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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Saint Vincent Ferrier, prêtre,

Les premiers versets de l’exhortation adressée par Jésus à « ces Juifs qui maintenant croyaient en lui », sont centrés sur la notion de vérité, mise en relation avec la Parole et la liberté. Jésus dit en substance : « le disciple se caractérise par sa fidélité à la parole de son Maître. Or si vous êtes fidèles à ma parole, vous connaîtrez la vérité ». L’enseignement semble plutôt théorique, mais l’incise suivante va donner une dimension existentielle à cette « parole » ; le Seigneur ajoute en effet : « la vérité vous rendra libres ». La liberté est la capacité de discerner et de réaliser le bien. Or selon Jésus, cette disposition ne peut être produite en nous que par la connaissance de la vérité, acquise à l’école de sa parole. Ce qui suggère implicitement qu’avant d’être devenu son disciple, nul n’est libre.
Cette prétention scandalise les interlocuteurs de Jésus, qui récusent tout besoin de libération, en s’appuyant sur leur généalogie et finalement sur la paternité dont ils se réclament. En effet, dans la croissance, qu’elle soit psychologique ou spirituelle, c’est la parole du père qui donne accès à la vérité et invite à l’exercice de la liberté. Lorsque Jésus annonce à ses interlocuteurs qu’ils ont besoin d’être libérés, il laisse sous-entendre que leur filiation est ambiguë. D’où leur réaction plutôt vive : s’appuyant sur leur origine en Abraham dont ils revendiquent la paternité, ils proclament haut et fort n’avoir « jamais été les esclaves de personne ». Sous-entendu : qui prétends-tu être pour vouloir supplanter notre père Abraham ? Jésus répond clairement : c’est en tant que Fils que « je vous dis la vérité que j’ai entendue de Dieu » ; de ce Dieu dont vous revendiquez la filiation au nom de votre appartenance à la famille d’Abraham. Or « vous n’agissez pas comme lui », vous n’accomplissez pas la parole qu’il vous a transmise et que vous prétendez pourtant enseigner aux autres. Vous êtes donc en porte-à-faux en vous-mêmes : derrière la paternité fictive - car purement verbale - que vous invoquez, se cache une autre paternité inavouable, et hélas effective celle-là.
Notre-Seigneur dénonce la duplicité du cœur de ses interlocuteurs et du nôtre, non pas pour nous accuser, mais pour nous aider à prendre conscience de notre aveuglement : nous pensons être « religieusement corrects », mais tout comme les Juifs, nous mettons notre confiance dans des œuvres humaines, alors que seule l’humble reconnaissance de notre péché, et l’abandon à la pure miséricorde divine, peuvent nous sauver.
Puissions-nous en ces jours qui conduisent vers Pâques, nous laisser bousculer dans nos certitudes d’être des justes, afin de nous laisser libérer par le Fils et d’accéder avec lui dans la demeure du Père où il est allé nous préparer une place.

« Seigneur, nous ne prétendons pas être sans péché ; bien plus : nous reconnaissons que nous en sommes esclaves, incapables de nous en arracher par nos propres forces. “Procure-nous la guérison que toi seul peut nous donner : qu’elle arrache nos cœurs jusqu’aux racines du mal, qu’elle nous protège et nous fortifie à jamais” (Or. finale). Toi le Fils, donne-nous de “demeurer fidèles à ta parole, afin de connaître la vérité, et que la vérité nous rende libres” de la liberté des fils, “qui demeurent pour toujours dans la maison de leur Père”. »


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