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 - 14 avril 2024 - Sainte Lidwine
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Homélie

Sainte Catherine de Sienne,

Voilà une page d’Evangile qui se prête particulièrement bien à la lectio divina. Spontanément, nous entendons le récit à plusieurs niveaux. Le style très sobre de l’évangéliste évoque la scène sans pour autant la fixer d’une manière précise : Saint Jean suggère plus qu’il ne décrit ; les phrases courtes introduisent les tableaux successifs, qui ensemble vont constituer progressivement le récit. Mais nous sommes invités à tisser sur cette trame notre propre rencontre avec le Seigneur ressuscité, venant au-devant de nous au milieu de nos tourmentes.
Tout comme Marc et Matthieu, Jean relie l’épisode de la marche sur la mer à la multiplication des pains. Contrairement aux récits parallèles dans les synoptiques, ce n’est pas Jésus qui invite ses disciples à prendre la mer tandis qu’il renverrait les foules. « Le soir tombe », nous dit saint Jean, et les disciples « descendent au bord du lac où ils s’embarquent pour rejoindre l’autre rive », sans un mot d’explication. L’atmosphère est lourde : ils ne comprennent pas pourquoi Jésus a refusé l’investiture équivoque qui vient de lui être proposée. Aveuglés par leurs ambitions humaines, ils ne sont plus ouverts à la nouveauté de l’Esprit, et s’enfoncent dans la nuit du doute. Ce n’est pas Jésus qui les envoie sur l’autre rivage, ce sont eux qui cessent de le suivre : déçus, ils retournent à leurs barques, ils envisagent de reprendre leur vie passée…
« Un grand vent se mit à souffler et le lac devint houleux ». Ce n’est pas le souffle de Pentecôte qui chasse les derniers nuages de l’ignorance et de la peur, mais plutôt le vent de la mer charriant les lourdes et sombres nuées du trouble et du découragement. L’image du « lac houleux » - symbole de l’abîme, des ténèbres, de la mort menaçante - contraste singulièrement avec les pentes verdoyantes de la montagne où les disciples viennent de participer au banquet messianique. On imagine sans peine l’angoisse de ces hommes, impuissants à diriger leur frêle barque à fond plat que les vagues déchaînées commencent à submerger. Qui de nous ne s’est retrouvé un jour dans cette situation, balloté en tous sens par mille questions demeurant sans réponse ; rongé par le sentiment d’incompréhension, d’abandon, voire de trahison ; se demandant bien à quel saint se vouer, maintenant que notre confiance en Jésus se trouvait ébranlée ?
Mais « le Seigneur entend ceux qui l’appellent : de toutes leurs angoisses il les délivre. Il est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu » (Ps 32). Reprenant à nouveau l’initiative, Notre-Seigneur s’approche d’eux « en foulant les eaux profondes » (Ps 77, 20), préfigurant ainsi sa victoire sur la mort, traditionnellement symbolisée par la mer. Si les disciples « voient Jésus » marchant sur les flots alors qu’il fait nuit, c’est donc qu’il apparaît dans la lumière. On comprend qu’« ils furent saisis de crainte » devant cette théophanie insolite. Mais la voix chaleureuse de leur Maître les rassure : « C’est moi, soyez sans crainte ». C’est au don de sa paix, que Jésus ressuscité se fait reconnaître par les apôtres au matin de Pâques, comme aujourd’hui encore par chacun d’entre nous.
« Les disciples voulaient le prendre dans la barque, mais aussitôt, la barque atteignit le rivage à l’endroit où ils se rendaient ». Le « rivage », « l’endroit » où se rendent les disciples n’est autre que le Christ Jésus lui-même, lui qui est notre Terre promise. Certes nous n’avons pas encore atteint l’autre rive ; mais à chaque acte de foi par lequel nous nous ouvrons à sa présence, le Seigneur répond en descendant dans la barque de notre vie pour nous rétablir dans la Paix de son Esprit. Or la foi n’est pas la vision : elle se vit dans la nuit ; c’est même en cela qu’elle est méritoire. La seule lumière qui nous est donnée, est le témoignage des apôtres qui ont bénéficié des apparitions du Ressuscité. Pour nous cependant, il demeure invisible aux yeux de notre chair : seule la foi, c’est-à-dire l’illumination surnaturelle de l’Esprit, peut nous révéler sa présence à nos côtés, « tous les jours, jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20). C’est pourquoi, comme les disciples d’Emmaüs, nous sommes quotidiennement conviés à la fraction du Pain, au cours de laquelle Notre-Seigneur ouvre les yeux de notre cœur, après l’avoir réchauffé au Feu de sa Parole.
Non, nous ne sommes pas seuls à ramer dans nos barques ballottées sur les flots de la mer menaçante ; Jésus ressuscité nous redit : « C’est moi ; soyez sans crainte ». Nous connaissons le lieu du rendez-vous : sur la montagne où il multiplie le Pain.

« Seigneur, nous croyons, mais augmente notre foi ; après avoir parcouru tout au long de l’année liturgique les mystères joyeux, douloureux et glorieux, nous pourrons alors entrer dans le mystère lumineux de ta présence à nos côtés. Caché sous les voiles de la discrétion qu’impose l’amour, viens encore déchirer les ténèbres de nos doutes, défier les eaux tumultueuses qui menacent notre vie intérieure, et nous donner ta Paix : qu’elle soit le phare qui brille dans notre nuit et nous dirige vers l’autre rive où tu nous attends. »


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