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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

jeudi, 5ème semaine de Carême.

« Il ne verra jamais la mort » : cette parole de Notre-Seigneur réveille la nostalgie la plus profonde que nous portons au fond de nous-mêmes depuis que le péché nous a entraînés dans le sombre pays de la mort. Certes notre âme spirituelle est immortelle, mais sans notre corps, nous ne sommes plus que l’ombre de nous-mêmes. Aussi nourrissons-nous une sourde révolte contre la mort et tout ce qui y conduit - maladies, accidents, échecs, souffrances - que nous considérons comme autant d’injustices scandaleuses. Spontanément, c’est vers Dieu que ce tend notre doigt accusateur - « si Dieu était tout amour comme on nous le raconte, la mort n’existerait pas » - à moins que nous ne nous accusions nous-mêmes - « Qu’ai-je fais à Dieu pour mériter ça ? ».
Non Dieu ne nous a pas voués à la mort. Certes par notre corps nous appartenons à ce monde matériel fini, imparfait, qui est soumis à la loi de l’entropie - entendons : où règne la mort. Mais dans le plan de Dieu, notre finitude n’était qu’un passage obligé, disons « le prologue » de son dessein d’amour. L’homme était créé dans la grâce surnaturelle ; il était appelé à développer, avec l’aide de cette grâce, les germes de vertus qu’il portait en lui, afin de passer progressivement de l’image à la ressemblance, devenant ainsi toujours plus participants de la vie divine dans l’Esprit. Ce n’est que lorsqu’il s’est coupé de la Source de la vie par le péché, qu’il fut dominé par la mort qu’il aurait dû éviter.
Fidèle à ce qu’il est, l’Amour Infini ne nous a cependant pas abandonnés à notre triste condition : en son Fils Jésus-Christ, Dieu s’est fait homme, l’Infini est entré dans notre finitude, il a partagé notre condition humaine jusque dans notre mort, afin de nous réintroduire dans sa Vie. Jésus nous arrache ainsi aux filets du « père du mensonge, lui qui est homicide dès les origines » (cf. Jn 8,44), pour nous réintroduire dans la vérité et la vie pour lesquelles nous étions créés. Si nous marchons sur ses traces en « restant fidèles à sa parole », nous ne connaîtrons pas la mort.
A la question : « Pour qui te prends-tu donc ? » Jésus aurait pu répondre : « pour celui qui a reçu la mission de réintroduire l’humanité déchue dans sa dignité originelle en la faisant passer de la mort à la Vie ». En refusant cette proposition, les Juifs - et tous ceux qui adoptent leur attitude - refusent la main tendue du Père, car Jésus est la parole du Père qu’avait annoncée Abraham. L’Esprit prophétique qui reposait sur le patriarche et sur tous les prophètes qui suivirent, leur avait fait entrevoir la venue du Fils de Dieu qu’ils étaient chargés d’annoncer ; lui qui était avant les siècles et qui subsiste éternellement dans le sein du Père dont il partage le Nom béni : « Avant qu’Abraham ait existé, moi JE SUIS ». Mais refusant de reconnaître leur témoignage, refusant de croire en l’origine transcendante de Jésus et en sa préexistence en Dieu en tant que Verbe, les Juifs « ramassent des pierres pour les lui jeter » le traitant comme un blasphémateur. L’évangéliste précise : « Jésus, en se cachant, sortit du Temple ». Etonnant renversement de situation ! Après le péché des origines, le premier Adam se cache de Dieu (Gen 3,10) et se retire de sa présence (Gen 4,16). S’enfonçant toujours plus dans les ténèbres du péché, il perd progressivement jusqu’au souvenir de son Dieu. Aussi lorsque le Seigneur vient visiter les hommes égarés pour leur offrir la Parole de vérité qui les libère du mensonge de la vie sans but qu’ils mènent, et pour les réintroduire dans l’amitié vivifiante du Père, ils ne reconnaissent pas leur Sauveur, refusent de l’écouter, et le chassent à coup de pierres ; de sorte que c’est Dieu maintenant, qui en son Christ, est obligé de se cacher de l’homme et de sortir du Temple.
Quel accueil faisons-nous au Seigneur de gloire, qui s’adresse à nous dans l’humilité de sa Parole ? La recevons-nous avec gratitude dans un cœur purifié par la repentance, et embrasé du désir de l’Esprit ? Ou la laissons-nous à la porte, comme on résiste à un colporteur encombrant ? Faisons-nous silence pour écouter le Seigneur qui nous parle, ou discutons-nous à coup d’arguments spécieux, trouvant de bons prétextes pour ne pas laisser entrer cet étranger importun ?
Mais nos refus ne décourageront pas l’amour : il ne cessera pas de nous poursuivre, et dès que nous nous risquerons à faire silence, nous entendrons à nouveau le murmure de sa voix : « Je me tiens à la porte et je frappe. Si tu ouvres la porte, j’entrerai chez toi et je prendrai la cène avec toi et toi avec moi » (Ap 3,20).

« Seigneur nous le croyons : dans la discrétion de l’amour, tu ne cesses de nous appeler à la conversion en vue du salut. Puissions-nous te répondre comme les disciples d’Emmaüs : “Rentre Seigneur, car le soir vient et la journée est déjà avancée” (Lc 24,29). Renouvelle pour nous “l’Alliance perpétuelle par laquelle tu seras notre Dieu” (1ère lect.) ; prends encore le pain, prononce la bénédiction, rompt-le et donne-le nous, afin que nos yeux s’ouvrent et que nous puissions te reconnaître, toi la Parole de vérité, de liberté et de vie. »


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