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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

mardi, 3ème semaine de Carême.

Prier, jeûner, faire l’aumône. Le programme était clairement annoncé dès le premier jour de notre carême. Nous en découvrons peu à peu la portée et le sens : guérir du péché. Un entraînement exigeant pour nous préparer à aimer autrement et davantage.

Aujourd’hui, Jésus explique clairement ce qu’il attend de nous. Notre guérison demande que nous apprenions à pardonner. Pour pardonner soixante-dix fois sept fois, il nous faut dépasser les conceptions qui font du pardon un événement rare et exceptionnel dans la vie spirituelle.

Telle est en effet notre idée. Pardonner si souvent procèderait, dirions-nous spontanément, d’un laxisme dangereux, d’un encouragement au vice. Il faut ne pas négliger les vertus de la correction. Nos tribunaux ne sont pas une mauvaise chose, ils aident à l’harmonie de la société. Il y a d’ailleurs une vertu pédagogique à la punition, tous les parents le savent. Et surtout, il y a pardon et pardon. Prendre les exemples extrêmes le montre : un mari ou une épouse gravement trahis dans leur confiance n’auront pas la force de repartir dans une vie de couple restaurée pa le pardon soixante-dix fois !

Effectivement, il ne faut pas confondre pardonner et passer l’éponge, pardonner n’est pas refuser de donner de l’importance aux inévitables accrocs du quotidien. Jésus nous demande quelque chose de très exigeant et de très difficile humainement. Il en a conscience et il prend lui aussi un exemple extrême : il nous présente un serviteur ayant contracté une dette formidable envers son roi (il lui faudrait travailler des siècles pour rembourser 10 000 talents), et qui se trouve en outre le créancier d’un autre serviteur, un de ses compagnons, pour la somme dérisoire de 100 deniers (une poussière comparée à la précédente, qui représente environ 100 millions de deniers). La situation ne manque pas de contraste.

Le ressort de sa démonstration réside dans la conscience qu’a le serviteur des dettes qu’il a contractées. La rencontre qu’il fait avec son compagnon n’est pas glorieuse, mais n’est pas choquante en elle-même : l’homme perd patience, sans doute à force d’avoir réclamé son dû, et fait appel au juge, comme il en a le droit. Pourtant tout le monde est choqué, nous compris, et le roi se met en colère. Pourquoi ? Nos tribunaux n’ont-ils pas vocation à maintenir l’harmonie dans nos sociétés ? Laisser des dettes impayées sans réagir n’est-il pas la porte ouverte à un refus systématique d’honorer ses emprunts ?

Nous sommes choqués parce que l’homme n’a pas agit comme le roi l’a fait envers lui. Voilà l’enseignement de Jésus. Il ne nous dit pas « pardonnez parce que je vous le demande », il dit « pardonnez parce que Dieu vous a pardonnés ». Il n’attend pas de nous que nous nous comportions comme de simples hommes, mais comme Dieu lui-même !

En marchant vers Pâques, nous ne marchons donc pas seulement vers notre libération, mais vers une vie nouvelle, une vie royale. Nous sommes fils dans le Fils, c’est-à-dire que la grâce des sacrements reçus nous donne le pouvoir de faire des choses humainement impossibles, de nous comporter comme des rois, de nous comporter comme notre Dieu. Que le Seigneur Jésus, en qui nous pouvons accomplir le commandement de l’amour nous donne un cœur qui pardonne. Soixante dix fois sept fois.


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