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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

6ème dimanche du temps Ordinaire.

La lèpre revêt une valeur symbolique très forte dans l’Ancien Testament qui ne connaissait aucun remède à ce terrible fléau. Afin d’arrêter sa diffusion parmi ceux qui étaient sains, il condamnait le lépreux à une existence de solitude qui l’excluait totalement de la société. Un véritable enfer ! Le portrait du lépreux que dresse la Loi de Moïse accuse nettement son exclusion : « Le lépreux atteint de cette plaie portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre, il se couvrira le haut du visage jusqu’aux lèvres, et il criera : ‘Impur ! Impur !’ Tant qu’il gardera cette plaie, il sera impur. C’est pourquoi il habitera à l’écart, sa demeure sera hors du camp » (Cf. 1ère lecture).

Mais, bien plus qu’un mal horrifiant qui défigure l’homme, la lèpre était considérée comme un mal religieux qui le ronge à un niveau plus existentiel. Elle était le symbole du péché et certains allaient même jusqu’à lui donner le caractère de châtiment divin. C’est aussi pour cette raison que le lépreux était banni, rejeté comme un mort ambulant, source d’impureté c’est-à-dire de non-communion avec Dieu comme avec les hommes.

Il est clair que sa guérison ne pouvait être attribuée qu’à Dieu seul. Le geste de Jésus qui vient toucher le lépreux dans l’évangile et lui adresse une parole de vie est donc hautement significatif sur sa messianité et son identité divine. Par cette guérison, Jésus manifeste qu’il est le Fils de Dieu venu prendre sur lui le mal physique et moral de tout homme, son isolement, sa mise à l’écart de la société, mais aussi le mal de son péché.

L’évangile nous dit que Jésus est « pris de pitié devant cet homme », littéralement « ému jusqu’aux entrailles » comme le père qui accueille le retour du fils prodigue dans l’évangile de saint Luc (Cf. Lc 15). En Jésus, c’est le cœur du Père qui se penche vers tout homme pour franchir la distance que par son péché il avait établie entre lui et Dieu.
« Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : ‘Je le veux sois purifié’ » : En Jésus, la main du Père s’est avancée jusqu’à toucher l’impureté de notre humanité marquée par le péché pour la purifier et la recréer.
Et comment Jésus recrée ? En prenant sur lui le mal qui affecte l’homme. En effet, l’évangile nous dit que Jésus, après que le lépreux ait transgressé son avertissement de ne rien révéler, se voit dans l’obligation d’éviter les lieux habités. Autrement dit, Jésus retrouve les lépreux qui étaient exclus des villes et autres lieux d’habitation. Jésus devient lépreux à notre place, il devient lui-même l’exclu qui sera crucifié hors de la ville, le serviteur souffrant qui prend sur lui la lèpre de son peuple (Is 53, 4 ; traduction de la Vulgate). Jésus nous sauve en prenant sur lui le mal qui nous séparait de notre Père du ciel pour nous communiquer en échange sa vie, nous réconcilier avec Lui et nous réintroduire ainsi dans le monde des vivants : « Je le veux, sois purifié » (Cf. Evangile).

Que faisons nous de la lèpre de notre péché qui nous isole de Dieu et de nos frères ? Osons-nous l’exposer à Jésus en lui criant notre désir d’être guéri : « Seigneur si tu le veux, tu peux me purifier » ? Alors que par nous-mêmes nous ne voyons pas comment être libéré de notre lèpre, croyons-nous que Jésus peut nous guérir ? Croyons nous qu’en Jésus-Christ, Dieu n’est pas venu pour juger ou condamner mais pour pardonner, libérer et sauver ? Avons-nous cette audace de crier vers lui comme nous y invite le psaume, dans la foi que Dieu ne reste pas indifférent à nos appels, que « des hauteurs de son sanctuaire, il se penche et regarde la terre, pour entendre la plainte des captifs et libérer ceux qui étaient condamnés à la mort » (Cf. Psaume) ?

Jésus continue aujourd’hui à étendre la main et à guérir ses enfants, tout d’abord et en premier lieu à travers les sacrements. Une foi illuminée devrait nous conduire à expérimenter chaque sacrement comme un contact vital avec le Seigneur, transformant et sanctifiant, à l’image de celui qu’il eut avec le lépreux de l’évangile. Avoir cela présent à la conscience lorsque nous nous approchons de la communion eucharistique ou du sacrement de la Réconciliation, nous permettrait sans doute d’en cueillir beaucoup plus de fruit spirituel.

Mais Jésus veut aussi prolonger son geste de miséricorde et de récréation à travers chacun de nous. A nous qui avons bénéficié de sa miséricorde, Dieu nous invite à être ses mains et sa voix auprès de tous les exclus de notre temps, de tous ceux qui souffrent la maladie physique, morale ou spirituelle. C’est ce qu’avait compris l’Apôtre Paul et qu’il nous invite à vivre dans la deuxième lecture de ce dimanche lorsqu’il nous dit : « Faîtes comme moi : en toutes circonstances je tâche de m’adapter à tout le monde ; je ne cherche pas mon propre intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés. Prenez-moi pour modèle ; mon modèle à moi c’est le Christ. »

« ‘Je le veux, sois purifié’ : puisse ta Parole résonner aujourd’hui à nos oreilles. Oui, c’est librement que tu viens nous guérir, c’est là ton désir le plus profond : nous libérer de nos morts en allant jusqu’à les toucher, les traverser, les prendre sur toi pour nous communiquer ta vie et nous réintroduire dans le monde des vivants. Avec reconnaissance, nous voulons accueillir ta condescendance et nous en faire les canaux auprès de nos frères qui souffrent physiquement, moralement et spirituellement. »


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