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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Les Saints innocents

Le récit du massacre des saints Innocents s’éclaire à la lumière du chapitre 12 de l’Apocalypse : une femme sur le point d’enfanter, est menacée par un « Dragon s’apprêtant à dévorer son enfant aussitôt né. Or la Femme mit au monde un enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer ; et son enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son trône, tandis que la Femme s’enfuyait au désert, où Dieu lui a ménagé un refuge ». Nous retrouvons dans la péricope de ce jour, la femme et son enfant messianique, la fureur de l’ennemi poursuivant l’enfant qu’il veut faire mourir, la fuite au désert et l’intervention de Dieu qui délivre miraculeusement l’enfant et sa mère.
C’est dire que la venue du Verbe dans la chair inaugure le combat eschatologique, qui ne se terminera qu’à la fin des temps. Dans ce combat, saint Joseph est établi par Dieu « Ange protecteur de l’Enfant » et de sa Mère, qui préfigure l’Eglise ; il tient en effet dans le récit de Matthieu la place de l’Archange Michel, affrontant victorieusement le Dragon : « Alors, il y eut une bataille dans le ciel : Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, avec ses Anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel » (Ap 12,7-8).
Mais pourquoi la Sainte Famille fuit-elle en Egypte pour échapper à la rage meurtrière d’Hérode, alors que l’Egypte est dans la Bible le symbole même du péché et de la mort ? Certes ce lieu d’exil est conseillé par l’Ange et sauvera la vie de l’Enfant ; mais symboliquement, ce passage en terre ennemie, équivaut néanmoins à une mort. Si l’évangéliste précise la destination de la Sainte Famille, c’est pour signifier que Jésus descendant en Egypte, précède dans la mort ces enfants innocents qui seront assassinés. C’est pourquoi l’Eglise les considère comme les premiers martyrs, même s’ils n’ont pas versé consciemment leur sang pour la foi : « Ces tout-petits meurent pour le Christ sans le savoir, s’étonne saint Quodvultdeus ; les parents pleurent la mort de ces martyrs, et ceux qui ne parlent pas encore, le Christ les rend capables d’être ses témoins. Voilà comment il règne, lui qui était venu régner ainsi. Voici que déjà le libérateur accomplit la libération et que le Sauveur apporte le salut. Qu’il est grand, le don de la grâce ! Par quels mérites ces enfants ont-ils obtenu d’être ainsi des vainqueurs ? Ils ne parlent pas encore, et ils confessent le Christ. Leurs corps sont encore incapables d’engager la lutte, et ils remportent déjà la palme de la victoire ».
Cette interprétation se trouve confirmée par la prophétie d’Osée : « D’Égypte j’ai appelé mon fils » (Os 11, 1). Certes la Parole s’applique en premier lieu à la libération du peuple de la terre d’esclavage ; mais cet acte de salut est lui-même préfiguratif de la libération définitive de la mort et du péché, accomplie par le Père au matin de Pâques lorsqu’il ressuscite son Fils. Ainsi la fuite en Egypte annonce la mort de Jésus, et son retour - toujours sur l’ordre de l’Ange de Dieu - préfigure sa Résurrection et celle de tous ceux qu’il récapitule en lui, à commencer par ces enfants innocents.
Poursuivant cette interprétation symbolique, nous pouvons situer le temps présent dans la période de violence entre le départ de Jésus - sa mort-résurrection - et son retour glorieux, lorsqu’il viendra établir son Règne définitif parmi nous. Jésus ressuscité est « le vivant à jamais » ; il n’attend que l’ordre de son Père pour venir accomplir son œuvre. Entre-temps l’Ennemi semble avoir toute latitude pour tuer et détruire, mais il ignore que la mort où il envoie ses victimes, est déjà resplendissante de la Vie du Ressuscité, qui accueille dans sa paix et sa lumière, tous les enfants de Dieu auxquels il s’est uni.

« Puisqu’en ce jour, Seigneur, les Saints Innocents ont annoncé ta gloire, non point par la parole, mais par leur seule mort, fais que notre vie entière témoigne de la foi que notre bouche proclame » (Or. ouv.).


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