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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Saint Bernardin de Sienne, prêtre,

« Si le monde a de la haine contre vous… ». Jésus est explicite ; il nomme la haine, sans détour. Ce rejet vient de l’appartenance. De même que notre Seigneur n’est pas de ce monde, nous ne sommes pas du monde non plus, nous ne lui appartenons plus depuis que Jésus nous a appelés, depuis notre baptême. Ceci est un fait.

La première tentation, qui se dissimule souvent sous le couvert de notions de « tolérance » et d’ « ouverture », consiste sans doute à l’oublier, à se le cacher. Les formulations sont diverses. Elles avancent par exemple que nous sommes sur terre pour y épanouir et non pour y subir la vie, qu’il n’y a pas de mal à s’installer là où Dieu nous a placés.

Certes, mais il n’est pas question dans ces versets de la vie sur Terre, mais de la vie d’en bas, par opposition à celle d’en haut. Jésus ne nous dit pas de rompre avec les autres hommes, il nous dit que nous sommes faits pour la vie dans l’Esprit. Il ne nous dit pas de renoncer à toute vie sociale, mais de vivre dès à présent en ressuscités.

L’exercice demande un discernement de tous les instants car le monde est ambivalent. Il est à la fois le lieu du salut, puisque Jésus dit qu’il venu « pour que le monde soit sauvé », et le lieu soumis aux ténèbres, « le monde a de la haine contre vous ». En ce sens, il ne faut avoir aucun compromis avec lui, car il a choisi les ténèbres par opposition à la lumière du Seigneur.

Le choix d’une position radicale est exigé par le dynamisme du discours de Jésus. Jusqu’à aujourd’hui en effet, nous avons médité sur notre insertion progressive dans l’amour trinitaire. Et voici que, brusquement, nous sommes mis face à des ennemis implacables, des persécuteurs. Le monde est donc une entité hostile à notre immersion dans la grâce de la résurrection. Il ne le veut pas et s’y oppose. C’est pourquoi nous n’avons pas à faire de compromis mais à entrer dans une démarche de conversion. La ligne entre les ténèbres et la lumière, entre le monde et le Royaume de Dieu, traverse en effet nos cœurs.

Si nous succombons parfois aux tentations de relativisation ou d’édulcoration, c’est peut-être parce que combat va jusqu’à la mort. La nôtre. « Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi », dit Jésus. Mais Jésus est clair sur ce point également : « si l’on a observé ma parole, on observera aussi la vôtre ». Cela veut dire que la victoire du maître est acquise au serviteur. Celui qui choisit de suivre son Seigneur dans sa mort, le suit également dans sa vie. Le combat est rude, mais la victoire est sans commune mesure avec les souffrances endurées. La joie de la résurrection est telle que nous pouvons déjà trouver en elle la force de faire ce choix difficile, car nous pouvons la goûter dès à présent.

Ces persécutions, auxquelles aucun disciple n’échappe, ne sont donc pas une menace pour celui qui reste fermement ancré sur le roc qu’est le Christ. Elles ne peuvent ternir ni la paix ni la joie que nous donne la participation à la vie trinitaire. Peut-être même, une fois de l’autre côté, les considérerons-nous comme des étapes qui nous ont efficacement aidé à rejeter tout ce qui en nous appartient encore au monde et n’a pas de place dans le Royaume…

Que le Seigneur ressuscité nous donne d’ouvrir grand les yeux de la foi pour voir dès à présent nos vies à la lumière de son amour, avec l’espérance qui donne la force de marcher à la suite du maître, quoiqu’il advienne.


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