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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

mercredi, 10ème semaine du temps Ordinaire.

Les sadducéens refusent de croire que les morts ressuscitent, sous prétexte que la Thora – c’est-à-dire le Pentateuque - n’en fait pas mention. Selon l’historien Flavius Josèphe (historien juif hellénistique, né en 37 et mort vers l’an 100), ils nient l’immortalité de l’âme, et prétendent que celle-ci meurt avec le corps. Par contre les pharisiens, suivis en cela par la majorité des juifs de l’époque de Jésus, enseignaient la foi en la résurrection. Jésus est donc sollicité pour prendre position au cœur d’un débat assez passionné, comme nous pouvons nous en rendre compte au chapitre 23 du livre des Actes, où Saint Paul tire astucieusement profit de cet antagonisme pour se soustraire à ses accusateurs.
L’argumentation des sadducéens s’apparente à un raisonnement par l’absurde : il s’agit de prouver la fausseté d’une hypothèse en poussant jusqu’au bout ses conséquences, et en montrant qu’elle conduit à un non-sens. Ils s’appuient sur le mariage du lévirat, tel qu’il est décrit en Dt 25,5s : le beau-frère (le lévir) non marié est obligé d’épouser sa belle-sœur veuve, si son mari ne lui a pas donné de garçon. Les fils de cette union étaient considérés comme les fils du premier mari défunt. Les raisons de cette pratique étaient avant tout économiques et sociales : il s’agissait de trouver un héritier qui puisse porter la responsabilité du patrimoine familial laissé par le défunt. Selon les sadducéens, si Moïse avait vraiment cru en la résurrection, il n’aurait jamais prescrit cette pratique, qui conduirait à une situation rocambolesque dans l’au-delà.
La réponse de Jésus souligne l’étroitesse de vue de ses interlocuteurs, qui imaginent l’au-delà sur l’horizon de leurs traditions humaines, et par le fait même, réduisent l’espérance eschatologique à un simple prolongement de la vie terrestre. Une telle interprétation signifie à la fois « méconnaître les Ecritures et la puissance de Dieu ».
Notre-Seigneur commence par démontrer que les sadducéens « méconnaissent les Ecritures », car contrairement à ce qu’ils prétendent, celles-ci annoncent la résurrection, y compris dans les cinq premiers livres de la Bible, les seuls que reconnaissent ses contradicteurs. Jésus cite en effet le célèbre passage du Buisson Ardent au livre de l’Exode (Ex 3,1-6 ; 13-15) dans lequel Yahvé se présente comme le Dieu des patriarches. Ceux-ci sont bien évidemment morts au temps de Moïse ; si donc le Très Haut affirme être leur Dieu (au présent), il est clair qu’ils sont vivants auprès de lui, car « Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants ».
Les sadducéens « méconnaissent également la puissance de Dieu » : non seulement la mort ne saurait lui arracher ceux qui sont entrés dans son Alliance, mais la résurrection que leur offre le Seigneur n’est pas la simple prolongation de leur vie naturelle : elle consiste en une action divine inouïe, apparentée à une nouvelle création, qui réalisera « ce que personne n’avait vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, ce que le cœur de l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu » (1 Co 2, 9).
Il est sans doute vain d’essayer de nous représenter les conditions concrètes de ce monde nouveau : Jésus souligne seulement qu’il ne sera pas pareil à celui-ci. Certes l’homme sera toujours masculin jusque dans son corps glorieux, et la femme sera toujours son vis-à-vis complémentaire qui suscitera son émerveillement comme au matin de la Genèse (Gen 2, 23). L’amour sera même plus brûlant que jamais en leur cœur, selon le dessein originel du Créateur. Mais l’état de l’humanité glorifiée ne nécessitera plus la procréation au sens où nous la vivons dans notre condition terrestre. L’homme et la femme s’aimeront en Dieu, qui leur donnera part dans l’Esprit à la fécondité de son amour divin.

« Seigneur, garde nous d’oublier “ton projet” sur nous, et notre “vocation sainte” (1ère lect.), toi qui veut « faire resplendir en nous la vie et l’immortalité par l’Evangile”. Donne-nous de nous souvenir toujours de celui “en qui nous avons mis notre foi”, et réveille en nous l’“esprit de force, d’amour et de raison”, afin que nous n’ayons pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur et à prendre notre part de souffrance pour l’annonce de l’Evangile” (Ibid.). »


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