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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

lundi, 3ème semaine du temps Ordinaire.

« Ce Jésus est possédé par Béelzéboul » : l’accusation est d’autant plus grave qu’elle émane des instances officielles. Saint Marc prend la peine de préciser en effet que ce sont des scribes « descendus de Jérusalem » qui prononcent cette sentence. Sans doute s’agit-il de la conclusion des commissions rassemblées dans la ville sainte pour réfléchir sur le cas de ce Rabbi galiléen un peu trop remuant. Peut-être même assistons-nous à la mise en place de la stratégie mortifère qui conduira à la condamnation de Jésus. Souvenons-nous qu’après les controverses autour du sabbat, « les pharisiens se réunirent avec les partisans d’Hérode contre lui pour voir comment le faire périr » (3, 6). Or si « c’est par le chef des démons que Jésus expulse les démons », alors il est passible de la condamnation à mort que la Loi réserve aux sorciers. Il est clair qu’une sentence aussi tranchée, émanant des responsables religieux, a dû semer le doute dans les cœurs.
« Les appelant près de lui » : Jésus met tout en œuvre pour amener ses accusateurs à la conversion ; il les invite même à devenir ses amis, puisque les termes utilisés par l’évangéliste sont ceux-là même par lesquels Notre-Seigneur avait « appelés près de lui » ses disciples. C’est donc avec bienveillance que Notre-Seigneur entame ce dialogue, qu’il conduit avec une admirable patience, se donnant la peine de démonter, au moyen de comparaisons très simples, l’accusation portée contre lui.
La force de toute société quelle que soit sa taille, réside dans sa cohésion, son unité interne, c’est-à-dire la communion de ses membres. Si une famille ou un royaume se divise, c’en est fini : ils ne tiendront pas dans l’adversité ; bien plus : ils s’écrouleront suite à leurs propres divisions internes. (La mention de « la famille » est sans doute un avertissement lancé par Jésus à sa parenté qui cherche à le ramener de force à Nazareth. Et peut-être également à l’Eglise de tous les temps, qui n’est jamais aussi vulnérable que lorsqu’elle est divisée intérieurement.) Il est donc impossible que « Satan expulse Satan », car « s’il s’est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut tenir ; c’en est fini de lui ». Or il n’est pas difficile de constater autour de nous et en nous, que le démon n’a hélas rien perdu de son pouvoir ! L’accusation portée contre Jésus ne tient donc pas.
Ayant réfuté l’argumentation erronée, Notre-Seigneur invite ses détracteurs à tirer la conclusion juste qui s’impose : si lui, Jésus, a effectivement autorité sur Satan et sur ses sbires ; s’il peut les chasser des malheureux en qui ils avaient fait leur demeure, c’est donc bien qu’il est « plus fort » (1, 7) qu’eux et que d’une certaine manière il les a « ligotés ». Or qui d’autre que le Messie de Dieu peut ainsi imposer son autorité aux démons ?
Notre-Seigneur conclut par une sentence solennelle introduite par l’« amen » annonçant les paroles de révélation : « Dieu pardonnera tout aux enfants des hommes, tous les péchés et tous les blasphèmes qu’ils auront faits - voilà une promesse de miséricorde qui est plutôt réconfortante - mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’obtiendra jamais le pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours ». Sur l’horizon de la controverse qui nous occupe, le « blasphème contre l’Esprit » semble renvoyer à l’aveuglement volontaire de ses interlocuteurs, qui refusent d’accueillir le témoignage que l’Esprit Saint porte à Notre-Seigneur, en lui donnant le pouvoir d’accomplir des miracles et de chasser les démons. Dieu n’exclut personne du pardon, mais ceux qui se détournent de Jésus alors qu’ils disposent de tous les éléments leur permettant de le reconnaître, se mettent eux-mêmes hors du rayonnement de la miséricorde. Le blasphème contre l’Esprit désigne donc le refus délibéré de coopérer avec la grâce dans le processus de conversion conduisant au salut. C’est en effet le même Esprit qui pousse Jésus au désert (1, 13) pour y affronter et vaincre le Satan ; et qui attire les hommes au Christ afin qu’ils puissent recevoir de lui en surabondance la miséricorde dont il dispose par sa victoire.

« Loué sois-tu, Seigneur Jésus : “Par ton bras très saint, par ta main puissante, tu t’es assuré la victoire” (Ps 97) ! Puissions-nous te rendre grâce à jamais. Ne laisse pas les sophismes de l’ennemi venir troubler notre cœur ou le poison du doute s’insinuer dans notre âme ; mais rends-nous forts dans l’Esprit pour le beau combat de la lumière et de la vérité. Donne-nous de fracasser sur le roc de la foi toute suggestion insidieuse qui nous pousserait à nous détourner de toi, Fils unique du Père venu établir l’Alliance Nouvelle et éternelle en ton Sang versé “pour nous et pour notre salut ”. Ne permets pas que par notre faiblesse ou notre malice nous soyons privés de “l’héritage éternel qui nous est promis” (He 9,15), mais fais de nous des témoins courageux et intrépides de la Bonne Nouvelle de la réconciliation : “Dieu pardonne tout aux enfants des hommes, tous les péchés et tous les blasphèmes qu’ils ont faits” ! »


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