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 - 21 avril 2024 - Saint Anselme de Cantorbéry
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Homélie

mardi, 30ème semaine du temps Ordinaire.

On imagine sans peine les questions qui suscitèrent la réponse de Jésus que nous venons d’entendre : « Rabbi, le Règne dont tu nous parles, quand viendra-t-il ? Comment se manifestera-t-il ? » En fin pédagogue, Jésus ne cherche pas une réponse théorique, mais plutôt une comparaison parlante qui permette aux gens simples qui l’écoutent, de saisir les conditions de l’avènement du Royaume qu’il est venu instaurer.
« Il en est du Royaume de Dieu » comme d’une graine à peine plus grande que la tête d’une aiguille ; mais lorsqu’elle est jetée en terre, elle germe, pousse, et devient un arbre qui, sur les bords du lac de Génésareth, s’élève à deux mètres cinquante voire trois mètres ! Jésus ne dit pas que l’homme « sème » la graine, mais plutôt qu’il la « jette » avec désinvolture, voire mépris. Autrement dit : c’est de ce qui est rejeté que le Seigneur fera germer son Royaume, traditionnellement symbolisé par l’arbre.
Si on ajoute que les seuls « jardins » dont il est question dans les Evangiles sont ceux de Gethsémani et du tombeau, l’allusion à la Passion est à nouveau évidente : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit (Jn 12,24) ».
« Il en est du Royaume de Dieu » comme du levain qui tient dans le creux de la main et que la femme mélange le soir à trois mesures (36,44 litres) de farine, dont elle fera le pain pour sa famille à l’aube du jour suivant. Toute la nuit, la pâte aura levé sous l’effet de cette infime quantité de levain sans que personne n’y prête attention.
On se souvient que le levain est impur en Israël : il faut l’éliminer des maisons pour la semaine des Azymes ; la femme « l’enfouit – littéralement “le cache” - dans trois grandes mesures de farine ». C’est donc celui dont Israël a honte, qu’il enfouit dans les entrailles de la terre pour l’empêcher de répandre sa doctrine hérétique, qui fera lever son peuple dans la force de son Esprit immortel.
Les deux paraboles soulignent non seulement les modestes commencements - une toute petite semence et un rien de levain - mais aussi le peu de cas qui en est fait dans les milieux bien-pensants. Et pourtant, la minuscule graine pousse dans le secret de la terre, comme le levain lève dans le silence de la nuit, sans que personne ne s’en préoccupe. C’est en vertu de ce qu’ils sont, sans intervention extérieure, que la semence comme le levain, accomplissent leur mission.
Nous sommes dans ce temps de croissance ; l’arbre du Royaume doit encore étendre ses branches pour rassembler tous les oiseaux du ciel, c’est-à-dire tous « les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52) qui trouveront dans ses ramures l’abri tant désiré.
Le levain de la Parole doit encore travailler le cœur des hommes dans le secret, pour que leurs ossements desséchés « reprennent vie, qu’ils se lèvent, comme une grande, immense armée » (Ez 36, 10) : le nouveau peuple consacré, que Dieu rassemble pour sa louange.
Non seulement les hommes religieux reconnaîtront l’Evangile comme chemin, vérité et vie, mais le cosmos tout entier s’en trouvera transformé. La première lecture nous le rappelait : « la création aspire de toutes ses forces à voir cette révélation des fils de Dieu ».
Pour le moment, tout cela est encore objet d’espérance : « Nous avons commencé par recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la délivrance de notre corps ». Dans l’attente de la pleine réalisation de la promesse, il nous faut demeurer vigilant à ne pas exposer la pâte qui monte au vent froid de l’indifférence, ni la jeune pousse qui s’élève à la bourrasque de la contestation.
Ce n’est pas une idéologie que nous annonçons, mais un germe de Vie nouvelle, une Force divine capable de soulever le vieux monde endormi dans la mort, et de l’élever jusqu’au ciel. C’est en manifestant les prémisses de cette transformation dans nos vies plus que par des discours, que nous collaborons à la croissance du Royaume inauguré par la Résurrection de Notre-Seigneur.

« Seigneur, “Quand tu ramenas les captifs d’Israël à Sion, ils étaient comme en rêve” ; pourtant leur libération n’était qu’une préfiguration de celle que tu nous offres en Jésus notre Sauveur. Ouvre nos yeux sur le sens profond de notre pèlerinage ici-bas ; donne-nous de prendre généreusement notre part aux douleurs de l’enfantement du monde nouveau, en nous souvenant “qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que tu vas bientôt révéler en nous” (1ère lect.). Que notre cœur soit en fête, et que nous proclamions aux nations : “Quelle merveille fit pour nous le Seigneur !” »


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