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 - 21 avril 2024 - Saint Anselme de Cantorbéry
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Homélie

lundi, 33ème semaine du temps Ordinaire.

La guérison de l’aveugle de Jéricho est le dernier miracle accompli par Jésus avant d’entrer dans sa Passion. Il en constitue donc probablement une clé de lecture.
La foule « arrive », entourant Jésus qui « passe ». Le cortège est bien organisé : certains « marchent en tête » sans doute pour frayer un chemin au milieu des curieux qui se pressent sur le passage du Rabbi. La péricope n’attribue pas de rôle particulier aux disciples, qui semblent immergés dans le groupe anonyme. Animés par les mêmes sentiments que ceux qui se pressent autour du Maître, ils cherchent à s’assurer une bonne place, dans l’entourage immédiat de celui qui s’apprête sans aucun doute à établir son Règne à Jérusalem. Saint Luc vient en effet de préciser dans les versets qui précèdent immédiatement notre récit, que les Douze eux-mêmes « ne comprirent rien » à la troisième annonce de la Passion : « le sens de ces paroles leur restait caché, et ils ne voyaient pas de quoi Jésus parlait » (Lc 18,34). Bref : ils sont aveugles mais n’en ont aucune conscience.
Face à ces personnages en mouvement : Bar Timée - nous connaissons son nom par l’Evangile de Saint Marc - est « assis au bord de la route », immobile, incapable d’aucune initiative et totalement dépendant de son entourage. Pourtant du fond de sa nuit, il a perçu bien plus profondément qui est Jésus que ceux qui l’entourent et prétendent l’assister dans ses projets. Alors qu’on l’informe du passage de « Jésus le Nazaréen » (origine géographique), il crie son espérance en s’adressant à « Jésus, fils de David » (origine transcendante), ce qui est incontestablement un titre messianique. Paradoxalement, l’aveugle a discerné l’identité de Notre-Seigneur plus sûrement que ceux qui prétendent voir ; peut-être parce que dans sa pauvreté, il a renoncé à toute ambition et s’est ouvert à la lumière de la grâce. Il ne prétend pas imposer à Jésus ses projets : il se contente de crier vers lui sa détresse et d’invoquer sa pitié ; ce qui suppose qu’il croit en sa compassion et s’en remet d’avance à son discernement. Cette foi confiante libère la puissance de l’Esprit : « Vois ». Il recouvre la vue, mais l’intervention de Jésus est bien plus qu’un simple acte thaumaturgique puisqu’il ajoute : « Ta foi t’a sauvé ». Ce salut est explicité dans l’attitude adoptée par le miraculé : « Il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu ». « Suivre Jésus » est le propre du disciple ; l’aveugle se met en route à la suite du Christ alors que celui-ci monte à Jérusalem pour y vivre sa passion. Il le suit « en rendant gloire à Dieu », car à la lumière de l’Esprit - et contrairement aux Douze - il « se mit à voir » le mystère de grâce que Jésus s’apprête à accomplir à travers l’humiliation de la Croix.
« Voyant cela », la foule, devenue « le peuple », « adressa elle-aussi ses louanges à Dieu ». On peut se demander sur quoi porte le « voir » de la foule ? Il est peu probable que ce soit le miracle accompli par Jésus en faveur de l’aveugle : Notre-Seigneur a accompli tant d’autres prodiges qui ne suscitèrent pas cette réaction. L’évangéliste suggère plutôt que c’est lorsque les hommes « voient » le mystère de la Passion avec les yeux de la foi, qu’ils deviennent « le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu, chargé d’annoncer les merveilles de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 2,9). La véritable guérison dont la foule des disciples - et en particulier les Douze - ont besoin bien plus que Bar Timée, est de croire en la Parole de leur Maître qui leur révèle le sens de la Croix. Alors seulement leurs yeux s’ouvriront et ils pourront eux-aussi suivre Jésus en rendant gloire à Dieu, entraînant à leur suite le peuple de ceux qui croiront en leur parole.

« Seigneur je confesse ma cécité ; je crois, mais augmente ma foi. J’ai tant de mal à entrer dans la logique de ta Passion : ne pouvais-tu pas sauver le monde par un autre chemin ? Ne pouvais-tu pas vaincre le Prince de ce monde dans l’éclat de la puissance ? Moi aussi, comme les Douze, je voudrais t’enseigner les voies de la sagesse humaine pour éviter la folie de la Croix, oubliant que “la folie de Dieu est plus sage que l’homme et que la faiblesse de Dieu est plus forte que l’homme” (1 Co 1, 25). Pardon Seigneur d’être si lent à croire que ta toute-puissance se déploie dans la faiblesse (cf. 2 Co 12, 9) : donne-moi de consentir à mes vendredis saints, afin de pouvoir accéder aux matins de Pâque. »


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