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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Saint Ignace d’Antioche, évêque et martyr,

Les droits de successions n’étaient pas moins codifiés à l’époque de Jésus qu’ils ne le sont aujourd’hui. Pourtant deux frères se disputent l’héritage paternel. L’un de ces frères interpelle Jésus depuis la foule. « Dis à mon frère de partager » ! Il semble sûr de son bon droit et de la parole que le rabbi devrait prononcer. Quand à nous, une telle requête peut nous surprendre : voilà une bien curieuse interpellation. N’a-t-il pas envie d’entendre parler du Royaume ou de notre Dieu qui est notre père ? Que vient-il faire avec ses disputes de famille et sa question d’argent ?

Cette façon d’intervenir n’a cependant rien de surprenant. En premier lieu, il agit comme nous le faisons souvent envers Jésus, plus pressés de lui confier nos problèmes quotidiens à résoudre qu’à l’entendre nous dire ce qu’il attend de nous. Ensuite, Jésus est appelé « rabbi », et à ce titre il peut effectivement intervenir dans des questions d’arbitrage.

Il n’est pas difficile d’imaginer le cas de ces deux frères. Celui qui appelle Jésus est probablement le cadet de deux. La loi prévoyait en effet que le partage des biens paternels se fasse selon le ratio deux tiers / un tiers au profit de l’aîné ; l’usage, quant à lui, voulait que les deux frères demeurent ensemble pour travailler et faire fructifier la propriété, sans diviser l’héritage. Il est donc facile d’imaginer que, dans cette histoire, l’aîné a prétendu au partage que la loi lui permet alors que le plus jeune en a appelé aux coutumes ancestrales. La question est délicate, seule l’autorité d’un rabbi peut résoudre le cas.

Mais Jésus ne l’entend pas de cette oreille. Il n’est pas venu pour partager les héritages, il est venu annoncer le Royaume. C’est ce qu’il fait dans toutes les paraboles. « Il y avait un homme riche… ». Annoncer le Royaume ne veut pas dire condamner les riches : le psaume dit « si vous amassez des richesses n’y mettez pas votre cœur ». Jésus dénonce ici l’âpreté au gain.

Mais était-ce le travers de ces deux frères ? Faut-il entendre que la demande de l’homme était motivée par le désir de cautionner une injustice ? Là n’est pas la question, puisque Jésus a clairement refusé de juger. Ce qui l’intéresse, c’est notre conversion. Il est venu nous chercher, nous rassembler, lui le Bon Pasteur, pour nous mener vers le Père. Nous ne sommes pas de ce monde, aussi ne veut-il pas que nous y égarions, il vient nous enseigner le chemin de la vie.

Or l’endurcissement de nos cœurs est devenu tel que nous oublions facilement l’enjeu de notre vie terrestre. Notre vie spirituelle ne meurt pas radicalement, le désir que Dieu a mis dans nos cœurs est toujours là : le riche propriétaire de la parabole désire « se reposer », il veut être paisible « pour de nombreuses années ». Mais il a oublié que le repos que son âme désire, il ne peut se le donner par lui-même, il a oublié que ce repos est en Dieu seul. D’ailleurs Jésus ne reproche rien de son attitude, il ne dit même pas que cet homme est égoïste. S’il le traite de fou, d’insensé, c’est parce qu’il a oublié le sens de la vie, parce qu’il a oublié que le bonheur durable ne vient pas de ce monde, mais de Dieu.

Ainsi les deux frères et leur héritage. Peu importent la loi et la coutume ! Tous deux devraient prendre conscience de notre éloignement de notre terre promise, qui est le cœur de Dieu. Tout ici bas, les moindres de nos choix, doit être ordonné à notre retour vers le Père. Il ne s’agit pas de mépriser la gestion des biens matériels sous prétexte que nous sommes citoyens du Ciel, mais de soumettre cette gestion aux lois de la charité. La question n’est plus alors pour nous d’opposer loi et coutume, mais de discerner comment vivre la loi et la coutume pour que grandisse le Royaume.

Viens Seigneur Esprit-Saint, éclaire nos routes, qu’à chaque décision de nos vies nous sachions entendre ta voix qui nous murmure « viens vers le Père », que chaque jour qui passe nous n’amassions d’autres richesses que les conditions d’un bonheur durable. Garde nos yeux ouverts sur le sens de nos vies, car notre trésor, c’est Dieu.


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