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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Saint Martin de Porrès, religieux,

En deux traits de plume, Saint Luc suggère le contraste qui sous-tend les trois paraboles de la miséricorde qui composent le chapitre 15 de son Evangile : d’un côté « les publicains et les pécheurs », qui viennent « tous à Jésus pour l’écouter ». ; de l’autre, « les pharisiens et les scribes », qui récriminent contre ce Rabbi qui « fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ». Pris en étau entre ces deux groupes antagonistes, Notre-Seigneur tente de leur faire comprendre qu’il est le berger des uns et le pasteur des autres, sans opposition aucune pour qui peut entendre le langage de l’amour.
Jésus n’a jamais repoussé les fils d’Israël : il est le Berger promis par Dieu qu’annonçait le prophète Ezéchiel : « Voici que j’aurai soin moi-même de mon troupeau et je m’en occuperai. Dans un bon pâturage je les ferai paître, et sur les plus hautes montagnes d’Israël sera leur pacage. C’est là qu’elles se reposeront dans un bon pacage ; elles brouteront de gras pâturages sur les montagnes d’Israël » (Ez 34, 11-14). Le Pasteur est en effet celui qui conduit son troupeau par le juste chemin jusqu’au lieu de son repos. Mais « les pharisiens et les scribes » semblent avoir oublié la suite de la prophétie : « Je chercherai celle qui est perdue, je ramènerai celle qui est égarée, je panserai celle qui est blessée, je fortifierai celle qui est malade » (Ez 34, 16). Le vrai Berger est celui qui prend un soin particulier des brebis qui en ont le plus besoin : les égarées, les blessées, les malades. Le troupeau des bien-portantes va-t-il jalouser celles que le Pasteur s’empresse d’aller chercher parce qu’elles sont en difficulté ?
En entendant la parabole, nous nous sommes probablement mis du côté de la brebis égarée, qui se laisse ramener par son Berger à la bergerie ecclésiale. Cette interprétation est tout à fait légitime : sans le Christ, nous sommes effectivement perdus, et nous avons chaque jour à nous laisser trouver par lui, accueillant avec gratitude le salut qu’il nous offre sans se lasser. Mais nous faisons aussi partie du troupeau qu’il a déjà rassemblé dans sa bergerie ecclésiale et que le Seigneur « laisse dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la trouve ». Sainte Thérèse de Lisieux nous invite à une lecture inattendue de ce passage : « Notre Seigneur veut laisser “les brebis fidèles dans le désert”. Comme cela m’en dit long ! ... Il est sûr d’elles ; elles ne sauraient plus s’égarer, car elles sont captives de l’amour, aussi Jésus leur dérobe sa présence sensible pour donner ses consolations aux pécheurs » (Lettre 142, à Céline, du 6 juillet 1893). Que fait le troupeau dans l’attente du retour de son Berger ? Il veille dans la prière, s’unissant à son désir de « rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52), de constituer « un seul troupeau », sous la houlette d’ « un unique pasteur » (Jn 10,16).
Nous ne pouvons pas tous partir au loin pour ramener les brebis égarées (même si de nos jours elles se perdent à quelques pas de nous !) ; mais chacun de nos rassemblements en Eglise - qu’il soit important ou qu’il s’agisse de la messe d’un village ne rassemblant que quelques fidèles - devrait porter le souci de la mission « ad gentes » (l’évangélisation des peuples qui n’ont pas encore reçu l’annonce de la Bonne Nouvelle), comme de la mission « ad intra » (la nouvelle évangélisation des chrétiens attiédis).
L’Eucharistie est l’action de grâce par excellence : c’est donc le lieu où nous sommes tout particulièrement invités à nous réjouir avec le Seigneur pour les brebis égarées qu’il ramène « tout joyeux sur ses épaules » ; si du moins l’individualisme ambiant ne nous a pas contaminés au point que le sort des pécheurs nous laisse indifférents !
Notre souci du salut des âmes est sans aucun doute un bon baromètre de la vitalité de notre foi. Ce qui fait la différence entre les saints et nous, n’est-ce pas cette soif des âmes qu’ils partagent avec leur Seigneur et qui est le signe de la vitalité de l’Esprit en leur cœur ?

« Seigneur, je veux me laisser trouver par toi. En ton Fils Jésus-Christ, tu es venu me chercher au cœur de mes égarements ; et lorsque tu m’as retrouvé, tout joyeux, tu m’as pris sur tes épaules et tu t’es réjouis de ma conversion, que tu avais toi-même suscitée par l’action de ton Esprit. Emerveillé devant tant de gratuité, je ne veux plus ni vivre ni mourir pour moi-même, mais pour toi ; “dans ma vie comme dans ma mort, je veux t’appartenir” (cf. 1ère lect.). Mais prends patience avec moi, Seigneur, “sois ma lumière et mon salut” (Ps 26) : mon cœur de pierre est si lent à comprendre les chemins de la miséricorde. Je veux renoncer à tout jugement et plus encore à toute attitude méprisante envers mon frère, puisque tu l’aimes du même amour que moi : aide-moi à ne pas en rester à de bonnes intentions, mais à convertir mon regard et surtout à changer d’attitude envers ceux qui sont différents de moi. Car tu nous appelles tous à “habiter ta maison tous les jours de notre vie, et à contempler tes bontés sur la terre des vivants” (Ibid.). »


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