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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

vendredi, 1ère semaine de Carême.

Le rapport entre la justice et la miséricorde est au cœur de la liturgie de ce jour. La « justice des scribes et pharisiens », qui se fonde sur la tradition des anciens, est contractuelle : la Loi de Dieu exige d’exclure le meurtre de la vie sociale ; si quelqu’un transgresse cette loi, « il en répondra au tribunal », qui lui infligera une juste peine, c’est-à-dire une punition proportionnée à sa faute en tenant compte des conditions dans lesquelles l’acte a été commis. Jésus ne récuse pas l’application d’une telle justice - qui est encore celle de nos sociétés - mais il la déclare insuffisante pour accéder au Royaume. Pour éviter que la justice ne dégénère en son contraire, il est indispensable qu’elle soit animée par l’amour. Or la charité exige de respecter l’autre non seulement dans son intégrité physique, mais également dans son intégrité morale, c’est-à-dire dans sa réputation. Aux yeux de Dieu, celui qui ne respecte pas ce droit est passible lui aussi d’une condamnation, car il a enfreint le commandement de l’amour, qui résume toute la Loi.
Le crescendo dans les menaces proférées par Jésus - tribunal, grand conseil, géhenne - correspond au caractère de plus en plus délibéré du tort infligé. La colère est une passion de l’âme qu’il n’est pas toujours facile de juguler ; l’insulte peut encore être l’expression d’un mouvement impulsif ; mais la malédiction est un acte délibéré, et qui de plus prend le contre-pied de la parole de bénédiction que Dieu prononce sur ses enfants, « sur les bons comme sur les méchants ». C’est parce qu’il s’oppose au Dieu d’amour, que celui qui maudit son frère se condamne lui-même aux flammes dévorantes de la haine.
C’est au nom de cette dignité fondamentale de fils de Dieu, bien suprême qui doit à tout prix être reconnu et préservé, que Notre-Seigneur insiste encore dans le second volet de notre péricope, sur l’exigence de charité fraternelle. Nous ne nous tenons en effet jamais seuls devant Dieu ou « devant l’autel » : le Dieu auquel je rends un culte est le Père de tous les hommes. Comment pourrions-nous dès lors nous tenir en vérité devant Dieu, alors qu’un de nos frères « a quelque chose contre nous » ? Nous ne pouvons nous approcher de celui que Jésus nous a appris à nommer non pas « mon » Père, mais « notre » Père, qu’en entrant dans le cercle familial de ceux qui, par la foi, sont devenus ses fils et ses filles. Cette charité fraternelle couvre une multitude de péché : si quelqu’un honore le droit de son frère et lui rend justice en le respectant dans toute sa personne (cf. 1ère lect.), « on ne se souviendra pas des péchés qu’il a commis, il vivra à cause de la justice qu’il a pratiquée » (1ère lect.).
La conclusion s’impose : celui qui sème dans l’exigence légale récoltera le jugement ; celui qui sème dans la gratuité de l’amour récoltera la miséricorde en surabondance. Ou encore : être « juste » devant Dieu, consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû ; ce qui implique de traiter chacun de nos frères pour qui le Christ a versé son Sang, comme lui-même l’aurait fait.

« Seigneur, ouvre nos yeux sur notre pharisaïsme : nous nous drapons si facilement dans notre soi-disant “justice”, nous déchargeant sur d’autres du “davantage” de la charité, qui seule peut préserver notre monde de devenir un perpétuel champ de bataille. Certes “il n’y a pas de paix sans justice”, mais “il n’y a pas de justice sans pardon” (Jean-Paul II), c’est-à-dire sans amour. Donne-nous de prendre au sérieux notre responsabilité de témoins de l’espérance, en offrant généreusement ce qui n’est pas exigé par la stricte justice, simplement parce que tu es notre Père et que nous sommes tous frères. »


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