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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Saint Justin, martyr,

Avec la péricope de ce jour, nous atteignons le sommet du chapitre 17 du quatrième évangile, qui nous introduit dans l’intimité de la prière de Jésus, intercédant pour nous auprès de son Père. Par trois fois Notre Seigneur revient avec insistance sur ce qui constitue le cœur de sa supplication : « qu’ils soient un comme nous sommes un ». Si telle est la demande de Jésus, c’est donc que nous n’avons pas accès par nous-mêmes à cette unité, ou que nous l’avons perdue, et qu’en la perdant nous sommes privés d’un bien précieux, essentiel. De plus, il ressort du contexte que cette unité constitue l’enjeu de toute la Passion qui s’annonce : Jésus « se consacre lui-même », c’est-à-dire livre sa vie par pur amour, afin que nous soyons nous aussi « consacrés par la vérité ». Or cette vérité, c’est précisément que nous soyons un, comme lui et le Père sont un. Tel est le dessein d’amour de Dieu sur nous, et telle est la vérité que l’Esprit Saint veut « faire » en nous, moyennant la foi au Christ, Seigneur et Sauveur.
L’événement du Gogotha sera l’aboutissement de l’affrontement entre celui qui est venu « rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés », et « le Mauvais », qui les tient pour peu de temps encore dans les divisions de la haine et les rivalités de la jalousie. La Parole incarnée vient faire la vérité en dénonçant le mensonge de l’individualisme, fruit du péché conduisant à l’indifférence, la dispersion, la violence, et toutes les perversions sévissant dans la cité des hommes, construite sur l’amour de soi au mépris de Dieu et des autres.
Mais la Parole crucifiée ne suffit pas ; ou du moins, pour être interprétée comme révélation de l’amour infini, elle doit être éclairée d’une lumière toute surnaturelle que Jésus appelle « la gloire ». Elle est son bien propre, mais il nous y introduit comme dans une nuée lumineuse, afin qu’en levant les yeux vers la Croix, nous puissions y « contempler sa gloire, celle que le Père lui a donnée parce qu’il l’a aimé avant la création du monde ». La sublime vérité dans laquelle l’Esprit Saint - que nous reconnaissons sous le terme de « gloire » - est chargé de nous introduire, est la connaissance de Jésus crucifié par amour pour nous, offert à tous les hommes dans un élan de miséricorde infinie qui procède du Père et qu’il nous révèle en plénitude. Ce n’est qu’au pied de la Croix, contemplant la gloire de l’Agneau immolé, que le nom du « Père » prend son sens. En son Fils unique qu’il engendre à chaque instant de sa propre substance, c’est le Père lui-même qui se livre à nous dans un don sans retour. La gloire que Jésus nous donne en partage, n’est autre que sa propre vie filiale qu’il tient du Père, afin que nous aussi nous puissions connaître Dieu comme notre Père : « Je leur ai fait connaître ton nom et je le ferai connaître encore, pour qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé, et que moi aussi je sois en eux ».
A son tour, l’Eglise n’a d’autre mission que de transmettre cette connaissance salvifique, qui constitue le cœur de la Bonne Nouvelle : « L’Eglise est dans le Christ le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité du genre humain ». Ainsi s’exprimait le Concile Vatican II dans la Constitution dogmatique sur l’Eglise : Lumen Gentium. Conscients de cette responsabilité, les Pères conciliaires avaient centré leur réflexion ecclésiologique sur le thème de l’Eglise-communion, à la fois comme réalité offerte dans l’Esprit et programme à accomplir. Dans sa Lettre encyclique sur le rapport entre l’Eglise et l’Eucharistie, Jean-Paul II montre comment cette communion ecclésiale « prend corps » dans la communion de chaque croyant avec le Christ, réellement présent dans son Eucharistie. C’est bien l’Esprit Saint qui fait notre unité dans la communion au même Pain, comme nous le prions dans la troisième prière eucharistique : « Quand nous serons nourris du corps et du sang de ton Fils, et remplis de l’Esprit Saint, accorde-nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ ».
Chaque fois que nous participons à la célébration des saints Mystères, nous laissons le Père accomplir en nous son dessein d’amour : restaurer notre unité en Christ. Et c’est en consolidant ainsi notre communion en lui et entre nous, que nous témoignons au cœur du monde, avec l’Eglise toute entière, de la vérité de l’Evangile.

« “Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption” (Ps 15) ; car dans l’Esprit Saint que tu m’as donné, Père, tu m’as associé à ton Fils unique, et je participe déjà à ta propre vie immortelle. Sois béni pour ce projet inouï : qu’il éclaire et oriente toutes mes pensées, mes paroles et mes actions, pour que je puisse témoigner courageusement de la Bonne Nouvelle (cf. 1ère lect.), au cœur d’un monde qui veut oublier que Dieu l’a visité. »


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