Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
Navigation: Homélie

 

Homélie

Saint Nom de Jésus, sainte Geneviève,

La scène se situe le lendemain. Elle se situe à la croisée des temps. Les paroles de Jean-Baptiste convoquent les prophéties anciennes, elles nous tournent vers l’avenir et elles s’expriment au présent. Aujourd’hui Jean voit jaillir la nouveauté de l’Alliance dans une évidence éblouissante : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».

Tout ce que nous savons de Jean-Baptiste se résume à cette phrase. Au carrefour de l’Ancien et du Nouveau, au tournant de l’histoire, un homme extraordinaire a eu la pureté de cœur et la fidélité d’esprit nécessaires à déceler la présence de l’Envoyé au milieu de la foule.

Quelle audace ! Quelle sainteté ! Et quelle humilité. Lui dont nous admirons l’assurance et le courage d’annoncer le Messie, l’avoue à deux reprises : « je ne le connaissais pas ». Lui qui a scruté les Écritures avant tant de pénétration et d’assiduité, il ne le connaissait pas ? Comment l’a-t-il reconnu alors ?

Jean veut dire que c’est en le reconnaissant qu’il a ouvert les yeux, qu’il a fait le pas. Sa connaissance est devenue complète. Il avait rencontré le Verbe dans sa Parole avant qu’il ne se fasse chair, il avait accueilli la prophétie avant de rencontrer celui qui accomplit la Promesse. Mais une fois devant l’Oint de Dieu, il a découvert son visage : il est l’agneau, le serviteur souffrant, le victorieux de tout péché et de tout mal, l’agneau de la Pâque qui marque le grand passage vers le Père.

L’affirmation si forte de Jean a été possible parce qu’il s’est toujours effacé dans la Parole qu’il accueillait et qu’il portait aux hommes. Il l’a reçue et l’a laissée vivre en lui, il s’est laissé pétrir de l’intérieur, jusqu’à devenir le prophète du Nouveau Testament. Lui dont les discours ne sont qu’un tissu de paroles anciennes, il a engendré une expression unique, une description qu’on ne rencontre nulle par ailleurs : « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Percée inattendue, nouveauté née de l’ancien.

La force du Baptiste, qui le fait s’opposer aux rois et rassembler les foules, se laisse dompter par une colombe et un agneau. Le Royaume qu’il annonce et dont il se prétend indigne, est le temps de la douceur et de l’amour.

« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Silence et adoration. Silence, parce qu’en disant l’évidence qui se manifeste à lui, Jean ouvre la porte du Temple éternel, sur qui demeure l’Esprit Saint, sur qui repose à jamais la Gloire de Dieu. Adoration parce que l’Agneau de la fin des temps est l’Agneau d’Isaïe qui s’en va muet à l’abattoir. La Croix est le trône de la Gloire.

Assurément, Jean est un exemple pour tout chrétien. Dans son humanité qui lutte et se livre à la grâce. Mais l’enseignement est aussi dans le chemin que prend la grâce pour le révéler à lui-même. Car l’instant de la révélation extraordinaire qui nous est rapportée ne se pense pas comme un moment aligné sur d’autres, mais comme un moment les récapitulant tous. Tout est donné, tout est dit. Jean parle avec assurance. Mais bientôt, dans sa prison, il lui faudra des réponses, des preuves, il attendra d’être rassuré. Quand il se donne, Dieu donne tout. Il faut ensuite que l’humanité, liée au temps et à l’espace, fasse la route de l’appropriation et de la compréhension. L’évidence de la grâce ne dispense pas de la grâce de la recherche. Jean aura encore à chercher celui qui vient à lui.

Pour l’heure, apprenons de Jean-Baptiste ce regard d’adoration qui mange le Verbe et fait communier à sa Gloire. Son acte de foi qui le fait serviteur et unit le disciple à la Croix.

« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». La Parole est consommée, le prêtre peut élever l’hostie à notre adoration, nous sommes prêts à proclamer : « Il est grand le mystère de la foi ».


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales