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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

jeudi, 2ème semaine du temps Ordinaire.

Le passage que nous offre la liturgie de ce jour constitue ce qu’on appelle en langage technique un « sommaire ». Saint Marc use abondamment de ce procédé littéraire pour assurer la transition entre les différentes sections de son récit. Comme le nom l’indique, un « sommaire » résume en quelques lignes les événements relatés dans les passages précédents, et annonce le développement qui va suivre. En même temps, il suggère l’atmosphère qui préside à la suite des événements.
Le repli stratégique de Jésus devant l’hostilité croissante des pharisiens, le ramène au point de départ de sa mission : les bords du lac de Galilée. Mais si au premier chapitre Jésus marchait seul sur le rivage, appelant ses premiers disciples à sa suite, il revient cette fois accompagné d’une foule nombreuse, dont l’évangéliste prend la peine de préciser la provenance. Sans doute le fait-il pour souligner auprès de ses auditeurs venus du paganisme, que dès la première mission de prédication, les païens accourus des nations environnantes - Idumée, Transjordanie, Tyr, Sidon - se sont joints aux « gens de Judée et de Jérusalem ». Car « ils avaient appris tout ce qu’il faisait et ils vinrent à lui » - sous-entendu pour se faire guérir, comme le confirme le verset suivant : « il (Jésus) avait fait beaucoup de guérisons, si bien que tous ceux qui souffraient de quelque mal se précipitaient sur lui pour le toucher ».
Les verbes grecs utilisés par Saint Marc suggèrent plus qu’un simple enthousiasme : l’excitation de la foule semble difficile à contenir, au point de constituer un réel danger. Aussi Jésus juge-t-il bon de faire tenir une barque à sa disposition afin de ne pas « être écrasé ». On ne peut s’empêcher de ressentir un malaise devant cette effervescence : de toute évidence, ces hommes et ces femmes ne viennent pas écouter les enseignements d’un Maître dont la parole fait autorité (1, 27) ; mais ils « se précipitent » sur un thaumaturge dans une bousculade qui risque de dégénérer en crise d’hystérie collective.
Le bilan n’est décidément pas très encourageant, malgré l’apparent succès de la mission de prédication de Jésus : alors que les chefs religieux complotent avec les hérodiens sur la manière dont ils vont pouvoir « faire périr » (3, 6) ce Rabbi aux idées révolutionnaires qui prétend être « Maître du sabbat » (2, 28) et s’arroge le pouvoir de pardonner les péchés (2, 5), la foule menace elle-aussi le Seigneur par sa fébrilité incontrôlée. Face à l’hostilité avouée des pharisiens et au danger que représente la foule indisciplinée, Jésus est seul, entouré seulement de quelques disciples inexpérimentés. Et comme si cela ne suffisait pas, les esprits mauvais viennent ajouter leur grain de sel, se prosternant devant lui et criant : « Tu es le Fils de Dieu ! » Cette mise en scène et cette proclamation ambiguës sont clairement destinées à fournir des arguments aux pharisiens qui pourraient ainsi accuser Jésus de blasphème ; de plus, en entourant Notre-Seigneur d’une aura sacrale, ces cris excitent davantage encore la fièvre hystérique de la foule, dont l’engouement risque de prendre une teinte superstitieuse. Bref, le démon lui aussi s’en mêle pour exciter les passions, jeter la division et augmenter la confusion, conformément à sa manière habituelle d’agir.
Le sommaire n’est décidément pas très optimiste. Apparemment tout va bien : le succès populaire est au rendez-vous, les guérisons attirent du monde, les chefs religieux sont réduits au silence devant la Sagesse de Notre-Seigneur, et les esprits impurs reconnaissent qu’ils ont trouvé leur Maître. Mais derrière cette façade triomphante, se trament des complots criminels qui vont éclater bientôt au grand jour. Les acteurs de ces stratégies homicides n’auront aucune peine à entraîner la foule versatile, qui ne sait pas vraiment qui est ce Jésus de Nazareth. Notre-Seigneur est conscient de tout cela et connaît la fragilité de ces commencements. Aussi dans la section qui s’ouvre par ce sommaire, verrons-nous Jésus structurer le groupe des disciples et se donner corps et âme à l’instruction de la foule, donnant la priorité à la prédication sur les miracles, afin de tenter d’ouvrir les yeux de ses interlocuteurs sur les vrais enjeux de sa mission.

« Loué sois-tu Seigneur Jésus pour ton infinie patience avec nous ! Car nous ne sommes guère plus ouverts à ton message que ne l’étaient tes contemporains. Trop attachés à nos conceptions religieuses, nous résistons à ta Parole et faisons la sourde oreille pour ne pas entendre les exigences de la charité. Comme la foule nous désirons du merveilleux : des miracles et des guérisons ; mais nous oublions qu’ils sont des signes de la proximité du Royaume, auquel on n’accède que par une radicale conversion de vie. Il nous arrive bien de nous prosterner devant toi et de proclamer “Tu es le Fils de Dieu”, mais cette confession ne nous conduit pas hélas, à accueillir vraiment ta seigneurie.
A la lecture de ces versets, nous prenons mieux conscience de la souffrance qui fut la tienne non seulement durant les heures sombres de la Passion, mais durant toute ta vie publique. Tu étais confronté à l’hostilité, au mépris, à l’incompréhension, à l’indifférence ; seul tu as porté le poids de notre péché. Donne-nous de pouvoir consoler ton Cœur de l’indifférence, du mépris voire de l’hostilité que te voue notre monde, en te rendant grâce, en te louant, en te bénissant dans l’Esprit, et en n’ayant pas peur de nous prononcer pour toi devant les hommes nos frères. »


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