sont faites !

« Seigneur nous t’en prions, éclaire nos cœurs de ta lumière souveraine : nous pourrons alors discerner les pièges des “faux prophètes qui se sont répandus dans le monde” (1ère lect.) et qui tentent de nous séparer de toi. Envoie encore sur nous ton Esprit Saint, en qui nous “trouverons la force d’avancer dans un monde obscur pour atteindre le pays du jour sans déclin” (Or. ouv.) ».


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