Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
Navigation: Homélie

 

Homélie

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort,

Le chapitre 6 de l’évangile de saint Jean, qui fera l’objet d’une lecture suivie au long des jours qui viennent, va nous conduire à faire progressivement le lien entre le mystère de l’Incarnation et le mystère de l’Eucharistie.

« Une grande foule » suit le Maître, nous dit l’évangéliste. Mais sa motivation est ambiguë. Sa fascination devant les « signes » accomplis par Jésus n’a pas grand chose à voir avec la foi et va plutôt en barrer l’accès, comme nous le verrons bientôt.

Pour éviter d’entretenir la foule dans la fausse perception qu’elle a de lui, Jésus gagne la montagne. Mais dans l’Ecriture, la montagne est aussi le lieu des théophanies. Tel Moïse sur la montagne, Jésus, Sagesse du Père, va signifier le mystère de la nouvelle Alliance par le don du Pain. La précision de saint Jean sur le fait que cet épisode a lieu « peu avant la Pâque » confirme cela en situant l’événement dans le contexte liturgique de la commémoration de la sortie d’Egypte c’est-à-dire du don de la Loi sur la montagne et du don de la manne.

« Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui ». Pourquoi une telle précision puisqu’il avait déjà été fait mention de la foule. En fait, en levant les yeux, Jésus porte son regard plus loin que les participants à cette assemblée sur la montagne. Il l’étend à la multitude d’hommes et de femmes qui, générations après générations, le chercheront pour se nourrir de sa Parole vivante et vivifiante.

Ici, personne ne demande un miracle. C’est Jésus qui va en prendre l’initiative. C’est lui qui constate le manque, éprouve la confiance de ses proches, ordonne de faire asseoir les cinq mille hommes, multiplie les pains ; c’est même lui, à la différence des récits des synoptiques, qui les distribue à la foule affamée. Souligner cette attitude de Jésus pourrait nous sembler curieux chez saint Jean, lui qui habituellement n’a de cesse de mettre en relief la réticence du Seigneur devant la quête de « signes » de la part de la foule. Mais l’intention de Jésus n’est pas d’accomplir un prodige. Il veut uniquement poser un geste révélateur pour compléter son enseignement. La suite du récit montrera que ce n’est malheureusement pas ainsi que l’interprétera la foule.

Pour accomplir cette multiplication des pains, Jésus part de rien. Il appelle Philippe et les apôtres à remédier comme ils le peuvent au besoin de la foule. Ils ne trouvent d’ailleurs que cinq pains et deux poissons qu’a avec lui un petit garçon.
Jésus prend alors les pains et ayant rendu grâces, il les distribue. Sans donner d’emblée une interprétation eucharistique à ce geste, il n’en demeure pas moins que l’on peut établir un rapprochement du verset de saint Jean avec celui du récit de l’institution de l’Eucharistie en Saint Luc : « Ayant pris le pain, ayant rendu grâces, il le rompit et le donna ». Nous pouvons même ajouter que la mission conférée par Jésus aux disciples de « ramasser les morceaux qui restent, pour que rien ne soit perdu » semble être bien davantage qu’un souci de ne pas gaspiller la nourriture et paraît donner une perspective sacramentelle de l’événement qui ne sera cependant pleinement explicitée que dans la troisième partie de ce chapitre six, appelée communément le « discours du Pain de vie ».

Pour l’heure, ce sur quoi insiste l’évangéliste, c’est l’enthousiasme de la foule qui proclame Jésus « le grand Prophète » et qui « veut venir le prendre de force pour faire de lui son roi ». Le peuple veut un roi qui pourvoit à ses besoins matériels, symbolisés par la nourriture. Il n’a pas perçu le véritable sens de la messianité de Jésus. Voilà pourquoi Jésus remonte sur la montagne, lieu de rencontre avec son Père. A la convoitise de la foule qui veut le manipuler au gré de ses désirs, Jésus répond en la conduisant vers le Père.

« Seigneur, que nous ayons faim et soif de la seule nourriture capable de nous rassasier que tu veux nous donner. Que nous sachions la reconnaître dans le Pain de ta Parole et dans le Pain de ton Eucharistie. »


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales