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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

vendredi, 29ème semaine du temps Ordinaire.

La sagesse des paysans de Galilée (ou d’ailleurs) est légendaire. Ils connaissent si bien la nature que le moindre signe est porteur d’informations sur ce qui va venir. La luminosité du ciel, l’orientation du vent : rien n’est muet, tout parle à qui veut bien se donner la peine d’être attentif.
Les choses se compliquent lorsqu’il s’agit de discerner les chemins de Dieu. Nous pourrions dire que jusqu’à la venue du Christ, les hommes étaient excusables de ne pas parvenir à reconnaître les signes de sa présence ; car Dieu est pur Esprit, et en tant que tel, il échappe à notre perception. Nous sommes en effet des esprits incarnés qui ne peuvent acquérir de connaissance que par l’intermédiaire des sens, dont l’intelligence abstrait l’intelligible, qu’elle tente d’exprimer dans le concept.
C’est bien pourquoi Dieu s’est fait homme ; en Jésus le Verbe prend chair de notre chair afin de se rendre sensiblement présent parmi nous : « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c’est le Verbe, la Parole de la vie. Oui la vie s’est manifestée, nous l’avons contemplée, et nous portons témoignage » (1 Jn 1,1-2). Lorsque Jésus lance cette invective : « Esprits faux ! », il reproche à ses interlocuteurs de se boucher les oreilles pour ne pas entendre sa Parole de vérité, de fermer leurs yeux pour ne pas voir les signes qu’il accomplit et qui leur auraient permis de se convaincre, à partir d’une expérience « sensible » interprétée à la lumière des Ecritures, qu’il est le Messie attendu, celui qui ouvre le chemin vers le Père.
L’enjeu est pourtant de taille, comme Notre-Seigneur l’explicite dans la parabole qui suit ce reproche. Car « l’adversaire » dont il est question, n’est autre que Dieu lui-même, dont nous nous sommes détournés, trompés par le discours mensonger du Serpent, qui nous l’a présenté comme un rival jaloux, c’est-à-dire précisément comme un « adversaire » avec lequel nous serions en procès. Or en Jésus-Christ, Dieu est descendu jusqu’à nous, il est venu marcher sur nos routes, afin de nous instruire tout en nous accompagnant sur le chemin qui nous conduit devant « le magistrat » - entendons le Père. C’est pour une conciliation que le Verbe s’est fait chair : « après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ » (Jn 1,17). Nous sommes dans le temps de la miséricorde ; mais si nous refusons de l’accueillir, nous n’échapperons pas à la justice : « le juge nous livrera au percepteur des amendes, qui nous jettera en prison, dont nous ne sortirons pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime ».
C’est donc un vigoureux appel à la conversion que Jésus nous adresse. Inutile de nous mentir : nous ne paraîtrons pas devant Dieu sans passer par le Feu purificateur de la justice, à moins d’avoir accepté d’être plongés dans les grandes eaux de la miséricorde. Qui d’entre nous ne se reconnaît pas dans la description que donne Saint Paul du lamentable état de notre nature marquée par le péché : « Je sais bien que le bien n’habite pas en moi, je veux dire dans l’être de chair que je suis. En effet, ce qui est à ma portée, c’est d’avoir envie de faire le bien, mais pas de l’accomplir. Je ne réalise pas le bien que je voudrais, mais je fais le mal que je ne voudrais pas » (1ère lect.). Efforçons-nous donc « pendant que nous sommes encore en chemin », de nous libérer envers Dieu de la dette insolvable de notre péché, en nous jetant dans les bras de sa miséricorde, qu’il nous tend en son Fils Jésus-Christ.

« Seigneur, “apprends-moi à bien saisir, à bien juger” (Ps 118) les temps où nous sommes et le triste état de mon humanité. Non pas pour m’apitoyer sur mon sort, ou pour me révolter contre ma condition, mais pour te “rendre grâce par Jésus-Christ notre Seigneur” : “en lui tu réalises tes promesses à ton serviteur ; par lui tu me fais vivre. Jamais je n’oublierai ta tendresse ; je suis à toi : sauve-moi, que j’aie pour consolation ton amour et que je vive” de ta miséricorde maintenant et toujours. »


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