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 - 21 avril 2024 - Saint Anselme de Cantorbéry
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Homélie

4ème jour dans l’octave de Pâques. mercredi

Luc ne mentionne aucune apparition aux saintes femmes. Mais il a su présenter avec grand art la naissance de la foi dans le cœur de deux disciples. Dans ce récit des disciples d’Emmaüs, la foi apparaît non pas dans sa dimension collective mais comme une expérience personnelle du croyant. D’une certaine manière, on pourrait dire qu’elle est vue de l’intérieur.

Entrons dans la lecture de notre passage. Les disciples sont désolés. Leur Rabbi, celui en qui ils avaient mis tous leurs espoirs, celui qu’ils pensaient voir libérer Israël du joug romain, celui qu’ils croyaient être le Messie libérateur, il a été crucifié comme un malfaiteur. Devant l’ignorance du compagnon de chemin qui vient de les aborder « en personne », ils s’arrêtent, « l’air sombre ». Comment cet homme de Jérusalem peut-il ignorer ce qui est arrivé à Jésus ? Mais voilà nos deux disciples, sur une question toute simple de Jésus : « Quoi donc ? », qui se mettent à raconter les événements des derniers jours, de la Passion jusqu’aux dires des femmes après leur visite au tombeau. Jésus ne s’impose pas à nous. Il n’hésite pas à nous rejoindre dans nos questionnements et même jusque dans nos doutes pour y faire jaillir sa lumière.

Comment Jésus s’y prend-il ? Il commence par nous faire formuler clairement et au grand jour les pensées et paroles secrètes qui minent nos cœurs. Pas d’impatience ici de la part de Jésus. Il se contente de ramener les pensées égarées de ses disciples sur le bon chemin comme le Bon Berger reconduit la brebis égarée dans son enclos.

Ensuite, Jésus va se faire lui-même l’interprète de l’Ecriture. Il va faire émerger un sens qui va venir éclairer les recoins les plus obscurs de nos histoires.
« Reste avec nous car le soir tombe et déjà le jour touche à son terme ». Un espoir confus serait-il alors rené dans le cœur des disciples, qu’ils voudraient assurer, ou voudraient-ils approfondir un souvenir très cher ? Luc ne le dit pas mais il les montre, revivant en un flash-back l’émotion qui les avait étreint en chemin : « notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures ? » C’est ici toute l’expérience de la reconnaissance de la foi qui nous est décrite par l’évangéliste.

Cependant, il nous faut noter que si le cœur disciples est tout brûlant à l’écoute des Ecritures interprétées dans et par le Christ, la reconnaissance n’a pu se faire qu’au cours de la fraction du pain. Les obstacles qui empêchaient de voir clair ont ainsi été franchis. Ce qui produit la foi, c’est bien la rencontre personnelle avec le Ressuscité. Et, où mieux que dans l’Eucharistie se produit un tel contact avec la personne même du Ressuscité ? L’interprétation des Ecritures n’a pas suffi pour que les disciples reconnaissent Jésus. Il leur a aussi fallu la fraction du pain. Néanmoins, peut-être qu’elle les a préparés à la reconnaissance dans la foi du Ressuscité. La Parole et le Pain se révèlent ici comme les deux Tables auxquelles est convié l’homme de tous les temps. Avant toute chose, le Seigneur lui-même doit interpréter l’Ecriture qui alors prend sens. Alors, celui qui aura laissé brûler son cœur du sens jailli de cette interprétation pourra reconnaître son Seigneur à la fraction du Pain. Tel est le chemin de la foi, qui au cœur de nos plus grandes nuits, nous permet de reconnaître et d’adhérer à la personne même du Ressuscité qui vient à notre rencontre pour nous sauver de tous nos découragements, de toutes nos lassitudes, voire de toutes nos désespérances.


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