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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Saint Jean, apôtre et évangéliste

Marie-Madeleine, Pierre, et Jean. A les considérer individuellement, il n’y a guère de rapprochements à faire. S’ils nous sont donnés en exemple ce matin, c’est au nom de leur amour pour le Seigneur. Amour brûlant et insensé de Marie-Madeleine, qui a rencontré le Maître en recevant son pardon ; amour douloureux et exemplaire de Pierre, dont l’attachement au Christ a été purifié dans le regard de Miséricorde perçant la nuit de la trahison ; amour pur et fidèle de Jean, qui, des bords du Lac au sommet du Golgotha, n’a jamais failli.

Ces trois disciples, ces trois proches de Jésus, sont aujourd’hui dans le jardin de la résurrection, au matin du monde nouveau que Jésus est venu inaugurer.

Marie-Madeleine vient au tombeau de nuit, marquant qu’elle est encore sous le régime du deuil et de la mort. Mais elle vient aussi gratuitement, puisque dans l’évangile de saint Jean, Nicodème a déjà apporté la myrrhe et l’aloès pour embaumer le corps. Elle montre ainsi sa tendresse et sa piété pour le Seigneur. Pierre et Jean, dont la relation est un peu complexe, arrivent sur les lieux de l’absence. L’un y devient l’exemple de la foi en manifestant un amour qui perce instantanément le mystère, l’autre devient le porteur d’un témoignage dont son nom sera désormais la garantie et fondera la foi des générations à venir. Ainsi, aux carrefours de ce jardin de la résurrection, nous sommes les témoins de l’œuvre de la miséricorde.

Tous courent. Marie-Madeleine va et vient entre le tombeau vide et les deux apôtres. Désorientée, éperdue, elle ricoche. D’un côté la pierre du tombeau, roulée, ouvre sur le monde de son désespoir. De l’autre, les deux apôtres qu’elle précède et qui la guident sur les chemins de la foi. Ils sont pour elle la stabilité de l’amitié et le chemin de la grâce. On ne manque pas d’être frappés par le contraste entre l’agitation et sa lenteur à entrer dans le mystère.

Témoins fragiles de ces événements fondateurs, les linges, calmement rangés au pied du tombeau. Ils attestent que le corps n’a pas été volé. Jésus est parti, les laissant sur place. Il n’en a plus besoin. Ces linges, il les avait reçus en endossant notre condition, une nuit, à Bethléem. Il revêt à présent notre chair de sa gloire.

Peut être sont-ils ce qui gêne Marie-Madeleine. Son amour, au fond de lui-même, au-delà de sa douleur, a pressenti la résurrection et l’a conduite de bon matin au tombeau. Mais l’évidence des linges le heurte dans son idée de la résurrection. Cela ne peut pas être ainsi ! Comme les linges qui emmaillotaient l’enfant Jésus en ont heurté plus d’un : cela ne peut pas être ainsi, le Dieu de l’univers, le Créateur du Ciel et de la Terre n’a pas pu venir à moi dans un corps aussi fragile !

Que l’Esprit de Noël nous rejoigne dans les courses éperdues que nous entretenons encore, entre l’enseignement de l’Église et ce que nous pouvons en vivre, entre notre expérience de Dieu et les étapes où il nous précède. L’amour a fait les premiers pas pour rejoindre l’homme, mais il garde une longueur d’avance. Comme le ressuscité devance ses disciples sur les routes ensoleillées de Galilée, l’Enfant de la crèche nous attend à Nazareth pour faire grandir notre attachement à lui à l’épreuve du quotidien.


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