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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

mercredi, 2ème semaine du temps de Noël.

Tout dans cette péricope d’une rare intensité se joue dans les regards, que quelques paroles très sobres viennent illustrer.
Jésus « va et vient » non loin du groupe des disciples de Jean-Baptiste. Le Précurseur « pose son regard sur lui » ; un regard éclairé par l’Esprit qui sonde jusqu’au cœur du Mystère. A nouveau retentit le témoignage : « Voici l’Agneau de Dieu ». Le fait de ne pas préciser la mission du Sauveur - enlever le péché du monde - met davantage encore en lumière la Personne sur laquelle se concentrent l’attention et le regard. La « voix » ne « crie » plus : elle annonce et envoie. « C’est l’Agneau désormais qu’il faut suivre, nous dit-elle ; je suis venu pour préparer sa route, maintenant qu’il s’est manifesté, mon ministère s’achève. “Il faut que lui grandisse et que moi je diminue” » (Jn 3,30). Sans dire un mot, les deux hommes quittent leur Maître et sur sa parole, se mettent à la suite de Jésus.
Sur ce point, le quatrième Evangile s’éloigne des Synoptiques, dans lesquels c’est toujours le Seigneur qui a l’initiative de l’appel : « Viens, suis moi » (Mc 2,14). En précisant que ce sont les disciples qui se mettent en route derrière Jésus, Jean veut probablement souligner l’importance des médiations : c’est en effet la parole du Précurseur qui oriente ces hommes vers le Seigneur. Celui-ci deviendra leur Maître, non en vertu de leur initiative, mais en raison du choix de Dieu, qui se sert de ces médiations pour nous attirer vers son Fils.
Les entendant s’approcher, Jésus s’arrête et se retourne ; on imagine l’émotion du Seigneur voyant ses premiers disciples venir à lui. Qui étaient ces privilégiés ? La suite nous apprend que l’un d’eux était « André, le frère de Simon-Pierre » ; l’autre demeure inconnu. Probablement s’agit-il de celui qui sera désigné tout au long de l’Evangile comme « le disciple que Jésus aimait ». Mais faut-il vraiment chercher à combler les silences de la Parole ? Ces « cases vides » parmi la liste de ceux qui ont suivi le Christ, ne sont-elles pas précieuses pour nous, afin de pouvoir y inscrire notre nom ?
Littéralement l’Evangile nous dit : « S’étant retourné, Jésus les ayant admirés, suivant, leur dit… ». Jésus les admire : le Fils de Dieu nous contemple, s’émerveille, se laisse surprendre par les initiatives de nos libertés ; nous pouvons émouvoir son Cœur par nos délicatesses, comme hélas nous pouvons le contrister par nos indifférences.
Jésus les admire suivant : c’est sans aucun doute son plus grand désir, et pourtant il ne peut cacher sa surprise. Pas plus aujourd’hui que hier, le Seigneur ne se lasse de nous voir le suivre : pour lui c’est chaque matin la même surprise, le même émerveillement, la même joie.
Par sa question : « Que cherchez-vous ? », Jésus invite ces hommes à prendre conscience et à nommer leur désir. Telle est encore et toujours la pédagogie du Seigneur à notre égard : sa seule présence nous interroge sur l’orientation profonde de notre vie et nous remet devant notre responsabilité de lui donner un sens.
Cette question traversera tout le quatrième Evangile jusqu’à la rencontre du Seigneur ressuscité avec Marie de Magdala, qui s’entendra demander elle aussi : « Qui cherches-tu ? » (Jn 20,15).
Dans les deux cas, la réponse est similaire et exprime le désir d’une proximité avec Jésus. Avec beaucoup d’audace, les futurs disciples s’informent sur le « chez soi » de cet Inconnu, que le Baptiste leur désignait comme « l’Agneau de Dieu ». Ils ont pressenti que la connaissance de l’identité profonde de ce mystérieux personnage, ne se communiquerait qu’au cœur d’un compagnonnage intime.
En guise de réponse, Jésus leur propose de se mettre en route à sa suite, les invitant à un « voir » nouveau, c’est-à-dire à une conversion du regard, fruit d’une illumination spirituelle. A ce stade de l’Evangile, saint Jean demeure particulièrement discret sur ce lieu où le Maître demeure. Il faut attendre le dialogue entre Jésus ressuscité et Marie-Madeleine pour découvrir le terme de cette invitation : « Va trouver mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20,17). Voilà donc le dénouement de l’intrigue : la « demeure » de Jésus n’est autre que le sein du Père, et c’est là qu’il veut conduire ceux qui se mettent en route à sa suite. Mais ce n’est que progressivement que Jésus pourra introduire ses disciples dans cette perspective ; pour le moment il leur donne de se rassasier de sa présence dans le lieu où il se prépare à son ministère.
Nous ne savons rien de ce qui s’est passé en cette fin d’après-midi, mais la relation qui s’est instaurée avec le Maître durant ces instants privilégiés, comble à ce point l’attente d’André, qu’il ne peut s’empêcher de s’en ouvrir à son frère. Son témoignage est une profession de foi qui relève déjà d’un autre « voir » que la simple perception sensible, manifestant par là qu’il s’est effectivement mis en route : « Nous avons trouvé le Messie ».

« Seigneur, accorde-nous à nous aussi, de vivre cette rencontre déterminante avec toi, afin que transformés en profondeur, nous devenions à notre tour des médiateurs de ton appel et des témoins convaincants de la Bonne Nouvelle : “Nous avons trouvé le Messie, l’Agneau de Dieu”, “apparu pour détruire les œuvres du diable” (1ère lect.) ».


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