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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

lundi, 4ème semaine de l’Avent,

Alors que chez Matthieu, le nom de Jésus est mentionné dès le premier verset de son Evangile, il faut attendre le 31ème verset pour le voir apparaître chez Luc. En bon historien, celui-ci prend en effet le temps d’enraciner son récit dans la tradition juive. L’annonce de la naissance de Jean-Baptiste rassemble tout Israël : le prêtre, le peuple, y compris le roi, dont il n’est fait que mention, car il s’agit de l’usurpateur Hérode. Tous ces personnages représentatifs de l’histoire du peuple saint sont convoqués au Temple de Dieu, où la parole prophétique qui chemine en Israël, va se manifester à nouveau, car « Dieu s’est souvenu » - c’est la signification du nom de Zacharie - de son Alliance, dont il prépare l’accomplissement.
La présentation d’Elisabeth complète celle du prêtre : elle aussi est issue de la lignée d’Aaron, comme son mari. Sortis du même clan, les deux époux « étaient justes devant Dieu, et suivaient, irréprochables, tous les commandements et observances du Seigneur ». Mais il y a une ombre à leur bonheur : « ils n’avaient pas d’enfant, parce que Élisabeth était stérile et que tous deux étaient avancés en âge ». L’épreuve est dure pour le couple, qui vit cette stérilité comme une réprobation divine, alors que pourtant ils mettent tous leurs efforts à marcher dans la fidélité à la Loi. Mais Dieu attend son heure : la fécondité de ce couple âgé et stérile ne laissera aucun doute sur l’auteur du miracle. Pour être sûr de pouvoir l’interpréter en vérité, il fallait que l’événement par lequel l’Histoire Sainte va déboucher dans sa phase décisive, soit analogue à celui qui l’a initiée : Abraham lui aussi était vieux, et sa femme Sarah stérile (Gn 17, 19).
A Zacharie revient la préséance des rendez-vous angéliques. Il inaugure le récit, avec une dignité que Luc se plaît à souligner : noblesse du sang, sacerdoce, foule en prière, liturgie somptueuse, majesté de l’Ange qui se tient « debout à droite de l’autel de l’encens ». Le récit est empreint d’une solennité toute particulière, qui contraste étrangement avec la simplicité de l’annonciation qui aura lieu bientôt dans une bourgade insignifiante de Galilée, et dont bénéficiera une jeune fille inconnue, dont le clan ne sera même pas nommé.
A travers Zacharie, c’est au couple que l’Ange s’adresse : il révèle le nom de l’enfant, qui est tout un programme : « Yo-hanan » : « Yahweh fait grâce ». Sa mission est de marcher devant l’Envoyé de Dieu « en esprit et puissance d’Elie », c’est-à-dire en tant que prophète de la fin des temps annonçant le Messie et invitant à la conversion et à la réconciliation, « afin de préparer au Seigneur un peuple capable de l’accueillir ». Pour un tel ministère, il fallait bien que cet enfant soit « rempli de l’Esprit Saint dès avant sa naissance ».
Malgré son aspect majestueux, l’Ange trahit néanmoins l’exultation et la sainte impatience des habitants célestes : « Tu seras dans la joie et l’allégresse, beaucoup d’hommes se réjouiront de sa naissance ». Hélas Zacharie ne peut pas accéder à cette joie ; certes sa question est celle que posait Abraham : « A quoi le saurai-je ? » (Gn 15, 8), mais contrairement au patriarche, il n’est pas établi dans la foi ; son interrogation n’est pas une demande d’éclaircissement sur la manière dont Dieu va s’y prendre, mais l’expression d’un doute quant à la capacité de la Parole divine d’accomplir ce qu’elle promet.
Réduit au silence, Zacharie ne peut donner la bénédiction que le prêtre est supposé prononcer en sortant du sanctuaire. Elle sera pourtant délivrée, car « les dons de Dieu sont irrévocables » (Rm 11,29) ; mais il faudra attendre la fin de l’Evangile pour la recevoir, lorsque sera intronisé dans la gloire le Grand Prêtre de l’Alliance nouvelle et éternelle : « Jésus les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Et il advint, comme il les bénissait, qu’il se sépara d’eux et fut emporté au ciel » (Lc 24,50-51), où « le Père nous bénit en lui, de toute bénédiction spirituelle » (Ep 1,3).

« Seigneur ne permets pas que par nos doutes nous résistions à l’action de ta grâce dans nos vies, mais établis-nous dans la certitude inébranlable qu’à l’heure de ton bon vouloir, tu féconderas nos terres stériles et feras fleurir tous nos déserts, car « rien ne t’est impossible” (Lc 1,37). »


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