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 - 21 avril 2024 - Saint Anselme de Cantorbéry
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Homélie

vendredi, 4ème semaine de Carême.

Au cœur de la péricope évangélique, surgit l’interrogation sur les origines de Jésus. Les habitants de Jérusalem sont perplexes : vu les prétentions qu’il affiche, Jésus est soit un blasphémateur, soit le Messie. Les chefs religieux avaient opté pour la première solution puisqu’ils avaient décidé sa mort. Le fait que Jésus enseigne librement dans le lieu saint, semble indiquer qu’ils aient changé d’avis. A moins qu’ils soient bien trop occupés à s’exhiber à la fête pour se soucier de ce qui se passe au Temple. D’ailleurs comment pourraient-ils reconnaître Jésus comme Messie, puisqu’on « sait d’où il est », alors que le Messie aura une origine mystérieuse ?
Entendant les murmures du peuple, « Jésus s’écria ». Le verbe utilisé est troublant, car il semble annoncer les cris de la foule réclamant la condamnation de Notre-Seigneur devant Ponce Pilate : « A mort ! A mort ! Crucifie-le ! » (Jn 19,15) A l’Heure de la grande épreuve, Jésus ne répondra plus rien aux accusations de blasphème : « Suivant la Loi, il doit mourir, parce qu’il s’est prétendu Fils de Dieu » (Jn 19,7). C’est donc bien la question des origines qui est déterminante. Dans le passage de l’Evangile de ce jour, Notre-Seigneur semble vouloir répondre par anticipation à ses juges ; il « crie » pour couvrir le tumulte et appeler à la conversion, qui consiste à reconnaître en lui l’Envoyé du Père : « “Je ne suis pas venu de moi-même : mais celui qui m’a envoyé dit la vérité, lui que vous ne connaissez pas”, car si vous le connaissiez, vous ne m’auriez pas condamné. Ainsi vos œuvres témoignent contre vous, puisqu’en méconnaissant le Fils, vous méconnaissez aussi le Père que vous prétendez servir ».
Le Messie est nécessairement un fils d’Israël habitant la Terre Sainte : on sait donc fort bien « d’où il sera » ; on connaît ses origines « d’en bas ». Cependant, si l’appartenance au peuple élu est condition nécessaire, elle n’est pas suffisante : le Messie est avant tout l’Elu de Dieu. La messianité relève d’une libre initiative divine et consiste en une relation particulière, unique avec le Très-Haut. C’est en ce sens que « personne ne saura d’où il est » ; lui seul pourra révéler son origine « d’en haut », et celle-ci ne sera accessible que dans la foi. L’appartenance de Jésus à l’Israël de Dieu est vérifiable empiriquement ; mais son origine divine demeure mystérieuse : elle relève du « croire », de la foi en sa Parole et en ses œuvres. De même que le pèlerinage au Temple de Jérusalem - et de manière générale : tout acte religieux - est vain s’il n’exprime pas un mouvement intérieur vers Dieu, de même la rencontre avec le Christ demeure stérile si elle n’achemine pas vers une célébration de la présence de Dieu en lui, reconnue dans la foi. On ne peut que regretter le succès de tant d’interprétations fantaisistes du Christ des Ecritures, qui en occultant le scandale du Dieu fait homme, privent nos contemporains de la grâce du salut.
Tout au long de ces quinze jours qui nous séparent de Pâque, l’Evangile de Jean va nous provoquer quotidiennement à nous situer dans le grand procès intenté à Notre Seigneur - et qui perdure toujours. Que l’Esprit Saint nous donne de discerner dans le « fils de Joseph » (Jn 6,42), le Fils de Dieu venu dans la chair, la Parole de « grâce et de vérité » (Jn 1,25). Et après l’avoir reconnu, puissions-nous lui emboîter résolument le pas, apprenant de lui à nous préparer au grand passage qui nous conduira de la mort à la vie.

« Seigneur, ta Parole avait annoncé par les Prophètes et les Sages de ton peuple, quel destin serait réservé à ton Messie : “Voyons si ses paroles sont vraies, regardons où il aboutira. Si ce juste est Fils de Dieu, Dieu l’assistera et le délivrera de ses adversaires. Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un veillera sur lui” (1ère lect.). Ne permets pas que nous nous retrouvions avec la foule ingrate dans le camp de tes accusateurs, nous laissant entraîner par les mouvements d’opinion et les manipulations subtiles des médias. “Ces gens-là s’égarent ; leur méchanceté les a rendu aveugles. Ils ne connaissent pas les secrets de Dieu” (Ibid.). Donne-nous de demeurer fermes dans la foi, et de confesser ouvertement qu’en ton Fils Jésus-Christ, tu a “racheté tes serviteurs : pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge” (Ps 33). »


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