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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

samedi, 1ère semaine du temps Ordinaire.

Jésus sort « sur le rivage du lac » ; il jette l’épervier de sa Parole, pour sauver des eaux les pécheurs. Et il vise de « gros poissons » : les publicains étaient connus comme étant des collaborateurs et des voleurs. Jésus a déjà manifesté la puissance de sa Parole en guérissant les malades ; ici il s’attaque immédiatement au mal qui ronge le cœur de l’homme. Le « suis-moi » qu’il lance vers Lévi, « pénètre, comme une épée à deux tranchants, au plus profond de son âme ; elle juge des intentions et des pensées de son cœur, car tout est à nu devant elle » (He 4,12-16). Pourtant Lévi ne sent pas condamné : il a croisé le regard de Jésus, et a compris que celui qui connaît mieux son péché que lui-même, est passé à proximité de son bureau de taxe, précisément pour lui proposer de sortir de sa prison intérieure. L’injonction de Jésus vient rejoindre un réel désir de conversion, mais qu’il était incapable de mettre en pratique. S’appuyant sur l’appel impératif du Seigneur, il se lève pour une vie nouvelle, et « s’avance avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir la grâce de son secours » (Id.).
C’est une foule bien disparate qui « suit » le Seigneur : « scribes du parti des pharisiens, publicains et autres pécheurs » ; et voilà que cette assemblée si diversifiée est invitée à partager le même pain. Image d’Eglise qu’il est bon de garder comme modèle : Jésus nous a appelé à sa suite tels que nous sommes, avec nos différences de sensibilité - ecclésiale, spirituelle, culturelle et autres - et il nous convie dans sa maison à l’unique table eucharistique, pour que nous constituions ensemble le nouveau Peuple Saint, « annonçant, chacun dans nos langues, les merveilles de Dieu (Ac 2,11) ».
Posons ouvertement la question que nous pensons secrètement sans oser la formuler : le Fils de Dieu venu dans le monde n’avait-il pas mieux à faire que de « perdre son temps » à festoyer avec des gens peu fréquentables ? Si l’évangéliste nous rapporte cet épisode, c’est sans aucun doute parce que le comportement pour le moins surprenant de Jésus contient encore un enseignement salutaire : et si pour le Seigneur, la koinonia entre ses enfants constituait précisément le but de sa mission ? N’est-il pas venu « rassembler les enfants de Dieu dispersés » ? L’attitude de Jésus ne voudrait-elle pas nous apprendre que c’est dans la proximité disponible envers ceux qui nous entourent, les recevant et les aimant tels qu’ils sont dans la tendresse et la miséricorde, que nous participons à la construction du Royaume ?
Les hommes ne sont hélas pas prêts à s’engager sur une telle voie : la convivialité va bien vite poser problème. Les scribes se scandalisent : « Cet homme est un faussaire, car s’il était vraiment un Rabbi, il saurait qu’il se rend impur en côtoyant comme il le fait des pécheurs alors que la Loi le lui interdit formellement ». Le reproche est prononcé à voix suffisamment haute pour couvrir le bruit de la salle commune et parvenir aux oreilles de Jésus, qui répond par un dicton de sagesse populaire et profane : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades ». Délicatement, le Seigneur évite de faire la leçon à ces notables, pour ne pas les humilier devant les autres ; il leur cite un proverbe qu’ils connaissent bien et qui explicite le motif de son comportement en termes de compassion. Et pour bien souligner que cette attitude est au cœur même de son ministère, il ajoute : « Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs ». Jésus ne confond pas les deux catégories, il ne prétend pas que les pécheurs qui sont attablés avec lui sont des justes ; mais il se déclare envoyé vers eux afin de les ramener sur le chemin de la justice. Non pas la justice promise à ceux qui observeraient scrupuleusement la Loi, mais celle à laquelle conduit la foi en sa Personne.

« Seigneur, puisse l’image bouleversante d’un Dieu attablé avec les pécheurs, nous guérir de tous nos préjugés, et nous donner la force de ne jamais désespérer de ta miséricorde ni pour nous, ni pour aucun de nos frères. »


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