31ème dimanche du temps Ordinaire.

Les lectures de ce dimanche concernent en premier lieu ceux qui ont la charge de guider la communauté chrétienne même si entre les lignes nous pouvons aussi entrevoir un enseignement qui vaut pour tous les disciples de Jésus. En effet, les destinataires des paroles du Seigneur que nous lisons dans l’évangile sont non seulement les scribes mais aussi les pharisiens. Tous les hommes religieux, pourrions-nous dire donc, ceux qui ont consacré leur vie à l’étude des Ecritures et exercent dans la communauté un ministère de service de la foi, mais aussi ceux qui ont choisi de vivre la fidélité au Seigneur dans leur vie de chaque jour, dans leur travail, leur famille…

Le message que Jésus adresse à tous se résume parfaitement dans les derniers mots qu’il prononce dans le passage de saint Matthieu proposé à notre méditation : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. » En ces quelques paroles, Jésus nous propose la synthèse de ce constitue le chemin de conversion, de service, de don de soi, sur lequel s’engage à sa suite tout chrétien et particulièrement tout prêtre.

Au Vème siècle avant Jésus-Christ, le prophète Malachie admonestait déjà les prêtres qui n’obéissaient pas au Seigneur et ne rendaient pas gloire à son nom. A ceux-ci, il adressait la menace d’un changement de leurs bénédictions en malédictions. La première lecture, tout comme l’évangile, nous enseigne comme en contrepoint quelle doit être l’attitude juste des prêtres devant le Seigneur et devant ceux qui leur sont confiés.
Avant toute chose, ils doivent être des pasteurs qui veillent avec soin sur leur troupeau et le guident vers le Père source de tout amour. Ils doivent aimer avec sincérité leurs brebis ; ils ne peuvent être des mercenaires qui fuient devant le danger ; ils ne peuvent être des pharisiens qui usurpent la chaire de Moïse et la place du Christ pour obtenir ce qu’ils concupiscent.
Le Curé d’Ars disait que le prêtre ne devait pas être pour lui-même mais pour les âmes. A l’exemple de saint Paul qui entoure de soins les Thessaloniciens comme une mère s’occupe de ses enfants (Cf. 2ème lecture), il doit être disposé à donner sa vie pour ses brebis. Comme saint Paul, ce n’est pas seulement l’évangile qu’il désire offrir mais lui-même. Car donner sa vie est quelque chose de très concret : comme le montre saint Paul, c’est oeuvrer, se fatiguer, donner l’exemple pour ne pas être un poids pour ceux dont on a la charge.
Et le prêtre trouve sa joie lorsque ceux vers qui il est envoyé accueillent la Parole qu’il prêche pour ce qu’elle est vraiment, non pas une parole d’homme mais la Parole de Dieu. Autrement dit, sa joie c’est d’avoir su montrer à ses brebis le chemin vers le Père et de les avoir amenées à le rencontrer.

Plus largement, pour un chrétien qui a mis ses pas dans ceux du Christ, cela signifie devenir totalement transparent pour qu’à travers soi ce soit Dieu lui-même qui se donne à voir. Nous trouvons ici l’essence du témoignage chrétien. Il s’agit de donner à voir aux hommes le visage de Dieu Trinité, seule source du vrai bonheur. Dans chacun de nos gestes, il s’agit de manifester la miséricorde divine de notre Père céleste source de salut pour tous. Dans ce que nous annonçons, il s’agit de renvoyer à l’unique Maître, notre Seigneur Jésus-Christ, Parole divine, qui seul est capable d’enseigner le chemin de la vie éternelle. Dans notre service, il s’agit de laisser toute la place à l’Esprit Saint qui seul est capable d’aimer en vérité. Autrement dit, il s’agit de devenir le plus petit possible pour que Dieu puisse prendre le plus de place en nous. Dieu veut avoir besoin des médiations humaines que nous sommes pour manifester sa Paternité, sa Sagesse et sa Charité divines. Nous n’avons donc pas à les renier mais à les assumer. Et la façon la plus juste de le faire c’est, comme nous invite Jean-Baptiste, de diminuer pour que notre Dieu grandisse en nous. Nous trouverons là notre joie et notre sanctification : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »

« Seigneur qui nous a appelé à marcher à ta suite selon notre vocation propre, qui nous a confié à chacun une part de ta vigne, que ton aide ne nous fasse jamais défaut. Donne-nous de ne jamais tomber dans la présomption de pouvoir réaliser par nous-mêmes la mission que tu nous confies. Sans toi Seigneur nous ne pouvons rien faire. Sois toi-même le gardien de notre fidélité. »