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 - 26 avril 2024 - Bse Alida
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Homélie

jeudi, 29ème semaine du temps Ordinaire.

En cette époque de l’année où le soleil tarde à se lever et où les matins sont de plus en plus frais, le feu évoque spontanément la lumière et la chaleur bienfaisantes. Mais il n’est pas sûr que telle soit l’interprétation juste de l’image utilisée par Jésus dans ce passage ! Il suffit de lire la suite pour se rendre compte qu’il s’agit plutôt d’un feu purificateur, et par là destructeur, au moins des scories et autres impuretés. Ce mystérieux feu que Notre-Seigneur est « venu apporter sur la terre » et dont il voudrait « qu’il soit déjà allumé », va en effet introduire la division jusqu’au cœur des familles. Celles-ci se composent dans la description qu’en donne Jésus de cinq personnes : le père, la mère, le fils, la fille et la belle-mère. « Désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois » : la suite laisse entendre que le fils et la fille - c’est-à-dire la nouvelle génération - se trouveront en opposition avec les parents et la belle-mère, ces derniers représentant les générations antérieures. Il est probable que cette image suggère la rupture introduite par la Parole de Jésus entre les deux Alliances : celle contractée entre Dieu et Israël dans les temps anciens, et celle que le Seigneur vient proposer « dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes » (He 1,2) afin de constituer un peuple nouveau, une humanité nouvelle.
L’image du feu qui suscite la division, rappelle l’épisode où Dieu scelle la première Alliance avec son serviteur Abraham. Sur l’ordre du Seigneur, le patriarche partagea en deux les animaux prévus pour l’holocauste, et « plaça chaque moitié en face de l’autre. Après le coucher du soleil, un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les quartiers d’animaux. Ce jour-là, le Seigneur conclut une Alliance avec Abraham » (Gn 15, 9-18). Le rituel d’allégeance prévoyait que le suzerain et le vassal passent tous deux entre les animaux dépecés, en prononçant des imprécations condamnant celui qui trahirait l’alliance, à subir le sort des victimes offertes. Or dans le récit de la Genèse, Dieu seul - symbolisé par « la torche enflammée » - accomplit le rite, passant en son nom propre et en celui d’Abraham - « le brasier fumant ». Le feu représente donc la fidélité de Dieu qui s’engage à suppléer aux manquements de l’homme, afin que soit sauvegardée l’Alliance en dépit de toutes nos trahisons.
Peut-être l’image proposée par Jésus fait-elle allusion à ce rite préfiguratif, qui trouve en lui son accomplissement. Notre-Seigneur n’est-il pas à la fois le prêtre, l’autel et la victime de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera consumée sur le bois de la Croix dans le Feu de l’Esprit d’amour ? N’est-ce pas lui qui scelle l’Alliance au nom de Dieu et au nom des hommes ? N’est-ce pas de lui que parlait le Précurseur lorsqu’il prophétisait : « Moi je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu » (Lc 3,16).
Mais pour pouvoir nous baptiser dans le Feu de la vie divine, Jésus va d’abord passer lui-même à travers les grandes eaux de la mort : « Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli ! » Notre-Seigneur est impatient de prendre sur lui le « le salaire de notre péché : la mort », afin de pouvoir nous offrir en retour « le don gratuit de Dieu : la vie éternelle » (1ère lect.). Tel est le désir profond du Sauveur ; mais il est bien conscient que tous n’accueilleront pas cet « admirable échange » : par une étrange obstination, nous résistons à l’action de la grâce ; nous refusons d’être « libérés du péché » qui nous a pourtant réduit en esclavage. De sorte que nous nous sentons divisés intérieurement entre l’appel de l’Esprit, nous invitant à « nous mettre au service de la justice qui mène à la sainteté », et la volonté propre du vieil homme, qui veut demeurer dans « l’impureté et le désordre ». Ce combat fait rage en nous et autour de nous : il divise les familles, les sociétés, les nations. Pensons à la violence de certains propos proférés contre la morale évangélique, non seulement accusée de ringardise, mais dénoncée comme une doctrine mortifère. Pensons aussi aux débats autour de la référence aux racines chrétiennes de l’Europe dans le Préambule de ses Constitutions. « Heureux » celui pour qui Jésus n’est pas cause de scandale ; qui accepte d’être « libéré du péché », et qui choisit joyeusement de « devenir esclave de Dieu » (Ibid.) : « Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu’il entreprend réussira » (Ps 1).

« Esprit Saint, divin Feu, brûle en nous tout ce qui est incompatible avec la grâce de notre baptême, c’est-à-dire tout ce qui nous détourne de Jésus, Seigneur et Sauveur ; nous voulons être tout à lui, comme de bienheureux “esclaves de Dieu”, afin de “récolter la sainteté qui aboutit à la vie éternelle”, conformément au dessein bienveillant du Père à notre égard. »


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