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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

mardi, 4ème semaine de l’Avent,

A nouveau Saint Luc précise avec soin la date - au sixième mois de la grossesse d’Elisabeth - et le lieu - une ville de Galilée appelée Nazareth - de l’événement qu’il va décrire. Il s’agit donc d’un événement historique bien réel. Il ne suffit pas de constater un vague parallélisme avec des mythes anciens pour décréter le caractère symbolique d’un événement. Le cardinal Hans Urs von Balthasar écrivait : « Pourquoi les mythes ne seraient-ils pas le pressentiment, la perception en creux de ce qui doit se passer effectivement dans l’histoire, alors que rien ne permet de le prévoir par ailleurs ? ».
L’évangéliste prend à nouveau le soin de marquer l’enracinement de l’événement dans la Tradition juive en précisant que « la jeune fille était accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ».
Ce cadre somme toute très traditionnel étant mis en place, tout va basculer par l’irruption inattendue du messager divin, qui « entre chez » Marie avec une liberté surprenante que l’on aurait cru réservée à son futur mari. Etonnante situation où un étranger viens annoncer la naissance d’un enfant, alors que le fiancé est absent et dès lors privé de parole. Hier nous avons entendu comment l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste à Zacharie s’est soldée elle-aussi par le mutisme du père. Alors que dans la tradition juive, la parole revient à l’homme, la femme étant invitée à garder le silence, voilà que les deux interventions divines renversent les coutumes : ce sont les hommes qui se taisent et les femmes qui occupent l’avant scène, au point de donner le nom à leur enfant. Ceci paraît de manière toute particulière dans le récit de la Visitation, où ni Joseph, ni Zacharie ne disent mot : ils n’apparaissent même pas.
Tout se passe comme si une autre paternité s’affirme à travers les interventions angéliques. Certes, à la différence de Marie qui a conçu virginalement par l’opération du Saint Esprit, Elisabeth s’est retrouvée enceinte suite à une relation charnelle avec son époux Zacharie. Mais le mutisme de celui-ci manifeste que ce n’est plus lui qui a l’initiative : la fécondité d’Elisabeth est l’œuvre de Dieu et est entièrement finalisée sur celui qui doit préparer la route au Seigneur. A travers le Précurseur, Dieu prendra bientôt directement la parole pour désigner son Fils, son Verbe incarné, sa Parole définitive.
Quand Dieu parle, l’homme doit faire silence. Ceci est encore plus flagrant dans le cas de l’Annonciation à Marie, où Joseph est tout simplement absent. Nous savons comment dans l’Evangile de Mattieu, qui donne une place importante à Joseph, celui-ci pourtant ne dit mot : il est tout entier au service de la Parole de Dieu qui a fait irruption dans la vie de son épouse et dans la sienne.
Quelque chose a radicalement changé dans notre monde depuis le Fiat de la Vierge Marie : Dieu a repris l’initiative que l’humanité lui avait arrachée, séduite par le démon qui lui avait fait miroiter une autonomie mensongère. Le consentement de Marie efface la révolte d’Eve et redonne à Dieu la place qui lui revient. Le véritable Epoux n’est autre que celui qui vient, le Christ : c’est à lui désormais que revient la parole, c’est lui qu’il nous faut écouter, afin de « faire tout ce qu’il nous dira » (Jn 2,5). Là où Zacharie croit bon de discuter avec l’Ange, Marie se contente de l’interroger sur les modalités de son service, et Joseph garde le silence, pleinement attentif à la voix du Bien-aimé, afin de réaliser sa volonté avec promptitude. « L’Epoux c’est celui à qui l’épouse appartient ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’Epoux, et il en et tout joyeux. C’est ma joie, et j’en suis comblé. Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi que je diminue » (Jn 3,29-30).

« A l’annonce de l’Ange, la Vierge a accueilli ton Verbe éternel, fut remplie de la lumière de l’Esprit Saint, et devint le Temple du Très-Haut ; aide-nous Seigneur à devenir assez humbles pour faire comme elle ta volonté » (Or. ouv.).


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