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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

jeudi, semaine de Carême.

La liturgie de ce jour nous dévoile sans plus attendre l’horizon de ce temps de carême : suivre le Christ sur le chemin de sa Passion, afin d’avoir part à sa résurrection. Jésus ne nous cache pas les exigences de la route : « celui qui veut marcher à ma suite » devra « renoncer à lui-même et prendre sa croix chaque jour ». Non seulement, le Seigneur ne nous décharge pas de notre croix, mais il nous invite à la saisir résolument, malgré notre aversion spontanée. Comme il ne pouvait pas supprimer la souffrance sans anéantir notre liberté, Dieu est venu la porter avec nous, afin que par ce mystère de solidarité elle devienne le lieu d’une plus grande intimité avec lui.
Remarquons bien que Jésus ne fait pas directement allusion aux croix qui s’imposent à nous : maladie, handicap, revers de fortune, trahison de l’amour, perte d’un être cher, etc. Il nous invite plutôt à avoir le courage de saisir une autre croix : celle qui consiste à « renoncer à nous-mêmes », c’est-à-dire à notre individualisme, avec son cortège d’égoïsme, d’indifférence, de replis sur soi, au détriment de la charité.
L’enjeu est de taille : il s’agit ni plus ni moins de « sauver » sa vie ou de la « perdre ». Mais contrairement à ce que suggère l’esprit du monde, c’est en perdant notre vie, c’est-à-dire en la donnant sans compter à ceux qui la réclament, que nous la préservons ; et c’est en faisant tout pour « en profiter », que paradoxalement nous la perdons. Car « seule la charité subsistera » (1 Co 13, 8) ; ou pour le dire autrement : seuls les actes que nous aurons accomplis en synergie avec l’Esprit Saint, subsisteront dans le Royaume. « Amor meus, pondus meus » disait Saint Augustin : mon « poids » - ma valeur - devant Dieu sera à la mesure de l’amour que j’aurai mis dans ma vie.
La première lecture nous mettait déjà solennellement devant l’option décisive : la vie et la mort sont à notre portée ; nous sommes les artisans de notre propre bonheur comme de notre malheur : à nous de choisir. Dieu nous invite, nous exhorte, nous supplie de choisir la vie, mais ne nous impose rien : nous sommes maîtres de notre destinée ; nous avons reçu en quelque sorte pouvoir sur nous-mêmes, et cette dignité a été traditionnellement interprété comme une participation à la seigneurie et à la royauté divines.
N’allons pas croire que le Seigneur nous demande des choses extraordinaires : nous risquerions d’en tirer orgueil - ou alors nous prendrions prétexte de notre impuissance pour ne pas nous engager à sa suite. Son attente est bien plus simple : « Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent, mais se plaît dans la loi du Seigneur ! Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage de meurt » (Ps 1). Ce que Dieu désire, c’est que nous demeurions fidèles dans les petites choses de la vie, les accomplissant de tout notre cœur pour l’amour de son Nom et le service de nos frères, dans le détachement des fruits de nos actions, renonçant à toute ambition démesurée et à la vaine gloire.
Il est bon en ce début de carême, de redire le « oui » de la confiance, de l’espérance et de l’amour. Notre vie c’est le Christ ; notre bénédiction c’est le Christ ; notre fécondité c’est le Christ : « attachons-nous à lui » sans partage ; et signifions l’authenticité de notre résolution en consentant joyeusement à l’effort quotidien de renoncement qui est demandé à tous ceux qui ont accepté de prendre leur croix à sa suite.

« Père Saint, tu ne nous demande rien d’autre que de “t’aimer, de marcher dans tes chemins, de garder tes commandements” (1ère lect.) ; mais cela déjà est trop pour nous. Tu sais combien nos cœurs sont instables, prompt à se détourner de toi, se laissant entraîner à se prosterner devant les idoles de ce monde. Pourtant je veux en ce jour choisir la vie en t’aimant, en écoutant ta voix, en m’attachant à toi. Viens au secours de ma faiblesse, sois toi-même le garant de ma fidélité, je te le demande par “Jésus-Christ, le Témoin fidèle, le Premier-né d’entre les morts, le Prince des rois de la terre. Lui qui nous aime et nous a lavés de nos péchés par son sang, il a fait de nous une Royauté de Prêtres, pour toi, Dieu son Père ; à lui donc la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen” (Ap 1,5-6). »


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