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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Saint Athanase, évêque et docteur de l’Eglise,

« Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir et te croire ? » La question est paradoxale : dès lors que l’on peut « voir », que reste-t-il à « croire » ? La foi n’est-elle pas par essence enveloppée d’obscurité ? La vision n’est-elle pas l’épanouissement et le dépassement de la foi, réservés pour le Royaume ? En réalité, la sollicitation est un peu plus complexe, car la foule demande à Jésus de lui faire « voir un signe » afin qu’elle puisse « croire en lui » ; autrement dit, elle demande à Notre-Seigneur d’accomplir « une œuvre » qui accrédite sa mission divine.
Il n’en reste pas moins que cette foule est particulièrement exigeante : Notre-Seigneur vient de multiplier les pains sur la montagne, et cela ne lui suffit pas ? L’explication de cette insistance nous est probablement donnée par certains midrashim apocalyptiques du judaïsme tardif, qui annonçaient que le Messie nourrirait quotidiennement les hommes de la manne et les abreuverait d’eau vive.
Le double « Amen » par lequel Jésus introduit sa réponse, invite à une attention particulière, car il introduit toujours une révélation. Celle-ci a de quoi ébranler l’auditoire, puisque Jésus y situe Moïse - considéré comme le plus grand parmi les prophètes, l’Envoyé de Dieu par excellence - en subordination par rapport à son propre ministère. Moïse n’était que le serviteur de Dieu, son intermédiaire auprès du peuple : il était chargé d’annoncer les actions divines et de les interpréter de manière authentique. Dans le don de la manne, c’est Dieu et non pas Moïse qui agissait ; et cette intervention ne faisait que préfigurer le don d’un autre pain. Ce dernier ne « tomberait pas du ciel » comme un objet inanimé, mais « descendrait du ciel », suggérant ainsi l’acte intentionnel et délibéré d’une personne. Non seulement Jésus désigne Dieu comme « son Père », mais il se présente comme celui qui accomplit sa volonté en descendant d’auprès de lui - ce qui suppose qu’il partage sa gloire - pour « donner la vie au monde » en se faisant pain rompu pour la multitude.
Il est difficile d’interpréter la requête de la foule : « Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours ». S’agit-il d’une réitération obstinée de sa première demande ? Exige-t-elle le renouvellement quotidien du miracle de la manne sans tenir compte de ce que Notre-Seigneur vient de révéler ? Ou l’insistance sur « ce pain-là » témoigne-t-elle d’une amorce de conversion ? Quoi qu’il en soit, la réponse de Jésus se fait particulièrement solennelle : « Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif ». La faim et la soif renvoient aux besoins essentiels de toute vie. Or Notre-Seigneur se présente comme étant le seul qui puisse assouvir notre faim et étancher notre soif de manière définitive. C’est en « venant à lui » que nous serons rassasiés ; c’est en « croyant en lui » que nous serons abreuvés. Toute autre nourriture spirituelle que sa Parole s’avèrera décevante ; toute autre boisson que l’Eau vive de l’Esprit, ne nous soulagera pas durablement.
Hier comme aujourd’hui, cette prétention énoncée par le Christ apparaît exorbitante à bien des hommes. Elle est même choquante pour celui qui ne reconnaît pas en Jésus le Fils unique du Père, l’Envoyé « qui descend du ciel et qui donne la vie au monde » en lui offrant le Pain d’immortalité. La suite du « discours du pain de vie » dont nous poursuivrons la lecture au cours de la liturgie de cette semaine, nous acheminera progressivement vers une interprétation de plus en plus eucharistique des paroles de Notre-Seigneur ; mais dès à présent nous pressentons que Jésus ne se présente pas comme un Envoyé parmi d’autres : ce n’est que dans un accueil inconditionnel de sa Personne, don ultime de Dieu pour le salut du monde, que nous pouvons avoir accès à la vie véritable.

« Père très saint, “sur ton serviteur, que s’illumine ta face” (Ps 30) ; “rempli moi de ton Esprit” (1ère lect.), que je puisse voir moi aussi dans la foi, “Jésus debout à ta droite dans ta gloire” (Ibid.) et le reconnaître comme ton Fils unique, celui qui descend du ciel d’auprès de toi, pour offrir au monde le salut. Avec Etienne je pourrai alors prendre ma place dans cette longue lignée de martyrs qui ont confessé ton nom et qui le confesseront encore, jusqu’au Jour béni où ton Fils viendra manifester pleinement ton Règne, en nous rassasiant de ta propre vie. »


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