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 - 12 mai 2025 - Sainte Epiphane
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Homélie

Saint Antoine, abbé,

« Le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat ». Une telle formulation est vraie pour toute loi. C’est un simple énoncé de sagesse, qui recommande simplement une application raisonnable de la loi. Elle doit rester au service de l’homme, au service de la vie.

Mais dire que « le Fils de l’homme est maître du sabbat » ébranle l’univers juif.

En effet, le sabbat est d’abord une invitation à l’imitation. En Gn 1, Dieu s’arrête ; il convient donc que l’homme s’arrête aussi. Faire sabbat est imiter Dieu dans son repos de Créateur. Qui est donc le Fils de l’homme pour être se rendre maître de ce rapport d’imitation avec notre Créateur ?

Interroger cette relation dépasse vite l’enclos d’un champ de blé. L’évangile nous invite à dépasser les frontières des évidences et des lois qui contraignent l’univers des hommes pour rejoindre le lieu intime où naît l’exigence du sabbat. Il nous faut comprendre la distinction entre le sabbat de l’homme et le sabbat de Dieu.

Dieu s’arrête au terme d’un accomplissement, au seuil de l’achèvement. Mais quel est l’homme qui peut considérer le dénouement de sa propre œuvre ? Quel est l’homme qui peut se prétendre au soir du 6ème jour ? Notre vie n’est qu’une continuité d’arrêts et de reprises. Pour l’homme, il faut sans cesse arrêter son œuvre et toujours répéter le sabbat.

Soyons francs : ces arrêts successifs brisent l’élan spontané de la vie. Il n’y a qu’à voir la difficulté que nous avons à marquer sérieusement le jour du Seigneur, pour nous en convaincre. Ce n’est pas de l’insoumission consciente, mais pourquoi arrêter la construction d’un monde meilleur alors qu’il reste tant à faire ? L’exigence de la loi apparaît donc comme une mort s’opposant au jaillissement de la vie. Pourtant, sans les frontières marquées par la loi de Dieu, point de vie. Le sabbat est donc une blessure pour l’homme : contraindre la vie pour sauvegarder la vie ! Apparente contradiction difficile à tenir pour l’homme.

Jésus nous invite à dépasser ces raisonnements terre-à-terre et à nous élever en profondeur. Le sabbat est rupture dans notre temps parce qu’il oppose conquérir et habiter. Le sabbat rassemble, c’est sa première vertu. On se retrouve ensemble sous le toit du père. L’esclave est traité ce jour-là comme le fils, et le fils est ramené dans la maison de son père. Voilà qui est digne de marquer un arrêt !

Certes, ce bienfait pourrait encore être perçu comme un danger. Le fils pourrait se venger, même à son insu, d’être retenu dans son dynamisme vital : pourquoi aller retrouver son père quand le monde est à bâtir ? Mais la problématique est la même : un monde à bâtir ou un monde à conquérir ? Celui qui bâtit s’arrête un jour pour habiter. Celui qui conquiert court toujours et meurt. L’arrêt dans la construction est une bonne purification du désir de l’œuvre envisagée. Le sabbat est une brèche dans la tour de Babel.

D’ailleurs le fils n’est pas plus contraint que le père. Tous deux sont sous le joug de la même obligation. Car Jésus nous révèle que le père qui rassemble est le Père des Cieux. Devant lui tous sont égaux. L’esclave retrouve la liberté du fils, le fils est revêtu de l’autorité du père.

Telle est l’aventure spirituelle où Jésus nous invite, tel est le rythme saint qu’il désire pour nos vies. Le sabbat purifie l’élan du désir et construit l’avenir. Le sabbat est pur présent. En cela, il fait franchir la distance entre l’homme et Dieu, il introduit l’homme dans le présent de Dieu, il est le jour du Messie, le jour du Seigneur.

Le vrai sabbat est donc la fin des temps. Il est alors évident que seul le Fils de l’homme en est le maître. Et nous en lui.


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