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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie de Noël

Dans le miracle de la multiplication des pains, le Seigneur a montré qu’il était le créateur de toutes choses. En marchant sur la mer, il montre que sa maîtrise souveraine des éléments va jusqu’à la domination sur la mort. Cet épisode est donc aussi important que celui que nous avons médité et ne saurait en être séparé.

Ainsi, après la multiplication des pains, le Seigneur congédie tout le monde, à commencer par ses disciples qu’il contraint à monter dans une barque, tandis qu’il se charge seul de renvoyer la foule. Voilà qui n’est pas sans nous rappeler notre propre expérience spirituelle : Jésus se révèle avec éclat, ici il multiplie les pains pour nourrir la foule, puis il disparaît et nous laisse seuls, ici il renvoie tout le monde et s’isole sur la montagne. Mais s’agit-il de deux actes distincts ? Faut-il opposer les deux initiatives ? Jésus nourrit la foule puis la renvoie porter du fruit dans son quotidien ; Jésus donne mission à ses disciples de distribuer le pain pour la foule puis les éloigne bien vite de la tentation de s’attirer quelque gloire pour ce service. Il les protège et se charge lui-même de renvoyer tout le monde. Puis il monte sur la montagne dans la même action de grâce qui lui fit lever les pains au ciel. Il est venu pour tout rapporter au Père.

Mais les disciples qu’il a envoyés sur la mer semblent loin de ces préoccupations spirituelles : ils se débattent contre les éléments. Les descriptions précises de saint Marc donnent presque un effet comique à la situation. Les disciples n’ont rien demandé, ils ne cherchaient qu’à rester à terre auprès de leur maître. Mais, obéissants, ils ont pris la mer selon la volonté de Jésus. L’affaire semble mal tourner. Il n’en est rien cependant, car Jésus fait bien tout ce qu’il fait. Il réserve à ses disciples dont l’obéissance les a fait nourrir une foule avec quelques pains et deux poissons, une occasion de découvrir son identité profonde. En les rejoignant sur les flots démontés, Jésus veut leur révéler que sa seigneurie va jusqu’à soumettre les éléments et dominer la mort, représentée par la mer.

Mais les disciples, qui n’avaient pas compris le premier signe, ne comprennent pas non plus le second. La tendresse que Jésus leur manifeste en les invitant à la confiance les rassure mais ne suffit pas à leur ouvrir les yeux. Il faudra encore bien du temps, l’expérience de la résurrection et le don de l’Esprit pour qu’ils découvrent pleinement qui est leur maître.

L’aveuglement des disciples et la tendresse de Jésus à leur égard agissent comme un baume sur nos propres raideurs. Mais elles sont également un vigoureux appel à nous dépasser. En ce temps de Noël, quelques jours après avoir célébré la manifestation de la lumière du Christ aux nations du monde entier, ne sommes-nous pas comme ces disciples qui viennent de participer à la multiplication des pains ? Quitter dans quelques jours la douceur de Noël n’est pas une perspective facile, surtout que l’austérité du carême s’imposera très tôt cette année. Le Seigneur nous pousse pourtant à prendre la mer. La question est donc : avons-nous bien compris ce que nous venons de vivre ? Avons-nous manifesté la même obéissance que celle manifestée par la docilité remarquable des disciples ? L’identité du Christ ne se résume jamais à une formule, elle se dévoile dans une rencontre, elle se donne dans une alliance consentie et choisie.

Enfin, un autre détail de ce texte nous rejoint : en marchant vers la barque, saint Marc précise qu’ « il allait les dépasser ». L’expression est caractéristique des épiphanies. Ainsi, alors que ses disciples « rament », alors que la barque de son Église est malmenée, Jésus se dévoile dans la lumière de sa résurrection, dans la puissance du maître de toutes choses. Si nous avions trop vite associé la révélation de Noël et de l’Épiphanie à la douceur et la naïveté de l’enfance, voilà qui nous rappelle que l’esprit d’enfance de l’Évangile n’est pas jamais dissocié du don fait sur la Croix.

Seigneur Jésus, merci pour ta Parole de Vérité. Merci de nous rappeler par cet évangile que tu viens toujours, dans la lumière de la résurrection, au secours de tes disciples. Apprends-nous à conserver cet enseignement dans nos cœurs afin que nous nous souvenions toujours que c’est dans nos difficultés que nous avons le plus de chance d’abandonner nos idées sur toi et de te découvrir dans la magnificence de ta gloire.


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