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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

samedi, 29ème semaine du temps Ordinaire.

« Sous l’emprise de la chair, on tend vers ce qui est charnel, et la chair tend vers la mort. Car la chair tend à se révolter contre Dieu, elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, elle n’en est même pas capable » (1ère lect.). Saint Paul nous donne en quelques mots un résumé saisissant du drame du péché originel et de ses conséquences : trompé par le discours mensonger du serpent, l’homme s’est détourné de Dieu et a voulu exercer sa royauté sur la création « sans Dieu, malgré Dieu, voire contre Dieu ». Mais : qui s’éloigne de la lumière, s’enfonce dans les ténèbres, qui se détourne de la vérité, s’égare dans le mensonge, qui se coupe de la vie, n’échappe pas à la mort. Devant les catastrophes naturelles ou celles qui sont dues à la malice des hommes, nous sommes prompts à convoquer Dieu au banc des accusés : « s’il y avait un Dieu, cela n’arriverait pas ! » N’est-ce pas faire un peu rapidement l’économie de notre responsabilité personnelle et collective dans les drames qui nous affectent ? « La création a été livrée au pouvoir du néant, non parce qu’elle l’a voulu, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir » (Rm 8,20), nous dit encore Saint Paul dans un autre passage. Qui donc a livré la création au pouvoir du néant sinon l’homme à qui le Créateur l’avait confiée ? Nous étions appelés à conduire l’univers de son achèvement naturel à son accomplissement surnaturel par notre collaboration avec la grâce divinisante. Hélas lorsque nous nous sommes coupés de Dieu par le péché, prétendant définir par nous-mêmes le bien et le mal (Gn 3, 5), nous n’avons engendré que la discorde, la violence et la mort, entraînant la nature toute entière dans « l’esclavage et la dégradation inévitable » (Rm 8,21). Non ce n’est pas Dieu qui nous punit : nous nous punissons nous-mêmes en transgressant la loi divine ; entendons : les lois de la nature et la loi de notre conscience, que confirme et explicite la Révélation. Qui conçoit dans le mensonge, engendre la violence : on ne cueille pas des fruits d’harmonie et de paix sur l’arbre de l’anarchie. On ne peut que se réjouir de l’éveil du souci écologique : nous sommes en effet responsables de l’avenir de notre planète et de l’héritage que nous transmettrons aux générations à venir. Mais comment concilier cette prise de conscience - qui nous honore - de l’importance de la protection de l’environnement et des espèces végétales et animales de notre planète, bref de la vie sous toutes ses formes, avec la banalisation de l’avortement ? D’une part on nous sensibilise avec force effets médiatiques sur les mauvais traitements que l’homme fait subir à telle espèce animale et au drame que représenterait sa disparition ; et dans le même temps, on nous affirme sans broncher que la décision de garder ou non un enfant est un acte qui relève exclusivement de la sphère privée, chacun décidant en fonction de la morale subjective qu’il s’est forgé. N’y a-t-il pas là une hypocrisie criante ? Si nous semons la mort, de quel droit attendrions-nous une récolte de vie ? Il est décidément trop facile d’accuser Dieu alors que nous accumulons des charbons ardents sur notre tête.
Pourtant l’heure n’est pas au découragement ou à la lassitude d’âme : la parabole que Jésus ajoute à son enseignement - sans doute en voyant la perplexité de son auditoire - nous invite tout au contraire à l’espérance. La vigne représente traditionnellement le peuple élu, et par delà celui-ci, l’humanité toute entière ; le figuier est la figure de la Parole de Dieu, qui offre la douceur de son fruit de salut. Si le figuier est stérile, c’est parce que, depuis le péché, le sol dans lequel il est planté n’est plus une « bonne terre qui porte du fruit au centuple » (Lc 8,8), mais « un sol maudit » à cause de l’homme pécheur, une terre « qui ne donne qu’épines et chardons » (cf. Gn 3, 17-18). Dieu ne nous a cependant pas abandonnés : « il a envoyé son propre Fils dans notre condition humaine de pécheurs pour vaincre le péché ; il a fait ce que la loi de Moïse ne pouvait pas faire à cause de la faiblesse humaine : il a détruit le péché dans l’homme charnel. Il voulait ainsi que les exigences de la Loi se réalisent en nous, qui ne vivons pas sous l’emprise de la chair mais de l’Esprit » (1ère lect.). Encore faut-il bien sur que nous acceptions de nous mettre « sous l’emprise de l’Esprit », afin de « plaire à Dieu » et d’exercer notre ministère prophétique, sacerdotal et royal en synergie avec la grâce divine.
Plus que jamais, les baptisés sont invités à prendre conscience de leur mission irremplaçable sur l’échiquier du monde, afin d’y participer activement au travail d’enfantement de la civilisation de l’amour, c’est-à-dire du Royaume de Dieu. Car ce n’est qu’en se tournant vers Jésus-Christ, et en accueillant son Esprit que l’humanité pourra reprendre sa mission interrompue par le péché, et révéler la gloire divine que toute « la création aspire à voir de toutes ses forces » (Rm 8,18). En effet, « si le Christ habite en nous par la foi, l’Esprit est notre vie ; et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en nous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à nos corps mortels par son Esprit qui habite en nous » (1ère lect.).

« Seigneur, en ces temps troublés ou nos sécurités humaines vacillent, dévoile à mes yeux la dimension cachée de mon existence ; réveille en moi la conscience de ma responsabilité au milieu de ce monde et au cœur de la création. Donne-moi de me convertir, afin que lorsque le jour viendra, je sois prêt à partir à ta rencontre, en emportant avec moi pour te l’offrir, le fruit que ta patience m’aura donné de porter. »


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