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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Saint Philippe et Saint Jacques, apôtres

« Moi je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » : sur l’horizon des lectures de ce temps pascal, ce verset prend une épaisseur nouvelle ; il s’enrichit de l’expérience des disciples d’Emmaüs, du dialogue de Jésus avec Pilate et de la victoire du matin de Pâque.
Le chemin est quelque chose d’essentiel pour un nomade ; il représente une sécurité, il donne une direction, il conduit à un terme, il préserve de l’égarement. Même si on y avance seul, il témoigne par son existence que d’autres sont passés par là. En même temps, l’image du chemin suggère la mise en route, l’abandon des fausses sécurités du sédentarisme, l’ouverture à la nouveauté, à l’imprévu. Dans toutes les cultures, l’image du chemin - plus généralement de la « voie » - a été traditionnellement appliquée à la vie spirituelle : à la suite d’Abraham, de Bouddha, de Lao Tseu, génération après génération, les croyants des diverses Traditions se sont mis en route en réponse à l’appel de Dieu et à la suite de celui qui semblait leur ouvrir une « voie ».
Nous ne prétendons pas que toutes ces voies convergent et seraient dès lors équivalentes : c’est précisément pour nous sauver de l’errance que Jésus est venu nous montrer le « vrai chemin » vers Dieu, celui qui conduit à « la vie » à travers le voile de la mort inévitable. Il y a même des chemins de perdition sur lesquels nous attire le Père du mensonge : il s’agit des voies tortueuses (Pr 21, 8) que suit le pécheur (Ps 1, 1). Chacun de nous porte la responsabilité de son choix : « Vois : je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur (…) Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix et en t’attachant à lui » (Dt 30, 15.19-20). Israël sait qu’il doit « marcher dans les voies du Seigneur » (Ps 129 [128]) c’est-à-dire dans l’obéissance à sa Parole pour demeurer fidèle à l’Alliance. Car le Très-Haut est véridique : il ne peut ni se tromper, ni nous tromper. La sagesse veut donc que nous obéissions à son Verbe incarné puisqu’il nous révèle « la grâce et la vérité » (Jn 1,17) qui viennent du Père. C’est bien ce que Jésus disait à Pilate : « Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix » (Jn 18,37). L’expression « quiconque est de la vérité » suggère une appartenance, un enracinement ; un peu comme on est « de France ou de Navarre ». « Ecouter la voix » de Jésus suppose donc de se mettre avec lui en route vers notre pays d’origine dont le péché nous a fait perdre la trace : Jésus est notre compagnon de route sur le chemin qui nous ramène à la vérité dont le « Père du mensonge » (Jn 8,44) nous avait privé. Et comme ce dernier est également « homicide depuis les origines » (Ibid.), le chemin de la vérité ne peut que nous conduire de la mort à la vie.
En réalité, le seul fait d’emboiter le pas à Jésus, de le prendre comme compagnon de route, bref, d’entrer en relation avec lui, nous donne déjà accès à la vie. Car la vie est essentiellement relationnelle. Fondamentalement, elle est relation au Créateur qui nous donne à chaque instant « la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17,28) ; elle est aussi relation au Rédempteur qui nous restaure dans notre relation au Père et nous rétablit dans la vérité de notre condition filiale ; elle est enfin relation à tous nos frères, avec lesquels nous avons pris le chemin du Royaume à la suite de Jésus. Ce qui donne à notre verset une dimension communautaire inattendue. Non Jésus ne nous fait pas un exposé conceptuel obscur, qui ne serait accessible qu’à ceux qui possèdent les « clés » pour décrypter son discours ésotérique. Il nous exprime simplement qu’il est en Personne le chemin tracé au désert de nos vies sans but, chemin que nous sommes invités à empruntés tous ensemble, formant un grand cortège de fête, marchant à la lumière de la vérité qui resplendit sur le visage du Ressuscité. C’est ainsi que l’Eglise s’avance tout au long de l’histoire vers la Cité sainte où notre Père nous attend pour « essuyer toutes larmes de nos yeux » (Ap 21,4) et nous donner part à sa propre vie.

« Seigneur nous le croyons : “les paroles que tu nous dis, tu ne les dis pas de toi-même, mais c’est le Père qui demeure en toi qui les prononce et qui accomplit à travers toi ses propres œuvres”. Tu es la Parole de lumière venue chasser les ténèbres du mensonge et de la mort, et instaurer ton Règne de vérité et de vie : donne-nous de marcher sur tes chemins, de te suivre fidèlement, de nous unir à la grande caravane des sauvés que tu rassembles dans ton Eglise, toi le Bon Berger venu “rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés” (Jn 11,52) pour leur donner part à ta propre vie. »


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