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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

mardi, 32ème semaine du temps Ordinaire.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette péricope jette un froid : Jésus nous confronterait-il à nouveau au Dieu terrible, exigeant, sans cœur, égoïste, etc. ? Et cela au moment même où, grâce aux paraboles de la miséricorde, nous commencions à mettre notre espérance en un Père plein de tendresse et de compassion à notre égard ? Ainsi donc, lorsqu’après une rude vie de travail ici-bas, nous nous présenterons devant Dieu au ciel, ce sera pour nous mettre « en tenue pour le servir » ? Et nous sommes avertis : nous n’aurons pas même droit à une once de « reconnaissance d’avoir exécuté ses ordres » ! C’est à se demander si l’enfer n’est pas plus enviable que l’espérance des élus ! Heureusement que la première lecture est venue nous rassurer par avance : « Ce qu’ils ont eu à souffrir était peu de choses auprès du bonheur dont ils seront comblés ».
Non seulement la parole de Jésus ne saurait être contradictoire, lui qui nous décrivait il y a quelques jours à peine la joie débordante du Père accueillant son fils égaré, mais Notre-Seigneur est venu accomplir pour nous cette prophétie du livre de la Sagesse. Essayons donc de découvrir la cohérence cachée de ses propos.
Commençons par nous souvenir que Jésus ne nous demande que ce qu’il accomplit en premier. Notre-Seigneur se considère donc lui-même comme un « serviteur quelconque », qui n’a « fait que son devoir » en rassemblant dans l’unité, par le sacrifice de la Croix, les enfants de Dieu dispersés (cf. Jn 11,52) que le Père lui avait confiés. N’est-il pas le bon Berger qui, après une journée de rude labeur, ne s’accorde aucun repos avant d’avoir nourri de son Corps ceux dont il s’est fait le Serviteur ? A chaque Eucharistie, il lave les pieds de ses disciples, et s’offre en leur nom au Père, comme le véritable Agneau de la Pâque nouvelle et définitive. Or sur la Croix, Jésus n’a pas revendiqué la résurrection comme un droit ou une récompense pour ses « bons et loyaux services » ou pour son obéissance. L’amour est par essence gratuit : Notre-Seigneur s’est contenté de remettre son esprit entre les mains de son Père, s’abandonnant totalement à son amour bienveillant.
Notre difficulté est de concilier service et amour : nous avons du mal à concevoir que le service constitue le désir et l’expression spontanés de l’amour. Aussi lorsque le Maître de la parabole provoque le serviteur à une générosité toujours plus grande, il ne fait que l’inviter à le rejoindre dans la liberté de l’amour véritable. « Dieu les a mis à l’épreuve, commente le livre de la Sagesse, et les a reconnus dignes de lui. Comme on passe l’or au feu du creuset, il a éprouvé leur valeur ; comme un sacrifice offert sans réserve, il les a accueillis. Au jour de sa visite, ils resplendiront, ils étincelleront comme un feu qui court à travers la paille » (1ère lect.). Si déjà sur terre, nous qui sommes mauvais, éprouvons une intense joie à servir nos amis gratuitement, qu’en sera-t-il lorsque nous pourrons servir dans cette même gratuité celui qui est notre Ami par excellence ?
Ainsi donc, c’est pour notre bien que Dieu se montre exigeant : en nous permettant de lui manifester notre reconnaissance par notre service désintéressé, il se réserve de nous combler au-delà de notre espérance. Il est trop clair que le Tout-Puissant n’a guère besoin de notre aide ; mais par ce moyen, il nous offre une possibilité unique de nous rapprocher de lui, de le découvrir dans son intimité, et d’expérimenter, au cœur même de ce service, la douceur de l’amour de charité qui fait les délices du Fils unique, de tous les Anges et de tous les Saints - bref : de tous ceux qui ont accepté de le servir comme « des serviteurs quelconques ».
Entrons donc dès à présent dans ces dispositions. Dieu n’exige pas l’impossible : il attend seulement de nous que nous fassions du mieux que nous pouvons, le peu qui nous est confié ; il accomplira lui-même le reste par des chemins qu’il ne nous appartient pas de connaître. Que le service désintéressé de Dieu et de nos frères n’ait d’autre but que de témoigner notre reconnaissance pour la gratuité du salut immérité. Tout ce qui viendrait en plus serait un marchandage indigne de l’amour.

« Seigneur, “sois attentif à mon cri” (Ps 33) : apprends-moi à l’école de ton Fils Jésus, à découvrir la beauté du service gratuit. Lui de condition divine, s’est abaissé jusqu’à nous et n’a pas hésité à se faire notre serviteur ; donne-moi de “mettre en lui ma confiance afin de comprendre la vérité” (1ère lect.) et d’oser le suivre sur le chemin de la charité ; accorde-moi d’“être fidèle et de rester dans ton amour, Père, toi qui accorde à tes élus grâce et miséricorde” (Ibid.). »


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