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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

vendredi, 2ème semaine du temps de Noël.

La péricope de ce jour se divise en deux parties bien distinctes : l’annonce faite par Jean-Baptiste de la venue d’un mystérieux individu ; et l’entrée en scène du personnage principal de l’Evangile : Jésus.
L’annonce du Précurseur est particulièrement solennelle. Celui qui vient est plus « puissant » que le prophète ; celui-ci reconnaît son autorité au point de se courber, de s’abaisser, de se prosterner devant lui. Il ne se juge même pas digne d’être son disciple, puisque celui-ci ne défaisait pas la courroie des sandales de son Maître, laissant ce travail aux esclaves. Ces quelques mots résument l’attitude de conversion à laquelle Jean invite ses auditeurs, et qu’il incarne dans toute sa personne.
Qui peut donc être celui qui vient ? Le seul indice que le Précurseur nous donne consiste dans une précision concernant le ministère de ce personnage, qui supplantera infiniment le sien, puisqu’il ne baptisera pas dans l’eau, mais dans l’Esprit Saint. Comprenne qui pourra, car Saint Marc ne fait aucune allusion à une activité baptismale de Jésus. Il faut en effet avoir parcouru tout l’Evangile pour découvrir que Notre-Seigneur lui-même va identifier sa mort avec un baptême : « Le baptême dans lequel je vais être plongé, vous le recevrez » (Mc 10,39) annonce-t-il à Jacques et Jean qui lui demandent de siéger à sa droite et à sa gauche dans le Royaume. S’il peut baptiser dans l’Esprit Saint, c’est parce que lui-même a consenti auparavant à descendre dans la mort, d’où il se relèvera dans la force de cet Esprit, qu’il pourra dès lors communiquer à ses disciples : « Ne vous tourmentez pas d’avance pour savoir ce que vous direz : ce n’est pas vous qui parlerez, c’est le Saint Esprit » (Mc 13,11). Nous pressentons déjà que l’événement qui va suivre dans la seconde partie de la péricope - à savoir le baptême de Jésus - complète et explicite l’allusion faite par le Précurseur dans sa prophétie.
« Or à cette époque, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée » : ce mystérieux personnage serait-il donc issu d’une bourgade sans renom, située dans une région limitrophe des terres païennes ? De plus, il se met dans la longue file des pécheurs attendant leur tour pour se faire baptiser par Jean ! Il est d’ailleurs frappant que celui-ci ne prend plus la parole : lorsque le Verbe paraît, la voix se tait, le Précurseur s’efface. Il n’est même plus mentionné dans la scène du baptême sinon comme celui qui le délivre. Tous les regards sont concentrés sur Jésus dont il est pourtant difficile de dire qu’il est l’« acteur » principal, puisqu’à vrai dire il ne fait rien. Son attitude contraste singulièrement avec celle de Jean, jusque là très actif : baptisant, prêchant, prophétisant, appelant à la conversion. Jésus lui, se contente de descendre dans l’eau et de s’y immerger ; mais un autre agit en sa faveur : le Père, qui envoie sur lui l’Esprit Saint et qui le confirme dans son identité de « Fils bien-aimé ». Peut-être Saint Marc nous souligne-t-il par ce contraste la nouveauté radicale qui fait irruption dans notre monde avec la venue du Christ : désormais ce n’est plus l’homme qui a l’initiative, mais Dieu lui-même qui intervient avec puissance, une puissance dès lors bien plus grande que celle que le Baptiste pouvait déployer dans son ministère ; une puissance qui repose en plénitude sur celui en qui le Père « a mis tout son amour ».
Le rapprochement déjà suggéré entre le baptême et la mort du Christ est confirmé par le verbe « se déchirer » : au bord du Jourdain, c’est le ciel qui se déchire pour laisser l’Esprit descendre d’auprès de Dieu ; au moment de la mort de Jésus, c’est le voile du Temple qui se déchire en deux, depuis le haut jusqu’en bas » (Mc 15,38), abolissant la séparation entre le Saint des Saints et l’espace réservé aux fidèles. Dieu fait irruption dans le monde, il répand son Esprit sur toute chair que son Fils a récapitulé en lui dans son incarnation rédemptrice ; il le répand même sur les païens, puisqu’au pied de la croix, la voix du Père est prise en relai par le centurion qui confesse : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ! » (Mc 15,39).

« Seigneur Jésus nous le croyons : tu es le Fils de Dieu, celui “qui est venu pas seulement par l’eau, mais l’eau et le sang. Et celui qui rend témoignage” en nos cœurs, celui qui nous donne de confesser ta seigneurie, “c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité” (1ère lect.). Nous croyons Père qu’en Jésus tu nous as donné part à sa propre vie, cette “vie éternelle qui est dans ton Fils” et à laquelle nous participons dans l’Esprit Saint que tu as répandu sur tous ceux qui “mettent leur foi dans le nom du Fils de Dieu” (Ibid.). Nous te supplions Seigneur, accorde-nous de nous souvenir à chaque instant de cette merveille que tu accomplis pour nous ; donne-nous de vivre dans la mémoire vive du salut, afin que ta toute-puissance repose sur nous, et que notre vie ne procède plus de nos propres forces mais de celle de ton Esprit. Nous pourrons alors te plaire en toutes choses, et mener une vie qui soit digne du beau nom de “chrétien” que nous portons. »


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