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 - 7 mai 2024 - Sainte Gisèle
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Homélie

lundi, 32ème semaine du temps Ordinaire.

Le malheur qui pèse sur celui par qui arrive le « scandale », fait pressentir la gravité de sa faute. Mais quel péché Jésus entend-il dénoncer par ce terme ? Si nous nous basons sur le contexte, le scandale pourrait bien désigner le mépris des nantis envers ceux qui sont dans le besoin, illustré par la parabole de Lazare et du mauvais riche à laquelle notre passage fait suite. La prospérité de ceux qui bravent Dieu par leur superbe et affichent une royale indifférence envers leur prochain, a toujours interpellé - voire troublé - le Juif pieux : où donc est la justice ? Pourquoi Dieu n’intervient-il pas ? Comment se fait-il que celui qui défie le ciel demeure impuni ? Le scandale réside tout autant dans l’absence de réaction de la part de Dieu, que dans le comportement provocateur de l’impie. Aussi le risque n’est-il pas illusoire que le « petit » - c’est-à-dire celui qui fait ses premiers pas dans la vie de foi - se détourne d’un Dieu impuissant à faire régner la justice élémentaire.
L’avertissement de Jésus laisse sous-entendre que ce temps de la justice viendra, et qu’il sera redoutable - souvenons-nous des tourments du riche dans la parabole qui précède. Mais n’anticipons pas : pour le moment, nous traversons le temps de la miséricorde, le temps où Dieu nous visite en son Fils Jésus-Christ pour nous inviter à la repentance et à la conversion. Cela nous concerne, car tout en étant légitimement choqués par l’attitude des hommes méprisant la détresse de leur prochain, nous tombons probablement sous le coup de la même condamnation qu’eux par notre propre indifférence. L’idéologie individualiste s’est hélas infiltrée jusqu’au cœur de l’Eglise, menaçant l’essence même de la religion chrétienne, qui est avant tout « la religion de l’amour » (Jean-Paul II).
La maladie du « chacun pour soi » n’est cependant pas typique de ce début de troisième millénaire : il suffit de lire la lettre de saint Jacques (2, 5-9) ou encore la première lettre de saint Paul aux Corinthiens (11, 20-22) pour se rendre compte que cette attitude est un chiendent à la vie dure qui avait gardé des racines dans le terreau des premières communautés chrétiennes. Quel échec pour notre humanité - et en premier lieu pour nous chrétiens - et quel « scandale » de ne pas avoir été capables de susciter et de mettre en œuvre ce minimum de solidarité concrète, qui permettrait de vaincre définitivement les famines, la malnutrition et bon nombre de pandémies qui déciment les peuples les plus pauvres ?
Au moment de nous approcher du sacrement de réconciliation, nous faisons en général un examen de conscience sur nos fautes concrètes, c’est-à-dire le mal que nous avons commis objectivement ; nous pensons moins souvent à nous accuser de nos multiples péchés par omission, c’est-à-dire du bien qui était à notre portée, mais que nous n’avons pas accompli, soit par paresse, soit par indifférence. Saint Jean de la Croix nous rappelle qu’au soir de notre vie, nous serons jugés, non pas sur nos fautes, mais sur l’amour, c’est-à-dire sur les œuvres de charité que nous aurons accomplies en synergie avec l’Esprit Saint. Voilà pourquoi il nous faut nous « tenir sur nos gardes » : la vie chrétienne est un combat de chaque instant non seulement pour éviter le mal qui nous menace, mais tout autant pour accomplir le bien qui nous sollicite.
C’est bien ce que nous enseigne le livre de la Sagesse dans la première lecture : « Aimez la justice en rendant à chacun la part du bien commun à laquelle il a droit ; ayez sur le Seigneur des pensées droites en vous souvenant sans cesse du précepte de l’amour fraternel ; cherchez-le avec un cœur simple par l’obéissance d’une foi agissant par la charité (Ga 5,6). Les pensés tortueuses par lesquelles nous justifions notre inertie et notre indifférence, éloignent de Dieu, car l’Esprit Saint fuit l’hypocrisie, il se détourne des pensées sans intelligence, il est mis en échec quand survient l’injustice ».
Cette injustice dont nous nous rendons coupables envers nos frères démunis, certes, nous pouvons aussi en être victime. Auquel cas, la charité exige que nous nous souvenions de la miséricorde dont nous sommes nous-mêmes bénéficiaires : de même que nous comptons sur la patience de Dieu à notre égard, nous aussi nous devons user de patience envers « notre frère qui a commis une faute contre nous ». Ce qui n’exclut pas de « lui faire de vifs reproches », mais implique de lui pardonner, « même si sept fois par jour il commet une faute contre nous ». La dénonciation du mal est une œuvre de charité visant à permettre au coupable de retrouver le droit chemin de la justice, en s’appuyant sur la miséricorde qui lui est gratuitement offerte. La conversion du pécheur est une victoire qui glorifie Dieu et fortifie la communauté ; c’est donc toujours la réconciliation par le pardon et le rétablissement de l’équité qui doivent être visés, car ce sont les deux collaborations les plus importantes que nous puissions offrir à la construction du Royaume.

« Seigneur, devant les exigences de ton Evangile, nous nous sentons tout aussi démunis que les Apôtres, et avec eux nous crions : “Augmente en nous la foi !” Nous ne te demandons pas grand-chose : seulement « la foi gros comme une graine de moutarde », rien de plus, puisque cela suffit à prendre autorité sur le “grand arbre” de notre orgueil. Seigneur toi qui “scrutes les reins, qui observes avec clairvoyance mon cœur” (1ère lect.), toi qui “de très loin pénètres mes pensées” (Ps 138), ne permets pas que par mon égoïsme, ma suffisance ou mon mépris, je sois cause de scandale pour mes frères ; convertis mon cœur pour que “je sois, au cœur du monde, un foyer de lumière” (Ant. Evg.) qui éclaire le chemin du Royaume. »


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