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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Saint Etienne, premier martyr

L’Eglise nous invite aujourd’hui à fêter saint Etienne. Grande fête puisqu’il s’agit en effet de célébrer l’entrée dans la vie du premier des martyrs dont le témoignage a toujours gardé une valeur exemplaire dans l’Eglise.

D’emblée, le récit de la première lecture nous présente l’activité d’Etienne en ces termes : Etienne « était plein de la grâce et de la puissance de Dieu et il accomplissait parmi le peuple des prodiges et des signes éclatants ». « Prodiges et signes », « grâce et puissance », on retrouve en effet ces expressions dans les évangiles pour caractériser les œuvres accomplies par les Douze. Par ses paroles et ses actions, Etienne se voit donc situé dans la continuité des Apôtres, serviteur de la Parole, tout comme eux.

Saint Luc s’arrête ensuite sur les protagonistes de la dispute qui va entraîner le martyre d’Etienne : « Un jour, on vit intervenir les gens d’une synagogue (la synagogue dite des esclaves affranchis, des Cyrénéens et des Alexandrins) et aussi des gens originaires de Cilicie et de la province d’Asie. Ils se mirent à discuter avec Étienne, mais sans pouvoir tenir tête à la sagesse et à l’Esprit Saint qui inspiraient ses paroles. » Juifs affranchis, dont les ascendants avaient été emmené à Rome par Pompée en 63 av. J. C. et qui libérés servaient dans les légions romaines stationnées en Syrie-Palestine, juifs d’Afrique du Nord, juifs Asiates de la Grèce, tous vont entrer en conflit avec Etienne.

A cause de quoi ? Ses propos ou plus précisément la sagesse, fruit principal de l’Esprit Saint, qui inspire ses paroles. Car ce n’est pas lui mais bien l’Esprit de Jésus qui parle en lui et qui suscite l’exaspération et les grincements de dents chez ses adversaires. En résistant aux paroles d’Etienne, c’est en fait à l’Esprit de Jésus, à la présence du Seigneur, que ces derniers résistent. La suite du récit nous le confirme : Étienne, rempli de l’Esprit Saint, regarde vers le ciel, voit la gloire de Dieu, et contemple Jésus, le Fils de l’Homme, debout à la droite de Dieu.

Lors de son interrogatoire devant le sanhédrin, Jésus annonçait que le Fils de l’homme serait désormais assis à la droite de la puissance de Dieu. Ici, Etienne le contemple non pas simplement assis mais venant dans la gloire pour rassembler en lui tous les enfants de Dieu dispersés.
En référence à Daniel 7, 13, tout juif sait que le Fils de l’homme est d’abord la personnification de tout Israël. En donnant sa foi à Jésus qu’il confesse comme Fils de l’homme et Messie d’Israël, Etienne vit donc son accomplissement de juif. Et c’est bien ce qui met ses opposants hors d’eux : reconnaître dans le rabbi de Nazareth le Fils de l’homme en personne, en qui tout Israël est accompli.
« Ils se bouchent les oreilles ». Incirconcis d’oreilles, ils s’empêchent d’écouter les paroles de la grâce et n’entendent que leur propre voix. Et « tous ensemble », ils se précipitent sur Etienne pour l’entraîner hors de la ville et le lapider.

Rempli de l’Esprit Saint, mis à mort par ses frères, Etienne accomplit ainsi les paroles de Jésus qui nous était rapportées dans l’évangile : « Quand on vous livrera, ne vous tourmentez pas pour savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. Le frère livrera son frère à la mort, et le père, son enfant […]. Vous serez détestés de tous à cause de mon nom ; mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. »

Etienne meurt en témoin de la grâce, dans une identification saisissante avec le Fils de l’homme. Reprenant les paroles de Jésus mourant (Lc 23,46) : « reçois mon esprit », il tombe à genoux, comme en agonie (cf. Lc 22,41) criant à grande voix (cf. Lc 23,46) ces ultimes paroles de grâce : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché ». Le témoin qui a mené le combat de la charité jusqu’au bout peut alors entrer dans le repos éternel. Il s’endort dans la mort, ou plutôt, il entre dans la vie.

Cette charité qui a poussé Etienne à donner sa vie pour le Christ en intercédant pour le salut de ses frères continuera son œuvre après sa mort. Car, la Parole de la grâce est souverainement efficace. Si on peut réduire au silence ceux qui témoignent d’elle, on ne pourra jamais arrêter la bénédiction de Dieu qui l’accompagne. La présence du personnage de Saul est là pour nous le rappeler. Il sera le premier secouru par les paroles d’intercession d’Etienne et verra la charité qui animait le cœur du martyr venir couvrir, comme il le dira lui-même, la multitudes de ses péchés.

Hier, nous étions devant la crèche, aujourd’hui nous sommes face à la croix. Hier, nous contemplions l’Incarnation du Sauveur, aujourd’hui en la personne de saint Etienne c’est sa Passion qui se découvre à nos regards. Dans les deux cas, nous retrouvons au centre le même mystère de la charité. C’est elle qui a pressé le Fils unique pour descendre du ciel sur la terre afin de nous sauver. C’est encore elle qui a élevé Etienne de la terre au ciel, l’entraînant à la suite du Fils sur le chemin que ce dernier avait rouvert en donnant gratuitement sa vie par amour pour ceux à qui il s’était rendu semblable, un soir, dans une humble grotte près de Bethléem.

« Seigneur, tu as dressé l’échelle de la charité par laquelle tout chrétien peut monter au ciel. Accorde-nous en ce jour la grâce de demeurer courageusement fidèles à la pure charité. Qu’en la pratiquant entre nous, nous puissions peu à peu progresser dans notre ascension vers toi. »


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