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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

jeudi, 6ème semaine du temps Ordinaire.

Nous sommes très précisément au milieu des 16 chapitres que comporte le second évangile. Saint Marc commençait son récit par ces mots : « Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu » (Mc 1,1). Cette affirmation solennelle est en même temps l’annonce d’un programme : le but de l’Evangile est de nous permettre de vérifier le bien-fondé de cette confession de foi. En proclamant que Jésus « est le Messie », c’est-à-dire le Christ, saint Pierre ratifie la première partie de la déclaration inaugurale. Il faudra attendre la fin du récit pour que le centurion s’écrie : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu » (Mc 15,39), confirmant ainsi le second volet du kérygme initial.
La confession de foi de Pierre à Césarée (8, 27-32) marque une charnière dans l’évangile selon saint Marc : elle constitue l’aboutissement de l’enquête sur l’identité de Jésus, tandis que l’annonce de la Passion (8, 31-33) indique la suite vers laquelle va désormais s’acheminer le récit. La réaction négative de Pierre, et la réplique cinglante de Jésus, montrent clairement que la véritable identité ne sera révélée qu’à la Croix, lieu du dévoilement ultime et définitif du mystère de la Personne de « Jésus-Christ, le Fils de Dieu ».
Le lieu géographique du dialogue entre Pierre et son Maître n’est sans doute pas indifférent : Césarée de Philippe, la ville impériale près de la source du Jourdain, se situe à la limite nord de la Galilée, et donc à l’extrême nord du pays d’Israël. C’est à la frontière des terres païennes que commence la révélation de l’identité messianique de Jésus, et c’est un païen qui achèvera de formuler cette identité, en « voyant comment il avait expiré » (Mc 15,39).
La question abordée par Notre-Seigneur lui-même, émerge logiquement de ce qui précède : l’évangéliste nous a jusque-là rapporté les réactions contrastées de la foule : les témoins étaient tour à tour « saisis de frayeur » (1, 27), « frappés d’étonnement » (6, 2), « dans l’admiration » (5, 20), « complètement bouleversés » (5, 42). Mais « pour ces gens, qui est Jésus ? » L’écho de la rumeur publique rapportée par les disciples ne nous apprend rien de nouveau : nous l’avions déjà entendue dans l’entourage d’Hérode (6, 14-16). Le peuple reste donc dans le flou quant à l’identité de ce Rabbi, malgré tous les signes qu’il a accomplis sous ses yeux. Après ce constat à vrai dire peu encourageant, Notre-Seigneur sollicite avec insistance l’opinion de ses proches ; la formulation de sa question semble supposer qu’il attend de leur part une prise de positon plus claire : « Mais vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre se risque à proposer une réponse, mais contrairement à ce que nous trouvons dans le récit parallèle de Mattieu, elle ne suscite pas de félicitation de la part de Jésus. Notre-Seigneur ne renie pas la confession de son Apôtre - à laquelle les autres disciples semblent adhérer - mais « il leur défend vivement de parler de lui à personne ». Sans doute n’était-il pas prudent de faire allusion au titre de « Messie » devant les foules, car elles auraient projeté sur Jésus leur rêve d’un royaume messianique politique et terrestre. La suite du récit suggère que les proches du Seigneur se situent eux-mêmes dans cette perspective : Pierre se permet de « faire de vifs reproches » à son Maître lorsque celui-ci fait allusion aux souffrances qu’il aura bientôt à endurer à Jérusalem. Ce faisant, Pierre prend bien involontairement le relai du Satan, qui au désert avait déjà tenté Jésus sur ce point ; aussi Notre-Seigneur est-il obligé de rabrouer son apôtre.
Saint Marc précise que « Jésus se retourna et voyant ses disciples (interpella vivement Pierre) » : c’est en contemplant ses compagnons - parmi lesquels il entrevoit déjà chacun d’entre nous - que Notre-Seigneur puise la force de résister à la tentation, de dépasser son horreur de la Passion à venir, et de choisir d’aller jusqu’au bout de sa mission.
« Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Que les pensées de Satan ne coïncident pas avec celles de Dieu ne nous étonne guère, mais il est plus inquiétant d’entendre que l’Ennemi n’a même pas à déployer un discours qui lui soit propre pour nous égarer en matière religieuse : il lui suffit pour nous perdre, d’emprunter « les pensées des hommes », c’est-à-dire nos propres pensées, lorsqu’elles se développent hors de la lumière de la Révélation.

« Seigneur tu nous as dit clairement que “personne ne connaît le Fils sinon le Père” (Mt 11,27). Ne permets pas que la suffisance nous égare et que nous ayons la présomption de parler de toi à partir de nos évaluations et de nos raisonnements humains. Rends-nous dociles à l’Esprit Saint : qu’il nous “introduise dans la vérité tout entière” (Jn 16,13), et nous donne de proclamer avec assurance que tu es le “Christ, le Fils du Dieu vivant”. »


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