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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

lundi, 8ème semaine du temps Ordinaire.

Tout est singulier dans ce récit, à commencer par la démarche de cet homme qui « accourt » vers Jésus - il est donc en hâte - et lui barre la route en « se laissant tomber à genoux devant lui », attitude que seul les lépreux adoptent dans l’Evangile. Son comportement tranche avec celui des scribes et pharisiens, qui n’engagent avec le Maître que des discussions académiques dans lesquelles ils ne s’impliquent pas personnellement. La question du jeune homme, tout au contraire, est formulée à la première personne : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Généreusement, il se déclare disponible à payer le prix qu’il faudra, pour acquérir la perle de grand prix, à savoir la « vie éternelle ». Probablement a-t-il écouté et médité les paraboles du Royaume que proposait Jésus durant ses prédications itinérantes ; sans aucun doute a-t-il été séduit par la compassion qui rayonne de sa Personne, suscitant sur son passage des guérisons en grand nombre. Il est en tout cas le seul dans tout l’Evangile, à interpeller Jésus sous le titre de « Bon Maître ». Vu la suite du récit, on peut penser que Notre-Seigneur a immédiatement discerné la qualité de son interlocuteur ; aussi la remarque « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Personne n’est bon sinon Dieu seul » ne doit-elle pas être entendue comme un reproche, mais plutôt comme une invitation à aller jusqu’au bout de son intuition : « Si tu es sincère en disant que je suis “bon”, tire donc la conclusion de ta remarque, et tu découvriras que tu ne t’adresses pas à un “Maître” de sagesse, mais au Messie ». Jésus poursuit en lui rappelant quelques préceptes fondamentaux de la Torah, portant principalement sur la rectitude des relations à autrui. Il détourne ainsi son regard d’une recherche de perfection dans l’accomplissement rigoureux des prescriptions légales, pour le ramener au précepte de la charité. Devant la réponse de l’homme, simple et sincère, Jésus « se mit à l’aimer » ; aussi l’invite-t-il à franchir la distance qui le sépare encore de lui et à le rejoindre dans les rangs de ses disciples ; ce qui implique de partager leur pauvreté, condition d’accès à la vraie richesse. Jusqu’à ce jour en effet, le jeune homme devait sans aucun doute verser aux démunis ce que prescrivait la loi, mais tout en restant lui-même un riche, « car il avait de grands biens ». Ce que Jésus lui propose, c’est de faire comme lui : c’est-à-dire de ne plus seulement être le bienfaiteur lointain de ses frères dans le besoin, mais de les rejoindre dans leur condition, tant il est vrai que l’amour se fait semblable à celui qu’on aime.
« Va, donne tout ce que tu as aux pauvres, puis viens, suis-moi » : comme nous le rappelle Benoît XVI dans sa première Encyclique, le statut de disciple est indissociable de la solidarité avec les plus pauvres, qui doivent jouir de son amour préférentiel. Une religiosité qui se limiterait à une quête de perfection, ne conduirait qu’à une autoglorification stérile et ne ferait pas avancer le Royaume. En quelques mots, Jésus vient de souligner la spécificité du chemin de l’Evangile : la sainteté ne consiste pas dans une intériorité aseptisée, qui se serait isolée des autres et de leurs exigences ; elle exige tout au contraire d’entrer dans une réelle compassion envers tous ceux que le Seigneur met sur notre route. Le Pape n’hésite pas à nous mettre vigoureusement en garde : « Si dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant seulement être “pieux” et accomplir mes “devoirs religieux”, alors même ma relation à Dieu se dessèche. Cette relation est seulement “correcte”, mais sans amour. Seule ma disponibilité à aller à la rencontre du prochain, à lui témoigner de l’amour, me rend aussi sensible devant Dieu. Seul le service du prochain ouvre mes yeux sur ce que Dieu fait pour moi et sur sa manière à lui de m’aimer. Les saints - pensons par exemple à la bienheureuse Teresa de Calcutta - ont puisé dans la rencontre avec le Seigneur dans l’Eucharistie leur capacité à aimer le prochain de manière toujours nouvelle, et réciproquement cette rencontre a acquis son réalisme et sa profondeur précisément grâce à leur service des autres » (Deus caritas est, 18). Sachons nous aussi nous « laisser tomber à genoux » devant Jésus Eucharistie, et croiser son regard plein d’amour : c’est là que nous puiserons la force des détachements qui s’imposent pour que nous puissions devenir des disciples selon son cœur.

« Seigneur, toi qui nous as aimés le premier, achève en nous ce que tu as commencé et donne-nous de pouvoir te répondre amour pour amour. Tu le vois : nous sommes incapables de quitter nos fausses sécurités pour nous exposer aux besoins de nos frères. Mais à toi, tout est possible : donne-nous la force de nous arracher à nous-mêmes, afin de pouvoir goûter la paix et la joie de ceux qui ne s’appartiennent plus, car ils ont pleinement accueilli la seigneurie de l’Esprit d’amour dans leur vie. »


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