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 - 21 avril 2024 - Saint Anselme de Cantorbéry
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Homélie

Saint Jean de Brébeuf et saint Isaac Jogues, prêtres et martyrs,

Jésus se présente explicitement comme le « Maître de la maison ». Il s’apprête à partir, et exhorte les siens à la vigilance durant son absence, car il reviendra « à l’heure où ils n’y penseront pas », c’est-à-dire à l’improviste. C’est sans doute un premier point d’étonnement : comment se fait-il - si du moins nous avons la foi - que nous puissions « oublier » la venue prochaine du Seigneur alors que nous proclamons chaque dimanche que « le Christ viendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts » ? Hélas, qui d’entre nous se lève le matin en se disant que c’est peut-être aujourd’hui que le Seigneur va revenir ? Et pourtant, chaque jour nous rapproche de cette Heure qu’il ne nous appartient pas de connaître, mais que nous devrions être prêts à accueillir à tout instant.
Oui mais voilà : le Royaume ne se voit pas, alors que le monde s’impose à nous avec ses multiples exigences, sollicitations, voire tentations. Les multiples préoccupations de la vie quotidienne nous sollicitent sans cesse. Même si nous sommes conscients que la venue définitive de Notre-Seigneur constitue l’événement vers lequel converge toute l’histoire et qui dès lors devrait constituer la référence de tous nos discernements, il nous est difficile d’intégrer cette perspective dans notre vie quotidienne ; avec comme conséquence : un décalage entre ce que nous croyons et ce que nous vivons.
Nous ne pouvons pas même compter sur des signes avant coureurs qui nous permettraient de nous souvenir, de nous convertir, de nous préparer à la venue dans la gloire du Fils de l’homme ; une seule chose est certaine : nous nous ferons surprendre : « C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ». D’où la question : comment faire pour vivre cette attente ? La réponse de Jésus est étonnante de simplicité : il nous suffit de persévérer dans notre devoir d’état, en ayant soin de l’accomplir de tout notre cœur, « pour plaire non pas aux hommes, mais à Dieu » (1 Th 2,4). Telle est « l’obéissance de la foi » (Rm 1,5) qui convient à aux « intendants fidèles et sensés ». Le Seigneur ne nous demande rien d’extraordinaire, mais proclame « heureux » le serviteur zélé et consciencieux, qu’« en arrivant, il trouvera à son travail ».
Tout dépend cependant de la finalité de nos efforts : Jésus précise que cet intendant fidèle travaille pour « son maître », et non pour lui-même. Conscient de n’être que le gérant des biens dont il dispose pour les faire fructifier, il ne s’approprie pas le bénéfice de ses efforts, mais veille seulement à « donner en temps voulu leur part de blé aux domestiques dont le maître lui a confié la charge ». Autrement dit le serviteur demeure à sa place (de serviteur), trouvant sa joie dans l’accomplissement des ordres de son Seigneur. Ceux-ci consistent essentiellement en une mission de partage, afin que chacun dispose de ce dont il a besoin pour accomplir sa propre tâche. Le bon serviteur reste sous le regard de son Maître ; non pas qu’il y pense sans cesse - cela l’empêcherait de faire son travail ! - mais par son humble obéissance, il lui demeure uni jusqu’au cœur de son activité quotidienne.
Ce qui caractérise au contraire le « serviteur infidèle », c’est son éloignement du Maître. Non seulement il ne demeure pas sous son regard par l’obéissance à ses préceptes, mais il prend carrément sa place, se comportant comme un mauvais maître, qui ne porte pas le souci de ses serviteurs. A son retour, le véritable maître n’aura même pas à « se séparer de lui » : le mauvais serviteur l’a fait de lui-même ; par son comportement, il s’est mis « parmi les infidèles ».
Les derniers versets de la péricope de ce jour ont de quoi surprendre : nous y entendons que le serviteur qui n’a pas été mis au courant de la volonté de son maître, est néanmoins passible de coups pour sa conduite. C’est donc que tous les hommes peuvent au moins pressentir la volonté du Maître divin par la voix de leur conscience. Dès lors, tous les hommes sont responsables devant Dieu ; mais au chrétien qui a reçu l’immense privilège de reconnaître en Jésus son Seigneur, il sera demandé davantage ; car en son Fils, le Père lui a montré ce qu’il attend de lui, et dans l’Esprit il lui a donné la force de l’accomplir. A bon entendeur : salut !

« “Que l’on nous considère comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu. Or ce qu’on demande en fin de compte à des intendants, c’est de se montrer fidèles” (1 Co 4, 1-2). Mais comment pourrions-nous nous “montrer fidèles”, Seigneur, si tu n’es pas toi-même notre fidélité ? Viens au secours de notre faiblesse, sauve-nous des filets de l’oiseleur, c’est-à-dire des pièges du Prince de ce monde. Jour après jour il nous sollicite pour que nous lui offrions un culte dans le temple de l’avoir, du pouvoir ou de la vaine gloire, s’efforçant de nous faire oublier ton appel à partager ta propre vie dans l’Esprit. C’est pourquoi, Seigneur, sans cesse nous voulons faire mémoire de ce que tu as accompli pour nous et “ te rendre grâce de tout notre cœur : tu nous as libérés du péché pour que nous devenions esclaves de la justice et que nous nous mettions à ton service comme des vivants revenus de la mort, t’offrant nos membres pour le combat de ta justice” (Rm 6,13-14). Oui : “comme un oiseau nous avons échappé au filet du chasseur ; le filet s’est rompu : nous avons échappé” (Rm 6,13-14). Saint Paul de la Croix, Saint Jean de Brébeuf, Saint Isaac Jogues et vos compagnons martyrs, intercédez pour nous, afin que dans l’obéissance de la foi, nous nous mettions nous aussi généreusement au service de la charité, devenant ainsi des témoins crédibles de la Bonne Nouvelle de ton salut offert à tous les hommes. »


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