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 - 21 avril 2024 - Saint Anselme de Cantorbéry
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Homélie

jeudi, 5ème semaine du temps Ordinaire.

Jusqu’ici, dans l’évangile de saint Marc, Jésus avait essentiellement parcouru la Galilée. Il n’avait fait qu’une incursion très rapide et en partie avortée en terre païenne, dans la région de la Décapole (Mc 5,1-10). Pour la première fois, il va sortir hors de la terre d’Israël pour se rendre dans la région de Tyr, en Syro-Phénicie, et faire un séjour prolongé en plein territoire païen.

Cette décision de Jésus n’allait pas sans poser de problème car on sait combien une haine féroce opposait les juifs aux païens à cette époque. Selon la Loi de Moïse, aucun contact n’est toléré avec eux. Et voilà, Jésus qui rentre pourtant dans une maison païenne, faisant en sorte, vu ce contexte d’animosité entre juifs et païens, que personne ne le sache. Cependant, nous dit l’évangile, « il ne réussit pas à se cacher. »
Une femme « païenne », précise bien saint Marc, vient se jeter à ses pieds pour l’implorer de libérer sa fille de l’esprit mauvais qui l’assaille. Quelle confiance et quelle audace chez cette femme qui ose venir ainsi aborder ce rabbi juif (cf. v. 25) !

C’est alors que Jésus va saisir l’occasion de cette rencontre pour faire rayonner tout l’éclat de sa judéité. Car, en exauçant cette païenne, cette étrangère, cette non-juive, Jésus va conduire le judaïsme jusqu’au bout.
Le vrai juif sait, en effet, que le pain qu’il détient est pour tous. Mais pour le toucher, il faut avoir la foi. C’est dans cette perspective qu’il nous faut interpréter la réponse de Jésus à la demande de la syro-phénicienne. Elle n’est pas une fin de non recevoir. Non, elle est une invitation pour cette femme à passer d’une demande païenne, cherchant uniquement une guérison, à une prière de foi qui accueille la guérison comme une surabondance de la bonté du Seigneur, comme une œuvre de salut au cœur même de la contingence de son histoire.
Le parallèle de saint Matthieu à cet épisode, qui mentionne la réaction des disciples, fait ressortir avec encore plus d’éclat cette intention de notre Seigneur. Ne voulant pas être dérangés, les disciples suggèrent à Jésus une guérison expéditive qui les libérerait des cris de cette femme. Mais, répondre ainsi à sa détresse ce serait la cloîtrer dans sa condition païenne et l’empêcher d’accéder à la foi et par elle au salut qui vient d’Israël. Répondre ainsi à cette femme ce serait l’enfermer dans un particularisme et, par voie de conséquence, se condamner à rester replié dans sa propre particularité. En conduisant cette femme jusqu’à confesser sa foi, nous voyons que Jésus vient révéler à ses disciples le véritable sens de leur judéité, de leur élection qui a vocation universelle.

C’est donc en tant que juif que Jésus ouvre à l’universel. Et ici, cela est d’autant plus manifeste qu’il ne renie pas la particularité d’Israël pour exaucer cette femme. Bien contraire, il la met en avant : « il n’est pas bon de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens ». Par ces paroles, Jésus ne rabroue en rien cette femme. Si nous en doutions, l’épithète « petit », utilisé par Marc pour atténuer le terme de « chien » utilisé par les juifs pour désigner les païens, nous convaincra du contraire. Par ces mots, Jésus invite cette syro-phénicienne à reconnaître la particularité d’Israël en tant que peuple élu et à reconnaître que c’est parce qu’Israël est Israël qu’elle peut, elle, avoir accès au salut. Rappelons-nous ces paroles mêmes de Jésus dans l’évangile de saint Jean : « le salut vient des juifs » (Jn 4,22).
Et c’est bien ce qu’elle reconnaît par ces paroles : « C’est vrai Seigneur ; mais justement, les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des petits enfants ». Elle qui se sait païenne, confesse que les seules miettes tombées de la table des merveilles de Dieu pour son peuple suffiront à la rassasier et à répondre à sa demande pour sa fille. Une telle profession de foi ne peut qu’appeler la guérison et le salut : « A cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille ».

« Seigneur, donne-nous la même audace que cette femme, la même foi qui tiendra greffées les branches de l’olivier sauvage que nous sommes sur le tronc de l’olivier franc (Cf. Rom 11, 20). Pour ceux qui se reconnaissent en toi fils d’un même Père, il n’y a plus désormais ni juif, ni païen, ni esclave, ni homme libre, ni homme, ni femme, car tous nous ne faisons plus qu’un en toi (Cf. Ga 3,27-28). Que cette union à toi dans la foi et dans l’amour appelle sur nous ton salut ! »


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